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MAILLOL ARISTIDE (1861-1944)

Après 1900 : sculpteur

En 1900, Maillol avait commencé sa première grande figure, une Femme assise qui prendrait plus tard le nom de Méditerranée. En 1902, il acheva un premier état encore très proche du modèle posé par sa femme, mais, disait-il, « l'art ne consiste pas à copier la nature » (Puig). Aussi reprit-il la statue dont le modèle définitif fut exposé au Salon d'automne de 1905. La comparaison des deux états est très significative de sa démarche et montre combien l'attitude apparemment très naturelle de la figure est en fait concertée. Doué au plus haut point du sentiment de la forme, il simplifie le modelé et élimine les accessoires : « pas de classique qui ne soit économe de ses moyens, qui ne subordonne toutes les grâces de détail à la beauté de l'ensemble » (Maurice Denis) ; il resserre la composition élaborée en fonction d'un point de vue unique de façon à ce qu'elle s'inscrive dans un cube presque parfait ; il ne cherche en effet d'autre signification à son œuvre que la beauté : « elle ne rêve pas, n'a jamais rêvé, mais elle vit intensément, normalement, dans la nature dont elle est en quelque sorte le symbole de joie et de santé » (Mirbeau).

Ces qualités qui caractérisent l'ensemble de l'œuvre sculptée de Maillol frappèrent le comte Kessler, amateur d'art allemand pour lequel il exécuta dès 1905 une version en pierre de la Méditerranée (fondation O. Reinhart, Winterthur), tandis qu'il fallut attendre 1923 pour que l'État français la commandât à son tour (marbre, musée d'Orsay, Paris). Par la suite, le comte Kessler lui acheta plusieurs œuvres, dont le Cycliste et le Désir, emmena Maillol en Grèce en 1908 et entreprit la publication de livres ornés de gravures sur bois exécutées par l'artiste (les Églogues de Virgile, le premier livre, parut en 1925).

Maillol continua en effet à peindre et à dessiner jusqu'à la fin de sa vie tout en se consacrant désormais à la sculpture : à la Méditerranée succédèrent la Nuit (1909), Pomone (1910), Flore et l'Été (1911), l'Île-de-France (1910-1925), Vénus (1918-1928), Les Nymphes de la prairie (1930-1937), Monument à Debussy (marbre, 1930-1933, Saint-Germain-en-Laye), l'Harmonie (1944), figures harmonieuses aux gestes sans passion avec lesquelles contrastent vivement l'Action enchaînée (1905-1908), la Montagne (1937), la Rivière (1938-1943), exceptionnellement dynamiques. Quoique Maillol ait éprouvé une indéniable prédilection pour le corps féminin, son œuvre comprend aussi quelques figures masculines (le Cycliste, 1907) et des reliefs (le Désir, 1908) qui, par la mise en évidence du cadre et leur affirmation du support, offrent les qualités mêmes de la sculpture grecque classique.

Maillol reçut également la commande de monuments dont les premiers furent difficilement acceptés par le public : l'Action enchaînée du monument de Blanqui, érigé avec réticence en 1908 à Puget-Théniers ; le Monument à Cézanne (1912-1925), réalisé à l'initiative d'un comité d'artistes présidé par Frantz Jourdain, refusé par la Ville d'Aix-en-Provence et placé aux Tuileries.

Les monuments aux morts qu'il exécuta pour sa région natale suscitèrent moins de controverse : pour Banyuls, il conçut trois reliefs disposés en triptyque (au centre, le Guerrier mourant dont il disait « c'est extraordinaire, on dirait tout à fait un antique » (Henri Frère) ; pour Elne et Port-Vendres, il reprit en les drapant Pomone et le Monument à Cézanne. C'est également ce dernier, découpé et réassemblé d'après une esquisse datant de 1900 environ, qui servit de point de départ à l'Air (1939, Monument aux aviateurs morts, Toulouse).

Éditée en bronze ou en plomb, l'œuvre de Maillol est largement diffusée : en 1964-1965 dix-huit grands[...]

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Classification

Pour citer cet article

Antoinette LE NORMAND-ROMAIN. MAILLOL ARISTIDE (1861-1944) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • VIERNY DINA (1919-2009)

    • Écrit par Paul-Louis RINUY
    • 833 mots

    Tour à tour muse de Maillol, directrice de galerie et fondatrice de musée, Dina Vierny, décédée le 20 janvier 2009 à Paris, demeure, par l'originalité de son parcours, une figure marquante de l'art du xxe siècle en France.

    Née le 25 janvier 1919 à Kichinev, alors capitale de la Bessarabie,...

Voir aussi