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BLOCUS CONTINENTAL

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Blocus sans maîtrise des mers

Le 21 novembre 1806, par le décret de Berlin, il proclame : « Considérant qu'il est de droit naturel d'opposer à l'ennemi les armes dont il se sert, nous avons résolu d'appliquer à l'Angleterre les usages qu'elle a consacrés dans sa législation maritime et décrété en conséquence : Art. 1er, les îles Britanniques sont en état de blocus. » Ainsi, initialement il ne s'agit aucunement de bloquer le continent. L'exclusion de leurs navires, de leurs produits et des denrées de leurs colonies, des ports européens et des États en guerre avec eux, n'est pour les Anglais qu'une conséquence de la mise en état de blocus de leur pays : ils se sont arrogé la domination des mers, on fera du domaine conquis par eux une sorte de désert. « Je veux, dit Napoléon, conquérir la mer par la puissance de la terre. Tout commerce et toute correspondance avec les îles Britanniques sont interdits. »

Londres riposte en déclarant n'accorder la libre circulation sur mer qu'aux navires qui seraient venus dans un port britannique payer des droits de douane (11 nov. 1807). Rendant coup pour coup, Napoléon ordonne, par le premier décret de Milan du 23 novembre 1807, la saisie des navires ayant touché un port d'Angleterre, par le second la saisie de tout bâtiment qui se serait conformé aux ordres anglais du 11 novembre.

Le continent se ferma donc à l'Angleterre, dont les exportations tombèrent à 21 p. 100 du niveau de 1805. La tension amenée avec les États-Unis par les prétentions britanniques vint encore aggraver la crise manufacturière et alimentaire (pénurie de coton et de blé) de l'année 1808.

Si cette crise put être surmontée, c'est grâce à la contrebande qui s'organisa avec la complicité fréquente des douaniers et des consuls français. Par Salonique, Héligoland, Göteborg, Hambourg, les marchandises anglaises s'introduisaient sur le continent et se négociaient à Francfort et à Bâle. Cette évolution de la lutte allait provoquer le grand revirement de 1810.

Depuis Tilsitt, l'alliance russe assure à Napoléon la maîtrise du continent ; la seule puissance qui lui résiste est brisée à Wagram. Mais, depuis Trafalgar, l'Empereur ne peut plus espérer la maîtrise de la mer. Les flottes britanniques ont pris sans difficulté Le Cap aux Hollandais, la Guadeloupe à la France. En Amérique, le Mexique, le Pérou, la Colombie se soulèvent contre l'Espagne du roi Joseph et s'ouvrent au commerce anglais. La contrebande fleurit sur toutes les côtes du continent « avec l'approbation tacite des gouvernements incapables de concourir loyalement à la politique dont, en dernier ressort, ils doivent souffrir ».

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Pour citer cet article

Marcel DUNAN et Encyclopædia Universalis. BLOCUS CONTINENTAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • COALITION GUERRES DE (1792-1815)

    • Écrit par
    • 1 064 mots
    • 1 média

    Pendant dix années consécutives, de 1792 à 1802, puis pendant douze autres années consécutives, de 1803 à 1815, la France s'est trouvée en guerre avec les principales puissances de l'Europe.

    La guerre déclarée par Louis XVI et l'Assemblée législative au « roi de ...

  • EMPIRE (PREMIER)

    • Écrit par
    • 8 015 mots
    • 12 médias
    ...des marchandises à bord des vaisseaux neutres ? Par un ordre en conseil du 16 mai 1806, ne déclaraient-ils pas les côtes françaises en état de blocus ? Napoléon riposta par le décret de Berlin, le 21 novembre 1806, qui mettait à son tour en état de blocus les îles Britanniques. En réalité, faute de pouvoir...
  • JEAN VI LE CLÉMENT (1767-1826) roi de Portugal (1816-1826)

    • Écrit par
    • 590 mots

    Roi de Portugal (1816-1826), né le 13 mai 1767 à Lisbonne, mort le 10 mars 1826 à Lisbonne.

    Fils cadet de Pierre III et de Marie Ire, Jean (dom João) devient l'héritier du trône portugais à la mort de son frère en 1788. En 1792, en raison de la fragilité mentale de sa mère, il prend les rênes...

  • NAPOLÉON Ier BONAPARTE (1769-1821) empereur des Français (1804-1814 et 1815)

    • Écrit par et
    • 8 337 mots
    • 18 médias
    Comme Napoléon devait renoncer à envahir l'Angleterre, il tenta d'obtenir une reddition en étouffant son économie. Il interdit tout commerce avec les îles Britanniques, ordonna la confiscation de tous les biens provenant des fabriques anglaises ou des colonies britanniques et déclara de bonne prise...
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