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BECK CONRAD (1901-1989)

Compositeur suisse de culture germanique et de formation française, Conrad Beck fut l'une des figures marquantes de la vie musicale bâloise, au même titre que son ami le chef d'orchestre et mécène Paul Sacher, qui lui a commandé et créé de nombreuses partitions. On trouve plusieurs traces de son attachement à la cité rhénane dans des œuvres comme Der Tod zu Basel (« La Mort à Bâle », 1952), miserere à la mémoire des victimes du tremblement de terre de 1356, Aeneas-Sylvius-Sinfonie (1957), en hommage au fondateur de l'université de cette ville, et la Sonatine pour orchestre (1960), composée pour le cinquième centenaire de cette même université.

Fils de pasteur, il naît à Lohn, près de Schaffhouse, le 16 juin 1901, et commence ses études musicales (piano et théorie) au conservatoire de Zurich (1921-1924) avec Paul Müller, Reinhold Laquai et Volkmar Andreae. Puis il vient à Paris, où il travaille avec Ernst Lévy et Nadia Boulanger ; il reçoit également les conseils d'Albert Roussel, d'Arthur Honegger et de Jacques Ibert. Avec quelques autres compositeurs étrangers émigrés ou fixés dans notre pays (le Tchèque Bohuslav Martinů, le Polonais Alexandre Tansman, le Roumain Marcel Mihalovici, le Hongrois Tibor Harsányi et le Russe Alexandre Tcherepnine), il participe à l'École de Paris, qui se situe alors à l'avant-garde de la création musicale sans prôner la moindre unité esthétique : lui-même se caractérise par un rigoureux retour à Bach que tempère l'environnement français dans lequel il évolue. Il attire l'attention avec son Quatuor à cordes no 3 (1926) et, d'emblée, les plus grands chefs d'orchestre s'intéressent à sa musique : ses principales œuvres sont créées par Walther Straram à Paris, Hermann Scherchen en Allemagne, Ernest Ansermet et Paul Sacher en Suisse, Serge Koussevitzky aux États-Unis. Son Concerto pour quatuor à cordes et orchestre, exécuté à Chicago en 1930 sous la direction de Frederick Stock, lui vaut le prix Elizabeth Sprague-Coolidge, mais il s'impose surtout avec sa Cantate sur des sonnets de Louise Labbé (1937).

Il revient en Suisse en 1932 lorsqu'il est nommé chef d'orchestre à Radio-Bâle. Entre 1939 et 1966, il en est directeur du département musical. Il est également professeur au conservatoire de Bâle, et siège régulièrement au jury du concours Prince Pierre de Monaco. Passionné d'alpinisme, il partage sa vie entre la Suisse et son manoir de Rosey (Haute-Saône) et meurt à Bâle le 31 octobre 1989.

Son œuvre, très abondant, sacrifie au néoclassicisme en vogue entre les deux guerres : écriture stricte et dépouillée, attachement aux formes, contrepoint rigoureux et riche, mais toujours doté d'une profonde intensité expressive. « Ce que sa musique a de toujours très hardi et peut-être de risqué dans sa teneur, elle le compense par une cohérence et une sûreté de sa dialectique qui témoignent d'un musicien maître de son art et aussi de sa pensée » (Ernest Ansermet). À l'image d'Arthur Honegger, qui l'a profondément marqué, Conrad Beck se situe à la charnière des cultures latine et germanique. Après la Seconde Guerre mondiale, il s'oriente vers un style plus dépouillé, cultivant une certaine transparence d'écriture avec des emprunts fréquents aux mélodies traditionnelles de son pays.

On lui doit sept symphonies (les cinq premières s'échelonnent entre 1925 et 1930, la sixième date de 1950 et la septième, Aeneas-Sylvius-Sinfonie, de 1957), un poème symphonique, Innominata, consacré à son ascension du mont Blanc, Nachklänge, tripartita pour orchestre (1983), des concertos pour quatuor à cordes (1929), piano (1933), violon (1940), clavecin (Kammerkonzert, 1942), alto (1949), clarinette et basson (Concertino, 1954), hautbois (Concertino, créé par Heinz Holliger, 1964), clarinette[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Pour citer cet article

Alain PÂRIS. BECK CONRAD (1901-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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