COMPORTEMENT ANIMAL Développement du comportement

Chez les insectes, les individus passent par un stade larvaire au cours duquel leur morphologie et, donc, leur comportement peuvent être totalement différents. Quoi de commun entre une chenille rampant et se nourrissant de feuilles et le papillon qu'elle deviendra, qui vole et se nourrit de nectar ? Le stade larvaire peut d'ailleurs durer beaucoup plus longtemps que l'âge adulte. Ainsi, certaines cigales passent treize ans à l'état larvaire dans le sol, s'alimentant de racines, puis émergent à l'air libre pour se reproduire et mourir quelques semaines après. Chez les vertébrés à sang froid (notamment les poissons et les reptiles), les jeunes ressemblent souvent dès l'éclosion à leurs parents. Ils sont généralement capables de se nourrir seuls, mais il est fréquent que les parents leur accordent leur protection pendant les premiers stades de leur développement. Chez certaines espèces d'oiseaux ou de mammifères, les petits éclosent ou naissent nus, aveugles, incapables de se déplacer et de se débrouiller seuls. Ces petits, qualifiés de nidicoles, restent dans le nid et leurs premiers comportements se limitent essentiellement à vocaliser à l'approche des parents ou en cas de mal-être, à téter (cas des mammifères) ou à quémander de la nourriture (cas des oisillons) puis à la digérer. Chez d'autres espèces, dites nidifuges, les petits naissent couverts de poils ou de duvet de plumes, les yeux ouverts et prêts, en quelques heures, à suivre leurs parents. Les oisillons nidifuges, comme les poussins, se nourrissent seuls, stimulés par leur mère qui picore et glousse pour les attirer lorsqu'elle trouve à manger. Les jeunes mammifères, comme les ongulés (chevreaux, gazelles, poulains), ne se nourrissent que du lait de leur mère mais gambadent quelques heures après leur naissance. Le développement psychomoteur est donc très variable selon les espèces. Tout au long de son enfance, le jeune animal apprend progressivement, notamment par le jeu, les comportements qui lui seront nécessaires à l'âge adulte. L'apprentissage devient ensuite moins important mais reste possible pendant toute la vie de l'animal afin de lui permettre de s'adapter à un environnement changeant.

Maturation physiologique

Le comportement d'un jeune animal peut évoluer en dehors de tout apprentissage. On parle alors de maturation. Cette dernière est permise tant par le développement de certains organes (un oisillon ne peut voler tant qu'il n'a pas suffisamment de plumes) que par des variations hormonales, ou encore par le développement psychomoteur.

Un exemple classique est le picorage chez les poussins. On peut observer aisément ce phénomène en plaçant un clou dans de l'argile molle : les poussins essaient de picorer le clou et laissent les traces de leurs coups de bec dans l'argile. Les poussins picorent quelques heures après la naissance. Leurs coups de bec sont d'abord éparpillés autour de la cible, puis, en quelques jours, ils deviennent plus précis et touchent généralement la cible. On peut alors se demander si cette amélioration des performances des poussins est due à un apprentissage ou à une maturation physiologique. Il n'est pas possible d'empêcher les poussins de picorer puisqu'ils ont besoin de se nourrir. Eckhard Hess, en 1956, a cependant trouvé le moyen, dans une expérience restée célèbre, d'empêcher l'apprentissage en faisant porter au poussin des lunettes qui décalent légèrement sa vision vers la droite : le poussin donne alors des coups de bec trop à droite par rapport à la cible visée. La nourriture est, par ailleurs, fournie dans un bol afin que l'oiseau obtienne systématiquement une graine à chaque coup de bec et n'ait donc pas l'occasion d'apprendre, par essais et erreurs, à viser une graine. On constate que les coups de bec du poussin restent décalés vers la droite mais deviennent plus précis en quelques[...]

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Perroquet

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Plus les animaux sont intelligents, plus l'apprentissage joue un rôle important au cours de leur…

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Chez les babouins, l'épouillage revêt une fonction sociale, qui maintient et renforce la cohésion à…

Autres références

  • AGRESSIVITÉ, éthologie

    • Écrit par Philippe ROPARTZ
    • 3 931 mots
    ...l'espace disponible, de la frustration, de la privation alimentaire, de la concurrence, de la structure sociale du groupe, dans l'expression de l'agression. Il est également certain que, chez l'animal, on ne saurait séparer l'agression des comportements sociaux ; l'animal a besoin d'un adversaire pour exprimer...
  • ANIMAL

    • Écrit par Valérie CHANSIGAUD
    • 2 690 mots
    ...qu'il est impossible de démontrer lequel des deux est le vrai. » Le second argument repose sur l'observation directe des animaux : Réaumur constate que le comportement des insectes est complexe et qu'il est souvent variable en fonction des circonstances, ce qui conduit naturellement le savant à conclure à...
  • ANIMALITÉ

    • Écrit par Florence BURGAT
    • 7 682 mots
    • 9 médias
    ...c'est une première étape – l'observation des animaux dans leur milieu naturel, préférant systématiquement les études de terrain. Si ces derniers ont un comportement porteur de sens, il est indissociable du contexte dans lequel il s'élabore. Aussi, l'introduction de la notion husserlienne d'intentionnalité...
  • BEHAVIORISME

    • Écrit par Jean-François LE NY
    • 4 682 mots
    • 2 médias
    ...trente aux années cinquante, se déroule un grand débat sur les théories de l'apprentissage, alimenté par de nombreuses recherches expérimentales, soit chez l'animal, à partir de procédures de conditionnement, soit chez l'homme, notamment au moyen des apprentissages par cœur. L'objectif principal est de...
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