BIRMANIE (MYANMAR)
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Nom officiel | Union de Birmanie, Myanmar (MM) |
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Chef de l'État | Myint Swe (par intérim depuis le 1er février 2021) Note : |
Chef du gouvernement | Min Aung Hlaing (depuis le 1er août 2021) Note : |
Capitale | Naypyidaw (a remplacé Rangoon en 2006) |
Langue officielle | birman |
Unité monétaire | kyat (MMK) |
Population | 55 199 000 (estim. 2021) |
Superficie (km2) | 676 577 |
Une littérature perpétuellement renaissante
La littérature birmane connue est jeune. Les premières œuvres qui nous soient parvenues datent de la seconde moitié du xve siècle. La civilisation birmane a commencé de s'épanouir au xie siècle ; elle succédait à une civilisation mōn florissante. Les Mōn avaient une écriture et une littérature dont bénéficièrent leurs conquérants. Par la suite, l'hégémonie culturelle fut tantôt mōn, tantôt birmane, jusqu'au xviiie siècle.
La langue birmane est actuellement la langue véhiculaire et la langue de civilisation, de même que l'ethnie birmane est la plus représentative de la culture de l'Union ; mais la complexité ethnique, qui caractérisa toujours cette aire géographique, demeure.
Sur cinquante millions de citoyens, les deux tiers appartiennent à l'ethnie birmane mais n'occupent que la moitié du territoire. L'autre moitié est occupée par des Tibéto-Birmans autres que les Birmans, des Thaï, des Mōn-Khmers et des Malayo-Polynésiens : peuplement d'autant plus hétérogène que chacun de ces peuples est subdivisé en multiples ethnies, dont chacune a sa langue propre, généralement inintelligible à l'ethnie voisine. Seuls possèdent une écriture : les Birmans, depuis le xiie siècle ; les Mōn, depuis le vie siècle ; les Chan – des Thaï – qui utilisent les caractères birmans avec quelques modifications ; et les Karens – Tibéto-Birmans – à la langue desquels les missionnaires ont adapté l'écriture birmane. Tous se servent d'une écriture indienne introduite par les Mōn. Quant aux langues chin, elles ont été romanisées par les missionnaires. Seuls les Birmans, les Mōn et, à un moindre degré, les Chan utilisent leur langue écrite à des fins littéraires, publiant des revues et des textes. Les langues romanisées servent à des publications techniques (dictionnaires, manuels), aux textes scolaires ou folkloriques, contes et légendes. À l'heure actuelle, la production littéraire vivante est principalement en langue birmane.
Telle est la situation de la littérature birmane par rapport à son contexte. Son contenu, c'est-à-dire l'ensemble des œuvres existantes, frappe à première vue par une forte proportion d'ouvrages inspirés du pāli, parmi lesquels il est parfois difficile de délimiter le domaine de la littérature originale.
Les auteurs se sont habitués tard à considérer leur langue comme un moyen d'expression littéraire : du xie au xve siècle, le pāli fut pour eux ce qu'était le latin en Occident. Les lettrés étaient des clercs nourris de la connaissance des textes sacrés. À la cour de Pagan (Birmanie centrale), après surtout qu'aient été introduits au xie siècle le bouddhisme de Ceylan et des textes canoniques en pāli, la langue de culture fut le pāli comme dans les royaumes mōn du Sud. Le royaume mōn de Çadong (Thatön), pillé par le roi de Pagan, exerçait en outre, sur les conquérants barbares de la vallée de l'Irrawaddy, la fascination d'une civilisation évoluée. La réflexion morale et métaphysique à laquelle les Mōn s'étaient livrés avant eux fut assez soudainement révélée aux Birmans qui, jusqu'alors, s'étaient exprimés sur des sujets plus concrets.
Très vite, cependant, le besoin d'écrire dans leur propre langue s'imposa à ces clercs de Pagan, soucieux de vulgarisation. On retiendra donc, de la masse de la littérature pāli-birmane, les œuvres dans lesquelles le texte pāli n'a été qu'un thème d'inspiration : légendes, commentaires et traités d'exégèse, rituels, règles de conduite et surtout l'immense littérature tirée des jātaka ou récits des vies antérieures du Bouddha.
Le reste de la production littéraire comprend : des chroniques, dont la valeur historique est contestable, mais qui ont l'intérêt d'accorder une place aux légendes ; de la poésie épique et lyrique, qui fleurit depuis le xve siècle ; du théâtre, apparu au xviie siècle ; des romans, des nouvelles et des genres marginaux – biographies, récits de voyage, humour – depuis le xixe siècle. Il existe aussi une tradition orale, extrêmement riche.
Aux différents stades de son histoire, la littérature birmane a dû se dégager successivement des influences pāli, mōn, siamoises et occidentales. L'émancipation toujours laborieuse : traduction, adaptation, œuvre nouvelle sur un thème d'emprunt, donna chaque fois lieu à une renaissance de la littérature originale enrichie.
L'histoire de cette littérature commence sans doute avant le xve siècle. Pour transcrire les textes – exception faite des inscriptions dédic [...]
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l’article se compose de 44 pages
Écrit par :
- Denise BERNOT : professeur émérite de birman à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Pierre-Arnaud CHOUVY : géographe chargé de recherche au C.N.R.S.
- Renaud EGRETEAU : enseignant-chercheur auprès de la City University of Hong Kong
- Bernard Philippe GROSLIER : directeur de recherche au C.N.R.S.
- Jean PERRIN : chargé d'affaires à l'ambassade de France en république islamique d'Iran
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Voir aussi
Pour citer l’article
Denise BERNOT, Pierre-Arnaud CHOUVY, Renaud EGRETEAU, Bernard Philippe GROSLIER, Jean PERRIN, « BIRMANIE (MYANMAR) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 17 juin 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/birmanie-myanmar/