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CLINTON BILL (1946- )

En quête d'une place dans l'histoire

Le grippage des institutions que cet épisode ne manque pas d'aggraver n'empêche ni la croissance de continuer, ni l'excédent budgétaire, apparu dès 1998, de s'envoler. Mais il prévient tout ralliement du Congrès à des réformes intérieures importantes auxquelles le président aurait pu identifier son legs.

C'est donc dans la politique étrangère que, sur la fin de son mandat, Clinton tente d'inscrire ce dernier. À partir de février 1999, il s'efforce ainsi de restaurer la crédibilité de l'O.T.A.N. face à Slobodan Milošević qui, en dépit des avertissements des Occidentaux, poursuit depuis 1998 une répression implacable contre les Albanais au Kosovo. Aussi, après l'échec d'une conférence internationale (Rambouillet-Paris, février-mars 1999), persuade-t-il l'O.T.A.N. de se lancer dans une campagne de bombardements contre la Yougoslavie dont l'issue victorieuse (juin 1999) est loin de résoudre tous les différends dans cette région troublée.

Sa quête d'un ultime et éclatant succès bute, dans les mois qui suivent, sur la rancune tenace que lui vouent les républicains du Congrès, sur les contraintes politiques que crée l'approche de l'élection de 2000 et sur les limites que l'influence, pourtant considérable, des États-Unis finit par rencontrer. Le président réussit sans doute à arracher un feu vert des élus à une éventuelle entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce (O.M.C.) en septembre 2000. Mais il a dû se résigner à laisser le Sénat rejeter (octobre 1999) le traité d'interdiction complète des essais nucléaires. De même, lors de la conférence de l'O.M.C. à Seattle (novembre-décembre 1999), il a renoncé à lancer les États-Unis dans un nouveau round de négociations commerciales, de peur de dresser les salariés américains contre les démocrates. Et, en septembre 2000, il juge préférable de reporter toute décision sur le déploiement éventuel d'un système national de défense antimissiles. Surtout, en dépit de ses efforts appuyés pour rapprocher (à partir du second sommet de Camp David de juillet 2000) Israéliens et Palestiniens en vue de parvenir à un accord de paix, il ne peut empêcher la situation au Moyen-Orient de se détériorer gravement.

La fin de son mandat laisse un sentiment partagé. S'il peut se targuer d'avoir présidé à la plus longue période de prospérité que les États-Unis aient jamais expérimentée, son « dauphin », le vice-président Al Gore, est défait dans une élection longtemps contestée. Alors que sa présidence prend fin, Bill Clinton soutient la carrière de sa femme Hillary et devient lui-même un retraité très actif. Conférencier recherché, il dirige, depuis 2001, sa propre fondation, préside une O.N.G. qui lutte contre la malaria, le sida et la pauvreté en Afrique, et siège au conseil d’administration de plusieurs entreprises. En 2004, il publie ses Mémoires (Ma Vie, Odile Jacob) et ouvre, à Little Rock (Arkansas), une bibliothèque présidentielle. En 2010, il est nommé émissaire spécial des Nations unies pour la reconstruction d’Haïti qui vient d’être touché par un violent séisme.

— Pierre MELANDRI

— Universalis

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Pierre MELANDRI. CLINTON BILL (1946- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Investiture de Bill Clinton - crédits : Cynthia Johnson/ The LIFE Images Collection/ Getty Images

Investiture de Bill Clinton

Vers la paix israélo-palestinienne? - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

Vers la paix israélo-palestinienne?

Autres références

  • CHRISTOPHER WARREN (1925-2011)

    • Écrit par Melinda C. SHEPHERD
    • 530 mots

    Warren Christopher est une figure clé de la diplomatie américaine. Il a imprimé sa marque à la politique étrangère des États-Unis sous les présidences démocrates de Jimmy Carter puis de Bill Clinton. Il est notamment réputé pour son style discret et méthodique lors des négociations qu'il a...

  • CLINTON HILLARY (1947- )

    • Écrit par Annick FOUCRIER
    • 1 594 mots
    ...chargée d'examiner la procédure d'impeachment (destitution) lancée contre Richard Nixon. Elle accepte ensuite un poste à la faculté de droit de l'université d'Arkansas où enseigneBill Clinton qu'elle a rencontré à Yale et qu'elle épouse en 1975 ; leur fille unique Chelsea naît en 1980.
  • DOLLAR

    • Écrit par Dominique LACOUE-LABARTHE
    • 11 247 mots
    • 2 médias
    ...1980. La combinaison traditionnelle d'une politique budgétaire expansionniste et d'une politique monétaire plus ou moins restrictive laisse la place, sous l'administration du président Clinton (1993-2000), à un effort d'assainissement du budget fédéral inconnu depuis près de trente ans, qui se traduit...
  • ÉCONOMIE MONDIALE - 1996 : sur la voie de la convergence

    • Écrit par Tristan DOELNITZ
    • 7 769 mots
    Les élections du 5 novembre ont souligné la composante politique de l'économie américaine : Bill Clinton a été réélu, comme prévu, et les républicains ont conservé la majorité dans les deux chambres du Congrès, comme le souhaitaient les opérateurs des marchés. Le débat budgétaire, qui avait pris...
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Voir aussi