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LEWIS CARL (1961- )

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L'ère des défis

Carl Lewis engage alors un nouveau combat, menant une sorte de fronde contre la Fédération internationale qu'il accuse d'immobilisme pour ce qui concerne la question du professionnalisme. Il impose ses propres conditions aux organisateurs des meetings européens : il exige des sommes importantes pour participer à ces réunions, mais aussi que ses partenaires du Santa Monica Track Club soient conviés à la fête, même si leurs performances ne le justifient pas. Toujours est-il que le « système Lewis » tourne à plein rendement et que les dollars affluent.

Mais Carl Lewis voit se dresser face à lui un nouveau rival, le Canadien Ben Johnson. Le 100 mètres masculin constitue ainsi le sommet des Championnats du monde de Rome, en 1987. Qui est l'« homme le plus rapide du monde » ? La réponse est sans équivoque : une fin de course exceptionnelle permet à Ben Johnson de s'imposer en pulvérisant le record du monde (9,83 s contre 9,93 s). Carl Lewis s'étonne d'avoir été ainsi humilié car, en 9,97 s, il a réussi l'une de ses plus belles courses. Il est néanmoins champion du monde de la longueur (8,67 m) et du relais 4 fois 100 mètres.

Pour Carl Lewis, les Jeux de Séoul, en 1988, doivent constituer une sorte de revanche. Il souhaite bien sûr battre Ben Johnson, mais aussi rééditer son exploit de Los Angeles, c'est-à-dire remporter quatre médailles d'or. Il repartira en définitive de Corée du Sud avec deux médailles d'or et une d'argent ; mais ce résultat, qui aurait comblé quiconque, le déçoit profondément. Le duel qui l'oppose au Canadien est crucial pour lui : vainqueur, il affirme sa suprématie sur le sprint mondial ; battu, il rentre dans le rang. Or, ce 24 septembre, non seulement Ben Johnson s'impose, mais il réalise une performance extraordinaire : 9,79 s ; Lewis est deuxième, en 9,92 s. Le 27 septembre éclate le plus grand scandale de l'histoire de l'athlétisme : Ben Johnson a été contrôlé positif au stanozolol, un stéroïde anabolisant ; convaincu de dopage, le Canadien est déchu de son titre et de son record – les deux reviennent à Lewis – et se voit exclu des Jeux. Carl Lewis remporte le saut en longueur (8,72 m), mais connaît une réelle déception sur 200 mètres : dans les ultimes instants de la course, il est débordé par son ami Joe DeLoach, qu'il a choyé et couvé, et qui le prive du titre olympique. Sa déception est plus cruelle encore à l'occasion du 4 fois 100 mètres : lors des séries auxquelles il ne participe pas, le relais américain est disqualifié à la suite une transmission hors zone du témoin !

À l'occasion des Championnats du monde de Tōkyō, en 1991, Carl Lewis va sans doute réaliser ses plus grands exploits tout en connaissant son plus douloureux échec. Le 25 août, le 100 mètres réunit tous les plus grands champions de l'époque – les Américains LeRoy Burrell, Dennis Mitchell, le Britannique Linford Christie, le Namibien Frank Fredericks... Dans cette course exceptionnelle où les six premiers réalisent moins de 10 secondes, Carl Lewis affirme sa suprématie, en améliorant le record du monde (9,86 s). Battre le record du monde du saut en longueur devient son objectif. Le record mythique de Bob Beamon va bien tomber au Japon, mais le nouveau détenteur ne se nomme pas Carl Lewis, il s'appelle Mike Powell. Paradoxalement, Lewis réussit, ce 30 août, le plus beau concours de sa carrière : son troisième essai le porte à 8,91 mètres, mais le record n'est pas homologué en raison d'un vent trop favorable. Son compatriote Mike Powell, à son cinquième essai, franchit 8,95 mètres et efface Beamon des tablettes. Lewis réalisera dans le même concours 8,87 mètres et 8,84 mètres, mais l'or et le record lui échappent.

Lors des Jeux de Barcelone, en 1992, il obtient[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

Classification

Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. LEWIS CARL (1961- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Carl Lewis, après sa victoire dans le 100 mètres à Los Angeles (1984) - crédits : 
Bettmann/ Getty Images

Carl Lewis, après sa victoire dans le 100 mètres à Los Angeles (1984)

Autres références

  • BARCELONE (JEUX OLYMPIQUES DE) [1992] - Chronologie

    • Écrit par
    • 3 789 mots
    ... résistaient depuis 1983), dans une course dont le jeune Français Stéphane Diagana prend la quatrième place. Dans le concours de saut en longueur, Carl Lewis, battu aux Championnats du monde l'année précédente par Mike Powell, prend sa revanche (8,67 m) ; mais Mike Powell le fait trembler...
  • JEUX OLYMPIQUES

    • Écrit par , , et
    • 15 675 mots
    • 12 médias
    ...qualité. Certes, le Français Pierre Quinon ne serait peut-être pas devenu champion olympique du saut à la perche si Sergueï Bubka avait été présent. Mais la grande star de ces Jeux est l'Américain Carl Lewis qui, comme Jesse Owens en 1936, remporte 4 médailles d'or (100 mètres, 200 mètres, longueur,...
  • JEUX OLYMPIQUES - (repères chronologiques)

    • Écrit par et
    • 918 mots

    16-23 juin 1894 Tenue à la Sorbonne à Paris du Congrès international pour le rétablissement des jeux Olympiques ; sous l'impulsion de Pierre de Coubertin, la naissance des jeux Olympiques de l'ère moderne est entérinée.

    6-16 avril 1896 Iers jeux Olympiques de l'ère moderne à Athènes....

  • JOHNSON BEN (1961- )

    • Écrit par
    • 1 200 mots

    La carrière sportive – la vie ? – de Ben Johnson pourrait se résumer à quatre tristes journées : du 24 au 27 septembre 1988, cet athlète canadien est passé du statut de star du sport mondial à celui de paria. Le nom de Ben Johnson demeure en effet associé à la plus médiatique affaire de dopage aux...