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PHILIPPE DE CHAMPAIGNE (exposition)

Depuis longtemps, les historiens de l'art et les amateurs du xviie siècle rêvaient d'une rétrospective de l'œuvre de Philippe de Champaigne. La dernière, il est vrai, avait eu lieu en 1952, à l'occasion du 350e anniversaire de la naissance de l'artiste, à l'initiative de Bernard Dorival, qui fut longtemps le grand spécialiste de l'artiste. L'exposition Philippe de Champaigne. Entre politique et dévotion, organisée par le palais des Beaux-Arts de Lille (27 avril-15 août 2007) en collaboration avec le musée d'Art et d'Histoire de Genève (20 septembre 2007-13 janvier 2008), où elle fut présentée ensuite dans une version un peu différente, est ainsi due à la relève des générations : du côté des commissaires français, on soulignera qu'Alain Tapié, directeur du musée de Lille, est l'un des meilleurs connaisseurs actuels de l'iconographie et des sources du baroque, et que Nicolas Sainte-Fare Garnot s'est imposé par ses recherches sur Champaigne et son atelier.

Né à Bruxelles, Philippe de Champaigne (1602-1674) avait incontestablement sa place au musée de Lille, où l'ambiance artistique de sa formation est présente, à travers les chefs-d'œuvre de Rubens, mais aussi L'Adoration des mages du maniériste tardif Georges Lallemand, dont il fréquenta l'atelier à son arrivée à Paris.

Forte d'une centaine d'œuvres, de premier plan pour la plupart, l'exposition retraçait en cinq sections l'itinéraire du peintre, « entre politique et dévotion », au service de la cour, de la ville et des ordres religieux. De la première, « Marie de Médicis : racines flamandes et inspirations du Carmel (1628-1635) », on retiendra la culture complexe et l'exécution encore inégale des grandes toiles exécutées pour le Carmel du Faubourg Saint-Jacques, dans l'ambiance de la pensée bérullienne, telle L'Adoration des bergers de Lyon (vers 1628). L'autre chantier de la reine, le palais du Luxembourg, était en revanche à peine évoqué, et l'on regrettait d'autant l'absence d'œuvres profanes comme celles de l'histoire de Procris et Céphale, présentées en 2003 à Blois dans le cadre de l'exposition Marie de Médicis. Un gouvernement par les arts.

Avant 1635, une magistrale synthèse s'opère dans le sens d'un baroque contenu, vivifié par le naturalisme nordique. La deuxième section abordait principalement la question des relations du peintre avec Louis XIII et le cardinal-ministre. À Simon Vouet, la liberté du décorateur, à Champaigne la représentation du pouvoir, temporel et spirituel. C'est probablement ce qui nous fascine encore dans les nombreux portraits que Champaigne peignit de Richelieu, ou encore dans Le Vœu de Louis XIII, pour le maître autel de Notre-Dame de Paris (1638, musée des Beaux-Arts de Caen) : l'alliance incarnée des deux pouvoirs et la connivence du règne céleste avec l'ordre monarchique, servies par une peinture humaine, éclatante et majestueuse.

Philippe de Champaigne est souvent identifié au peintre des jansénistes, ce qui n'était pas exclusif. Une trentaine de tableaux, grands formats et œuvres de méditation, parmi les plus célèbres de l'artiste, étaient rassemblés à Lille dans la section « Dialogues avec Port-Royal : une pensée picturale (1646-1662) ». Dans les admirables portraits des solitaires comme dans les sujets religieux, La Cène (vers 1652) ou Le Christ aux outrages, c'est la représentation de l'être spirituel qui domine. La guérison miraculeuse de sa fille Catherine, religieuse à Port-Royal, nous a valu dans ce registre, et sur le thème du pressentiment de la grâce, un chef-d'œuvre absolu, l'Ex-voto de 1662 (musée du Louvre). C'est aussi durant cette période que l'intervention de collaborateurs, Jean-Baptiste de Champaigne,[...]

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Robert DUPIN. PHILIPPE DE CHAMPAIGNE (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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