BIRMANIE (MYANMAR)
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Nom officiel | Union de Birmanie, Myanmar (MM) |
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Chef de l'État | Myint Swe (par intérim depuis le 1er février 2021) Note : |
Chef du gouvernement | Min Aung Hlaing (depuis le 1er août 2021) Note : |
Capitale | Naypyidaw (a remplacé Rangoon en 2006) |
Langue officielle | birman |
Unité monétaire | kyat (MMK) |
Population | 55 199 000 (estim. 2021) |
Superficie (km2) | 676 577 |
Arts et archéologie
La Birmanie est un des pôles de l'Asie du Sud-Est, mais son rôle est parfois sous-estimé. C'est particulièrement vrai pour son art qui, à Pagan par exemple, rivalise avec ceux d'Angkor ou de Java, et fut l'expression la plus achevée de la tradition bouddhique des Thera. Dans ses riches plaines fluviales – les monts qui les encerclent ont surtout été infestés de tribus guerrières toujours tentées de les envahir –, elle a nourri deux grands ensembles, d'abord rivaux, mais qui finiront par se fondre au xie siècle en une nation birmane. Les Pyu, installés bien avant notre ère dans la vallée de l'Irrawaddy, de Tagaung à Prome, et aussi en Arakan, constituent l'échelon avancé des peuples de langues tibéto-birmanes. Les Mōn, au long du Sittang et de la Salouen, jusqu'à Mergui et Tavoy, forment l'aile occidentale du peuple dominant dans le bassin du Ménam, leurs cousins germains, les Khmers, peuplant à l'est la vallée du Mékong.
Les Pyu et les Mōn
Les cités pyu
Les fouilles ont révélé que les Pyu furent de puissants bâtisseurs, comme l'attestent les cités de Halin, de Beikthano et de Śrī Kṣetra (Prome, près de la moderne Thayekhittaya). Beikthano, fondée dès le iie siècle avant J.-C., avec une massive enceinte en brique aux portes fortifiées, couvre quelque neuf kilomètres carrés. On y a retrouvé une multitude d'urnes en terre cuite renfermant les cendres des morts, souvent groupées dans de véritables columbariums : vastes halles au sol en brique portant des piliers en bois. Vers le ive siècle de notre ère apparaissent des édifices en brique, correspondant à des stūpa imitant ceux de l'Andhra, notamment celui de Nāgārjunakoṇḍa, et les premières inscriptions en alphabet indien. Halin offre le même type de vestiges à la même époque ; on y voit ensuite se multiplier les traces de l'indianisation : inscriptions, puis fragments de sculpture bouddhique ou brahmanique. Mais c'est Śrī Kṣetra qui permet de mieux suivre ce nouveau processus.
L'indianisation
Prolongement naturel du delta du Gange, la rive orientale du golfe du Bengale, l'Arakan, les deltas de l'Irrawaddy puis de la Salouen étaient de toute antiquité en liaison avec l'Inde. Lorsque, peu avant notre ère, les Indiens se sont aventurés vers l'Asie du Sud-Est à la recherche des épices, de l'or et des gemmes, ils trouvèrent là leurs premiers comptoirs. Il est significatif qu'ils aient alors dénommé la Birmanie Suvarṇabhūmi, la « Terre de l'or », la Chrysè de Ptolémée. Leur négoce était lent : il fallait réunir auprès des autochtones des matières rares en quantités suffisantes : ils durent donc installer des comptoirs permanents, où ils implantèrent leur mode de vie, leurs structures sociales, leurs temples. Ces foyers devinrent des modèles d'autant plus admirés qu'ils apportaient à la fois la richesse et une civilisation en pleine ascension. À leur image, les Mōn, les Pyu, et en fait tous les peuples riverains de l'Asie du Sud-Est, adoptèrent l'écriture indienne et le sanskrit – ainsi que le pāli qui fut, douze siècles durant, lingua franca de cette partie du monde –, l'astronomie et les calculs, l'ordre royal et la cosmologie indiens, enfin, et surtout, ces religions hautement évoluées : hindouisme et bouddhisme, qui expliquaient superbement le destin de l'homme. Pour s'être aussi rapidement convertis, ces peuples devaient déjà posséder une organisation sociale avancée, qui d'ailleurs subsistera jusqu'à nos jours. On pense de plus en plus que c'est précisément parce qu'elles avaient déjà atteint une réelle richesse que les cités pyu attirèrent les négociants indiens. Comme ils bordaient la mer plus directement, les Mōn furent indianisés parmi les premiers. Mais les Pyu ne furent pas dédaignés et accueillirent les Indiens, en Arakan, puis à Prome, le delta de l'Irrawaddy n'ayant alors guère progressé au-delà de cette cité. Si l'hindouisme s'implanta partout et survécut notamment en Arakan, à côté du Bengale, pour des raisons qui nous échappent, le bouddhisme semble avoir dominé très tôt la région. On retrouve là le zèle des missionnaires de toutes les sectes : mahāyānistes et tantristes, venus du Bengale surtout, bouddhistes thera, de langue sanskrite comme ceux de l'Andhra et du pays pallava de Kāncī, ou de langue pāli, professée à Ceylan. L'art indien résulte de l'enseignement de la religion par l'image, il est le support matériel du culte. Ses formes resteront donc sacrées, l [...]
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Écrit par :
- Denise BERNOT : professeur émérite de birman à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Pierre-Arnaud CHOUVY : géographe chargé de recherche au C.N.R.S.
- Renaud EGRETEAU : enseignant-chercheur auprès de la City University of Hong Kong
- Bernard Philippe GROSLIER : directeur de recherche au C.N.R.S.
- Jean PERRIN : chargé d'affaires à l'ambassade de France en république islamique d'Iran
Classification
Autres références
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- ART BIRMAN
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- KYANZITTHA
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- PROME Birmanie
- PYU ROYAUME
- SANCTUAIRE
- ŚIKHARA ou ÇIKHARA
Pour citer l’article
Denise BERNOT, Pierre-Arnaud CHOUVY, Renaud EGRETEAU, Bernard Philippe GROSLIER, Jean PERRIN, « BIRMANIE (MYANMAR) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/birmanie-myanmar/