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LOEWE CARL (1796-1869)

Si Carl Loewe n'atteint pas à la grandeur de Franz Schubert, dont il est le contemporain, ce compositeur allemand n'en reste pas moins, par son talent, son imaginaire et sa sensibilité, un créateur attachant, aux fulgurances parfois étonnantes.

Johann Carl Gottfried Loewe, né à Löbejün, près de Halle, le 30 novembre 1796, deux mois avant Schubert, reçoit de son père ses premières leçons de musique. En 1807, il devient enfant de chœur à la chapelle de la cour de Köthen ; en 1809, il part pour Halle afin d'étudier avec le théoricien et compositeur Daniel Gottlob Türk ; dès l'âge de treize ans, il écrit déjà des lieder : son opus 1 no 3, daté de 1818 (il a vingt-deux ans) est un lieder sur le célèbre Erlkönig (« Le Roi des aulnes ») de Goethe, mis en musique par Schubert trois ans auparavant mais qui ne sera publié par ce dernier qu'en 1821.

La beauté de sa voix le fait remarquer par Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, qui lui octroie une pension annuelle de 300 thalers afin qu'il puisse se consacrer entièrement à la musique. Mais la chute de Napoléon et la fuite du roi Jérôme, en 1813, vont être lourdes de conséquences pour Loewe, qui voit disparaître ses ressources. Il étudie la théologie et la philologie à l'université de Halle, devient en janvier 1820 professeur au Gymnasium de Stettin, puis, en novembre, organiste à la Jakobikirche de cette même ville ; l'année suivante, il est nommé directeur de la musique de cette cité, poste qu'il va occuper jusqu'en 1866. 1820 est marqué par sa rencontre avec Goethe à Iéna, Goethe qui lui inspirera de nombreuses partitions. Chanteur-pianiste (il s'accompagnait lui-même) et chef d'orchestre, il entreprendra plusieurs tournées de concerts : à Vienne en 1844, à Londres en 1847, en Norvège et en Suède en 1851, en France en 1857. Victime d'une attaque cérébrale en 1864, Carl Loewe se retire à Kiel, où il meurt le 20 avril 1869.

On lui doit dix-sept oratorios (profanes et sacrés), six ouvrages lyriques (dont se détachent Die drei Wünsche, d'après Ernst Raupach, 1834, et un « opéra romantique », Emmy, d'après Kenilworth de Walter Scott, 1842), de la musique de chambre, des cantates, deux symphonies, des partitions pianistiques recelant un véritable programme – bien avant Schumann ou Liszt –, comme Abend-Fantasie (« Fantaisie du soir », opus 11, 1817), le « poème musical en forme sonate » Le Printemps (opus 47, 1824) ou encore le poème musical d'après Byron Mazeppa (opus 27, 1830) ; sa Grande Sonate (opus 16, 1829) comporte en guise de mouvement lent un lied chanté par un ténor.

Mais Carl Loewe est surtout célèbre par sa musique vocale avec piano : il a composé près de 400 ballades, lieder, légendes, romances, fantaisies lyriques, odes, sur des textes de quelque cent auteurs (parmi lesquels, principalement, Goethe, Byron, Friedrich Rückert, Ludwig Uhland et Johann Nepomuk Vogl). Comprenant un nombre considérable de ballades romantiques (plus du quart de sa production pour chant et piano), ce catalogue fait de lui le véritable maître de ce genre, dont Johann Rudolf Zumsteeg (1760-1802) avait été le créateur.

Surnommé le « Schubert de l'Allemagne du Nord », Loewe fut loué par Schumann, qui voyait en lui « l'union si rare du compositeur, du chanteur et du virtuose ». Mais ses qualités furent aussi sa faiblesse, car, si Loewe possédait le don d'éloquence, il négligea d'imprégner ses partitions de ce qui faisait son talent de barde.

Il donne le meilleur de lui-même dans l'épopée, les chevauchées nocturnes, les légendes où surnaturel, fantastique, mythologie païenne, médiévisme et patriotisme germanique se mêlent en se teintant ça et là d'exotisme. Caractérisé par un mélange curieux entre spiritualité chrétienne, esthétique du Sturm und Drang et style Biedermeier, Loewe[...]

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Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

Classification

Pour citer cet article

Alain FÉRON. LOEWE CARL (1796-1869) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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