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ROSSI ALDO (1931-1997)

L'architecte Aldo Rossi est né à Milan le 3 mai 1931. Il collabore de 1955 à 1964 à la revue Casabella-continuità qui entendait porter un regard critique sur le modernisme. Enseignant (notamment à Venise), il joue un rôle essentiel dans l'élaboration puis dans la diffusion de la théorie typomorphologique, avec la publication de L'Architecture de la ville (1966). Cet ouvrage, qui eut un grand retentissement, invitait à considérer la ville comme une œuvre, un artefact chargé de valeurs symboliques, le lieu d'une mémoire collective. Puis Rossi formule l'idée de la ville « analogue », essayant de cerner ce qui fait l'imaginaire historique sans cesse reconstruit des architectures et des lieux. Ses écrits ont fourni les fondements doctrinaux du mouvement italien néo-rationaliste de la Tendenza au cours des années 1970.

Il invoquait parmi ses sources le « rationalisme exalté » de Boullée, l'idée de types élémentaires présente chez J. N. L. Durand, la rigueur de Loos et l'austérité de Mies van der Rohe. Mais aussi la peinture métaphysique de Giorgio De Chirico et un certain nombre d'images obsédantes venues de l'enfance : toits, drapeaux figés et girouettes de tôle, cafetières en fer émaillé, cadrans ronds d'horloge, escaliers déserts, théâtres vides, cabines de plage, vastes cours des habitations ouvrières à coursives, phares et cheminées d'usine. Ses dessins, qui ont marqué la culture des années postmodernes, combinent ces thèmes en d'étranges natures mortes d'architectures, de ruines et d'objets familiers d'un caractère souvent spectral. Son Autobiographie scientifique (1981) révèle la part personnelle de ces réminiscences, le fond de désillusion sur lequel s'élabora son œuvre, méditation pessimiste sur le temps qui passe, l'ordre et la liberté, qui fait de ses compositions architecturales « la scène fixe des vicissitudes humaines ».

Ses motifs empruntent à la mémoire collective. Ce sont des archétypes (triangle, cube, cylindre et cône, fronton), formes abstraites et élémentaires dans ses premiers projets (monument aux partisans à Segrate, 1965). Sans cesse plus historicistes ensuite, elles articulent rigoureusement briques et linteaux de métal, charpentes à poutres rivetées, corniches, toits en berceau, larges et courtes colonnes.

Son architecture a souvent quelque chose de figé, que certains ont jugé de caractère carcéral. Délibérément monotone, symétrique et ritualisée, « liturgique » a-t-il écrit (écoles à Broni, 1969-1970, et Fagnano Olana, 1972-1976, hôtel de ville de Borboricco, 1983-1989, cimetière San Cataldo de Modène, 1971-1984), elle est répétitive, scandée, empreinte d'un rationalisme intransigeant. L'ensemble du Gallaratese à Milan (1969-1973) est une barre de logements rectiligne à portiques et à coursives, d'une géométrie sèche, qui traduit la volonté d'exprimer avec une grande simplicité d'écriture l'essence de l'habitation collective. Vittorio Gregotti dira qu'elle avait « la séduction terroriste et poétique d'un pur théorème réalisé ». Rossi ne craint pas la répétitivité « sincère » des percements, les fenêtres identiques et systématiquement carrées, la logique implacable des distributions et de l'articulation des corps de bâtiment. Dans la composition globale de ses édifices, il manifeste un goût de la monumentalité qui lui fera par ailleurs défendre l'architecture stalinienne.

Certaines œuvres ont un caractère expérimental et théorique, comme le Théâtre du monde (1979-1980), transcription de l'idée d'analogie et de correspondance avec le génie du lieu, flottant sur un radeau d'abord amarré à la douane de mer de Venise puis remorqué jusqu'à Dubrovnik, ou la chapelle funéraire très maniériste de Giussano (1987).[...]

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