CONRAD III (1093-1152) empereur germanique (1138-1152)
Neveu par sa mère du dernier des Saliens, Conrad III était le frère de Frédéric de Hohenstaufen, candidat malheureux, quoique héritier en titre, de la précédente élection. Il fut élu, pour avoir été choisi par le légat du pape en Germanie, l'archevêque de Trèves. Les princes électeurs le préféraient, parce que moins puissant, à Henri le Superbe qui était duc de Bavière, duc de Saxe et possédait les vastes domaines italiens de Mathilde de Toscane. Les grands eussent été à la merci d'un homme si riche, qui était aussi très énergique. Couronné à Aix-la-Chapelle au début de 1138, Conrad, qui tenait son pouvoir de la volonté de l'Église, comme l'avaient souhaité Grégoire VII et ses successeurs, se montra respectueux du concordat de Worms. En assistant à plusieurs élections épiscopales, il les approuvait. Il pensa même aller à Rome réinstaller le pape Eugène III, quand les Romains l'en eurent chassé et que les rois normands de Sicile se faisaient plus pressants dans le sud de l'Italie. En fait il se laissa tenter par l'aventure que représentait la deuxième Croisade, prêchée par Bernard de Clairvaux en 1146, après la chute d'Édesse. Le roi de France Louis VII s'était croisé, le roi de Germanie l'imita, partit le premier mais tomba malade et subit plusieurs revers. Arrivé à Saint-Jean-d'Acre, il ne put obliger son armée à agir avec les troupes des Latins implantés depuis la première Croisade en Terre sainte. Le plus important resta le traité qu'il signa en retournant en Allemagne avec son beau-frère Manuel Comnène, empereur de Byzance, pour reprendre la lutte contre Roger II de Sicile.
En même temps se poursuivait à l'est de l'Elbe la première croisade allemande en terre slave. Le pape Eugène III et Bernard de Clairvaux avaient accepté de considérer qu'il était aussi utile pour la chrétienté d'établir par conquête le christianisme en Europe orientale que de libérer les lieux saints. Ce fut un échec, mais désormais le mouvement vers l'est des Allemands était fondé sur des motifs reconnus par l'Église même.
En politique intérieure, son activité se réduisit presque à sa lutte contre les ducs de Bavière de la famille des Welfs. Parce que Henri le Superbe avait refusé de lui rendre hommage après son couronnement, Conrad III donna la Bavière à Léopold de Babenberg, margrave d'Autriche, son demi-frère, et le duché de Saxe à Albert l'Ours ; mais celui-ci fut contraint de céder le duché à Henri le Lion. Welf de Bavière attaqua en Souabe les domaines du Staufen, puis faute de moyens militaires abandonna la guerre, mais la reprit plus tard avec le soutien pécuniaire du roi de Sicile, lorsque Conrad III rentra de croisade.
Celui-ci meurt sans héritier élu ; il s'était résolu à transmettre les insignes royaux à son neveu Frédéric, petit-neveu de Henri V par son père et neveu du Welf Henri le Superbe par sa mère Judith. Ce choix, qui permit à Frédéric Ier de devenir empereur, détermina plusieurs siècles d'histoire allemande.
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Écrit par
- Anne BEN KHEMIS : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale de Tunis
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Pour citer cet article
Anne BEN KHEMIS, « CONRAD III (1093-1152) empereur germanique (1138-1152) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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