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BUDDHI

Le terme sanskrit « buddhi » désigne l'intelligence dans la psychologie de l'hindouisme. Selon les données traditionnelles du brahmanisme, l'homme se compose de quatre éléments qui sont autant de modalités de son être propre : le corps, la pensée, l'intelligence, l'âme. Ce dernier élément (en sanskrit, ātman : « soi ») transcende les trois autres, car il est, en fait, l'absolu (brahman ou puruṣa) présent à l'intime de l'homme, comme il l'est au centre de l'univers. Les deux premiers : le corps et la pensée (manas) sont du domaine de la matière. La pensée (la perception, l'action) ne saurait exister sans l'organe mental (qui porte le même nom en sanskrit) : elle est donc périssable comme lui et disparaît à la mort.

Quant à l'intelligence (buddhi), c'est elle qui « fait le pont » entre l'élément purement matériel du composé humain (corps et pensée) et le principe unique (ātman). Comparable au nous platonicien, elle est « l'organe » (si l'on peut dire) de l'intuition intellectuelle par laquelle l'ātman-brahman peut être connu. Or cette connaissance (jñāna) est transformante : on devient ce que l'on connaît, c'est-à-dire que l'on « réalise » l'équation de l'ātman (âme individuelle) et du brahman (l'absolu) ; c'est là, aux yeux des hindous, le salut véritable, la délivrance (moksha).

Ainsi la buddhi est-elle au centre de la personnalité, à « égale distance » entre la matière (corps, pensée) et l'esprit. On la compare souvent à une lumière ; et, dans cette perspective, l'intuition intellectuelle (la vision de l'Essence) est comme une illumination soudaine (en fait, hors du temps et de l'espace). Mais le sens premier du mot buddhi est celui de « faculté d'éveil », d'où vient le nom de buddha (« éveillé , c'est-à-dire « délivré »), donné à ceux qui ont obtenu la connaissance.

— Jean VARENNE

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III

Classification

Pour citer cet article

Jean VARENNE. BUDDHI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JÑĀNA

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 369 mots

    La réflexion philosophique indienne (tant bouddhiste qu'hindoue) est déterminée par un certain nombre de présupposés, parmi lesquels l'idée que le sujet pensant est modifié, dans sa nature même, par le type de connaissance qu'il acquiert au cours de son existence. Ainsi le ...

  • ŚIVA ou SHIVA ET SHIVAÏSME

    • Écrit par Pierre-Sylvain FILLIOZAT
    • 8 153 mots
    • 3 médias
    Un problème analogue se pose dans le domaine impur. La fonction de la buddhi, organe de compréhension des objets, est la détermination de l'objet particulier. La parole lui est donc aussi nécessaire. Elle ne peut utiliser la parole matérielle qui est située au bas de la hiérarchie et constitue le matériel...
  • YOGA

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 7 814 mots
    • 2 médias
    ...d'en refléter la lumière. On donne parfois un nom particulier à cette faculté spirituelle, que l'on sépare plus ou moins du manas (on l'appelle alors buddhi, « intelligence »), mais le plus souvent on professe qu'il s'agit d'une qualité propre au manas lui-même. Et, pour expliquer pourquoi seuls certains...

Voir aussi