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ANTIBIORÉSISTANCE

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Dissémination de la résistance 

La dissémination de l’antibiorésistance dans l’environnement est surtout le fait des matières fécales et des eaux usées. Le microbiote digestif est un réservoir important de gènes de résistance aux antibiotiques. La forte concentration en bactéries (environ 1011/g de selles) favorise les échanges de gènes et la dissémination des gènes de résistance. En effet, certaines régions du monde (essentiellement l’Asie du Sud-Est et certains pays d’Afrique) présentent une haute prévalence de bactéries multirésistantes, voire ultrarésistantes, du fait de l’utilisation, souvent incontrôlée, des antibiotiques à large spectre. Tous les pays en zone intertropicale présentent un portage communautaire élevé d’entérobactérales productrices de BLSE telles qu’Escherichia coli ou Klebsiella pneumoniae, voire parfois un portage hospitalier élevé de carbapénémases. La transmission de ces bactéries peut s’effectuer lors de soins médicaux prodigués dans les hôpitaux de ces régions ou lors des flux de populations (immigration, tourisme de masse…). Cela a par exemple été le cas des premiers isolats de bactéries productrices de carbapénémases détectés en Europe, issus du bassin méditerranéen ou du sous-continent indien. De plus, l’utilisation fréquente d’antibiotiques lors de la survenue d’infections gastro-intestinales bactériennes (salmonelloses, shigelloses…) dans ces régions d’endémicité conduit à la sélection et la prolifération des bactéries résistantes au niveau du tractus digestif.

Par ailleurs, l’environnement anthropisé est une source de dissémination de la résistance aux antibiotiques. Les eaux usées sont particulièrement riches en bactéries résistantes et donc en gènes de résistance. L’élimination fécale des antibiotiques contribue à favoriser la sélection et la dissémination de ces bactéries. Il est par ailleurs estimé que 30 à 90 % des antibiotiques ingérés sont naturellement excrétés, ce qui constitue une pression de sélection antibiotique considérable dans l’environnement. Les concentrations subinhibitrices d’antibiotiques retrouvés dans les effluents permettent de créer un environnement propice à la dissémination et à l’acquisition de la résistance par de nombreux types bactériens. Il est, de ce fait, possible de corréler la pollution fécale humaine et animale à la dissémination de la résistance par les effluents. Ainsi, plus de 60 % des gènes de résistance retrouvés dans les effluents sont portés par des éléments génétiques mobiles et donc capables de dissémination entre bactéries. Cela est directement corrélé au type d’antibiotique utilisé et au niveau de leur consommation dans les structures d’où proviennent les effluents. La convergence des effluents urbains, hospitaliers et agricoles (environnement anthropisé) dans les rivières (environnement naturel) favorise le contact entre les bactéries de ces différents milieux et peut permettre l’émergence de nouveaux isolats différemment résistants, par brassage des éléments génétiques mobiles et des gènes de résistance.

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Écrit par

  • : pharmacienne-biologiste spécialisée, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
  • : assistant hospitalo-universitaire, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
  • : professeure des Universités, praticienne hospitalière, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges

Classification

Pour citer cet article

Aurélie CHABAUD, Sylvain MEYER et Marie-Cécile PLOY. ANTIBIORÉSISTANCE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 07/09/2021

Médias

Répertoire des résistances bactériennes aux antibiotiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Répertoire des résistances bactériennes aux antibiotiques

Principaux mécanismes de résistance - crédits : Encyclopædia Universalis France

Principaux mécanismes de résistance

Progression de la résistance aux antibiotiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Progression de la résistance aux antibiotiques

Autres références

  • ALIMENTATION (Aliments) - Risques alimentaires

    • Écrit par
    • 4 757 mots
    • 1 média
    ...thérapeutique anti-infectieuse d'une part, accélération de la croissance d'autre part. Mais cette utilisation entraîne trois ordres de conséquences néfastes : augmentation de la résistance des germes pathogènes, transformation en pathogènes de variétés jusque-là saprophytes, enfin création chez le consommateur...
  • ANTIBIOTIQUES

    • Écrit par , et
    • 6 760 mots
    • 6 médias
    La résistance aux antibiotiques constitue une menace mondiale, accentuée par le mésusage de ces médicaments. Une utilisation raisonnée et raisonnable des antibiotiques est nécessaire pour limiter son apparition et sa diffusion. Pour cela, la prescription d’antibiotiques s’appuiera sur la règle de « médecine...
  • ANTIBIOTIQUES - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 460 mots

    1903 Découverte du Trypan Röd (premier antibiotique anti-parasitaire) par Paul Ehrlich (1854-1915).

    1909 Découverte du Salvarsan (606), puissant anti-syphilitique par Paul Ehrlich.

    1921 Synthèse du Stovarsol (anti-microbien peu toxique dérivé de l'arsenic) par Ernest Fourneau (1872-1949)....

  • BACTÉRIES

    • Écrit par , et
    • 11 052 mots
    • 3 médias
    ...gluante très riche en eau, les biofilms forment des biomasses épaisses au sein desquelles les micro-organismes acquièrent des propriétés particulières telles qu'une résistance très élevée aux antibiotiques. Les biofilms formés par des bactéries pathogènes sont particulièrement difficiles à éliminer et représentent...
  • Afficher les 18 références