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CONTRE-RÉVOLUTION

La bataille parlementaire

Dès la réunion des États généraux, deux camps s'affrontent. Bientôt, on prendra l'habitude de les définir sous les vocables de « droite » et de « gauche ». En effet, lorsque les États deviennent Assemblée nationale, les députés, qui avaient jusqu'alors siégé par ordre, se regroupent par opinion : les aristocrates à la droite du président, les patriotes à sa gauche ; au centre, la Plaine ou le Marais, formé par les indécis.

Les orateurs de la droite qui tentèrent de forcer l'opinion du centre ont nom l'abbé Maury, un Provençal, fils de cordonnier, dont la truculence et la verdeur de vocabulaire stupéfiaient l'Assemblée, Cazalès, officier de dragons, de petite noblesse, l'abbé de Pradt... Déjà, on note que les meilleurs défenseurs de la monarchie et de la foi sont souvent d'origine modeste. Mais le manque d'unité doctrinale se fait sentir. Certains sont partisans, avec Mounier, d'une Constitution à l'anglaise ; ce sont les monarchiens ; mais une large fraction de la noblesse, après avoir réclamé la convocation des États généraux pour limiter, à son profit, l'absolutisme royal, découvre son imprudence et devient résolument conservatrice.

De plus, ces gentilshommes de province et ces ecclésiastiques sont mal à l'aise dans les débats politiques de l'Assemblée et paraissent désarmés devant la pression du peuple de Paris. Seule la presse royaliste montre quelque vigueur. Rivarol est le principal rédacteur du Journal politique national où il accable ses adversaires sous les traits que lui inspire un esprit féroce (de Mirabeau, il écrit : « Il est capable de tout, même d'une bonne action. ») Les Actes des Apôtres sont également très lus, subventionnés, dit-on, par Louis XVI, où collaborent, avec Rivarol, Peltier, Malouet, Montlosier, Bergasse et Tilly. Citons aussi Le Journal de monsieur Suleau, La Gazette de Paris de Rozoi et L'Ami du roi de l'abbé Royou. Toutes les feuilles royalistes disparaîtront après le 10 août 1792. Déjà de nombreux journalistes contre-révolutionnaires, à l'exemple de Rivarol, avaient émigré.

Très vite, la partie parut perdue pour « le côté droit » sur le plan parlementaire. Avant même la séparation de l'Assemblée, les députés les plus intransigeants choisissaient la voie de l'exil.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean TULARD. CONTRE-RÉVOLUTION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTRAIGUES EMMANUEL DE LAUNAY comte d' (1754-1812)

    • Écrit par Ghislain de DIESBACH
    • 529 mots

    Revenu de bien des choses, de l'Orient où il s'est aventuré, des voyages en montgolfières et surtout des idées républicaines qu'il avait naguère adoptées, le comte d'Antraigues, dès 1789, abandonne les principes qu'il a exposés l'année précédente dans son ...

  • BERNIS FRANÇOIS JOACHIM DE PIERRE cardinal de (1715-1794)

    • Écrit par Louis TRENARD
    • 485 mots

    Issu d'une famille noble et pauvre du Vivarais, François Joachim de Pierre de Bernis s'oriente vers la carrière ecclésiastique. Chanoine de Brioude, puis comte de Lyon, il se rend à Paris en 1735. Ecclésiastique sans bénéfice, homme de lettres galant (surnommé « Babet la bouquetière » par Voltaire),...

  • BRUNSWICK CHARLES GUILLAUME FERDINAND duc de (1735-1806)

    • Écrit par Ghislain de DIESBACH
    • 417 mots

    Prince libéral et cultivé, le duc de Brunswick, qui s'est déjà distingué pendant la guerre de Sept Ans, passe depuis la mort de son oncle, Frédéric II, pour le plus illustre guerrier de son temps. Plus calculateur qu'audacieux, il est, malgré sa vaillance personnelle, de ceux « qui manquent la...

  • CADOUDAL GEORGES (1771-1804)

    • Écrit par Jean-Clément MARTIN
    • 1 137 mots

    Georges Cadoudal est une figure de la chouannerie, à laquelle il a donné une image d'intransigeance et de forte conviction religieuse, finalement consacrée par l'exécution, en place publique, pour complot contre le Premier consul. L'itinéraire politique de ce chouan emblématique s'est bâti contre...

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Voir aussi