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BOUGANDA ou BUGANDA

Apparu dans l'histoire à la fin du xve siècle, le royaume du Bouganda n'est alors qu'une partie du puissant royaume de Bunyoro, régi par la dynastie Bito, qui couvre presque tout l'Ouganda actuel. Pendant trois siècles de rivalités incessantes, le Bouganda va rogner progressivement le Bunyoro. Au début du xixe siècle, le Bouganda a pris le dessus et contrôle seul les routes commerciales fréquentées par les Arabes. Ces derniers fournissent au Kabaka, roi du Bouganda, les fusils qui lui permettent d'étendre son pouvoir en échange d'esclaves pris chez les vaincus. Le Kabaka est un monarque absolu. Il a éliminé les chefs de lignage en nommant le personnel administratif de petite extraction. Ceux qui lui résistaient ont été massacrés. Afin d'éviter les querelles de succession, le Kabaka désigne de son vivant le prince héritier. Lorsqu'il accède au trône, il fait généralement tuer ses frères. Afin de s'assurer de la fidélité des fonctionnaires provinciaux, il les convoque très fréquemment dans la capitale pour leur demander des comptes.

En 1869, les autorités anglo-égyptiennes essaient d'étendre leur autorité vers les sources du Nil. Charles Gordon organise plusieurs expéditions. Des fortins sont construits au Bunyoro. Mais, chaque fois, sous la menace des forces du Bouganda qui sont équipées de fusils modernes, les Anglo-Égyptiens battent en retraite. La révolte du Mahdi au Soudan, en 1883, met un terme à ces entreprises. La pénétration européenne recommence alors à partir de Mombassa et de Dar es Salam sur la côte de l'océan Indien. Anglais et Allemands se disputent les faveurs du Kabaka. Le gouvernement britannique obtient, contre la cession de l'île d'Héligoland, en mer du Nord, que l'Allemagne renonce à ses droits sur Zanzibar et l'Ouganda. La société Imperial British East Africa Company, déjà installée au Kenya, essaie de s'implanter au Bouganda. Elle délègue M. D. Lugard pour mener à bien cette tâche. Celui-ci exploite les dissensions entre missionnaires catholiques et missionnaires protestants et, à la faveur des combats qui opposent les néophytes des deux religions, sape l'autorité du kabaka. En 1894, le protectorat britannique est imposé au Bouganda, tandis que le Bunyoro est dépecé au profit du kabaka. Le protectorat laisse d'assez larges pouvoirs à celui-ci, qui est assisté d'un conseil de trois ministres et du lukiko, conseil de chefs. À partir de 1946, le lukiko est élu par la population.

Mutesa II, roi du Buganda, 1951 - crédits : Thurston Hopkins/ Hulton Royals Collection/ Getty Images

Mutesa II, roi du Buganda, 1951

Dès 1949, des émeutes éclatent en Ouganda. Un mouvement se développe pour obtenir l'indépendance de l'Ouganda tout en établissant la tutelle du Bouganda sur le reste du pays. Mais les autres régions de l'Ouganda se dressent contre l'hégémonie du Bouganda, qui envisage alors de constituer à lui tout seul un État indépendant. Cependant, la coalition de l'U.P.C. (Uganda People's Congress), dirigée par Milton Oboté et par des partisans du kabaka, remporte les élections de 1962 ; l'indépendance de l'Ouganda est proclamée dans l'unité quelques mois plus tard. Des difficultés surgiront cependant entre le président Oboté et le kabaka, qui sera destitué, s'enfuira et mourra en exil.

Les Ganda habitent la région la plus fertile de l'Ouganda, la rive du lac Victoria. Malgré leur conversion au christianisme, ils pratiquent encore couramment la polygamie et ont conservé des tabous alimentaires. Cultivant les bananes, le coton et le café, les Ganda sont plus aisés que les autres populations de l'Ouganda. Les principales cités, telles que Kampala, la capitale, et Entebbe, sont situées au cœur du Bouganda. Aussi l'influence des Ganda est-elle beaucoup plus importante que leur nombre ne le laisserait supposer, mais elle suscite l'hostilité des autres populations.

— Alfred FIERRO[...]

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale

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Média

Mutesa II, roi du Buganda, 1951 - crédits : Thurston Hopkins/ Hulton Royals Collection/ Getty Images

Mutesa II, roi du Buganda, 1951

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