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CHAMPAIGNE PHILIPPE DE (1602-1674)

Le climat janséniste

Ex-voto, P. de Champaigne - crédits : Giraudon from Art Resource/ EB Inc.

Ex-voto, P. de Champaigne

Cette évolution, si elle rejoint la tendance dominante de l'art parisien, une esthétique épurée proche, a-t-on dit, de l'idéal « attique » (La Hyre, Le Sueur), s'explique aussi par des données plus personnelles : après la mort de sa femme (1638) et de son fils Claude (1642), Champaigne se tourne de plus en plus vers la piété et la méditation. Vers 1643, il se lie au milieu janséniste qu'il fréquentera régulièrement après l'entrée de sa fille Catherine à Port-Royal en 1657. Se conjuguant avec celles du carmel et des chartreux (le grandiose Christ en croix du Louvre fut peint en 1674, l'année de sa mort, pour ces derniers), l'influence exacte des messieurs de Port-Royal sur son art est difficile à évaluer précisément, sinon en termes iconologiques ; en revanche, on peut affirmer que les œuvres austères produites par l'artiste dans le climat janséniste, qu'il s'agisse de portraits comme celui dit d'Arnauld d'Andilly (1650, musée du Louvre) ou comme le célèbre Ex-voto peint à l'occasion de la guérison miraculeuse de sa fille (1662, Louvre) ou de sujets sacrés comme le Christ mort étendu sur son linceul (Louvre), comptent parmi les plus fortes et les plus profondes de sa production. À partir de 1645, Champaigne participe au mouvement qui fondera l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1648. Vers la fin de sa vie, devenu recteur, il y donnera des conférences sur Titien et sur Poussin, qui seront l'occasion d'affrontements avec le très dogmatique Le Brun. À cette date il est vrai, l'art complexe de Champaigne, que figent avec une froideur accrue ses élèves Nicolas de Platte-Montagne et Jean-Baptiste de Champaigne, son neveu, appartient à une sensibilité révolue.

— Robert FOHR

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Pour citer cet article

Robert FOHR. CHAMPAIGNE PHILIPPE DE (1602-1674) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Isaac Louis Le Maître de Sacy</it>, P. de Champaigne - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Isaac Louis Le Maître de Sacy, P. de Champaigne

<it>La Cène</it>, P. de Champaigne - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

La Cène, P. de Champaigne

<it>Triple Portrait de Richelieu</it>, P. de Champaigne - crédits : National Gallery, London, UK/ Bridgeman Images

Triple Portrait de Richelieu, P. de Champaigne

Autres références

  • PHILIPPE DE CHAMPAIGNE (exposition)

    • Écrit par Robert DUPIN
    • 1 129 mots

    Depuis longtemps, les historiens de l'art et les amateurs du xviie siècle rêvaient d'une rétrospective de l'œuvre de Philippe de Champaigne. La dernière, il est vrai, avait eu lieu en 1952, à l'occasion du 350e anniversaire de la naissance de l'artiste, à l'initiative de Bernard...

  • MORIN JEAN (1610 env.-1650)

    • Écrit par Maxime PRÉAUD
    • 522 mots

    Parmi les artistes qui illustrèrent la gravure française au xviie siècle, il en est peu qui soient autant appréciés des amateurs d'estampes que Jean Morin et dont l'existence soit aussi obscure. On ne connaît avec certitude que la date de son décès, à Paris, au mois de juin 1650. On suppose...

  • TAPISSERIE

    • Écrit par Pascal-François BERTRAND
    • 7 938 mots
    • 8 médias
    ...Polyphile (16371644). Il commença l'Histoire de saint Gervais et de saint Protais, la principale tenture du milieu du siècle qui fut achevée par Philippe de Champaigne, Sébastien Bourdon et Thomas Goussé (1651-1661), tissée dans l'atelier du Louvre. Champaigne brossa également, avec Charles Poerson...

Voir aussi