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COMMUNS

Appropriation et usage de la terre : le tropisme foncier des communs

La question de l’usage commun des ressources et des régimes de propriété s’est d’abord posée pour la terre. Le mouvement d'enclosure apparu en Angleterre à la fin du Moyen Âge et intensifié lors de la révolution industrielle, est souvent cité pour illustrer l’évolution de la propriété foncière. Les terres dédiées à l’usage collectif passent aux mains de propriétaires privés, soit par accord amiable entre les parties concernées, soit par une loi. Le Parlement anglais vote ainsi plus de 5 000 lois entre 1727 et 1815 autorisant les enclosures. L’ancien système ouvert est remplacé par des champs enclos par des haies et des domaines agricoles plus vastes sont constitués. Avec l’utilisation de nouvelles techniques, les rendements augmentent de 10 à 15 % dans certaines régions et le cheptel double dans les Midlands. En parallèle, ce mouvement entraîne la prolétarisation de nombreux paysans anglais, expropriés et contraints de quitter leur terre, puis d’accepter un travail salarié. La Grande Transformation (1944) de Karl Polanyi décrit ce mouvement de marchandisation de biens comme la terre, le travail et la monnaie, qui a beaucoup réduit l’espace des communs au cours de la révolution industrielle. La création de nouveaux communs se heurte à la fois à la propriété privée et à la souveraineté des États qui s’exerce sur les frontières de leurs territoires, par exemple dans le cas d’un fleuve ou d’un lac.

Les recherches actuelles en comptabilité écologique mettent en évidence la dette que nous avons vis-à-vis des écosystèmes et du vivant ainsi que les coûts nécessaires à leur préservation : en s’appuyant sur l’outil comptable, il s’agit de faire émerger de nouvelles formes de coopérations entre les parties prenantes, d’inspirer une gouvernance collective des ressources, et de considérer les forêts, les écosystèmes, non plus comme des flux de valeurs financières, mais comme des entités ayant une valeur intrinsèque, qu’il s’agit de préserver collectivement.

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Écrit par

  • : docteure en philosophie, diplômée de l'École supérieure de commerce de Paris, chercheuse associée à l'ESCP Business School (chaire économie circulaire)

Pour citer cet article

Cécile EZVAN. COMMUNS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/12/2021

Médias

Jardins partagés Jean-Jaurès, à Montrouge (Hauts-de-Seine) - crédits : Magali Cohen/ Hans Lucas/ AFP

Jardins partagés Jean-Jaurès, à Montrouge (Hauts-de-Seine)

Elinor Ostrom - crédits : Pascal Le Segretain/ Getty Images Europe/ AFP

Elinor Ostrom

Le rio Chama, affluent du rio Grande (Nouveau-Mexique, États-Unis) - crédits : Mona Makela Photography/ Moment/ Getty Images

Le rio Chama, affluent du rio Grande (Nouveau-Mexique, États-Unis)

Autres références

  • ALTERMONDIALISME

    • Écrit par , et
    • 6 805 mots
    • 1 média
    ...continent nord-américain, les multinationales) et des griefs au nom et au service des « pauvres lointains » que sont les habitants des pays du Sud, ou des « biens communs » de l'humanité comme la sauvegarde des ressources naturelles. L'enjeu des inégalités Nord-Sud et celui de la défense de l'environnement...
  • AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne)

    • Écrit par
    • 3 014 mots
    • 2 médias
    ...déclinée dans ses composantes économique (viabilité), sociale (équité) et environnementale (durabilité sur le plan écologique). S’y ajoute une dimension éthique qui renvoie au respect de la biodiversité et du bien-être animal, et même à la notion de« biens communs » concernant le foncier agricole.
  • FAUNE SAUVAGE

    • Écrit par , , , et
    • 14 185 mots
    • 7 médias
    ...la rente en épuisant la ressource. Une telle problématique a été exposée dès 1968 par le biologiste Garrett Hardin dans un article devenu référence, The Tragedy of the Commons (La Tragédie des biens communs). Cet auteur prend l'exemple d'un éleveur qui fait paître ses animaux dans un champ communautaire....
  • HARDIN GARRETT (1915-2003)

    • Écrit par
    • 855 mots

    Le biologiste Garrett James Hardin est l’une des figures marquantes du mouvement écologiste américain des années 1960. Il est devenu célèbre grâce à la parution, en 1968, dans la revue Science, de son article « The Tragedy of the Commons » (« La tragédie des communs »), dans lequel il...