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SAVARY ALAIN (1918-1988)

Né le 25 avril 1918 à Alger, Alain Savary a mené une carrière politique tout entière placée sous le signe de la force de caractère. Au long de sa vie, il n'a pas hésité à dire « non » à Pétain, à de Gaulle, à Guy Mollet et à François Mitterrand.

Après des études de droit et de sciences politiques, ce fils d'un ingénieur des chemins de fer n'a guère eu le temps de se poser de questions sur son avenir professionnel. La guerre occupe alors toutes les énergies. Affecté aux forces navales alors qu'il est encore à l'école libre des sciences politiques, il se retrouve à Cherbourg comme enseigne de vaisseau. Avec d'autres marins, Alain Savary ne se résigne pas à la défaite et décide de rejoindre Londres. Il n'entendra pas l'appel du général de Gaulle, car, le 18 juin 1940, il navigue déjà vers l'Angleterre.

Retenu dans un camp jusqu'à la fin de juin par les Anglais, il devient le chef de cabinet de l'amiral Muselier. À vingt-deux ans, son destin est tracé.

Le 24 décembre 1941, Alain Savary arrive en compagnie de l'amiral à Saint-Pierre-et-Miquelon à bord du Mimosa, une des trois corvettes qui viennent rallier cette terre lointaine à la Résistance. Par référendum, la population choisit la France libre. Alain Savary expulse alors le gouverneur resté fidèle à Vichy et se retrouve, à vingt-trois ans, nommé par le général de Gaulle à sa place. Il y restera jusqu'en 1943, année où il rejoint la première division de la France libre. Participant aux campagnes d'Italie et de France à la tête d'un escadron de fusiliers marins, il fera notamment la jonction entre les troupes de De Lattre et l'avant-garde de Leclerc en Bourgogne, à Montbard.

Cette guerre brillante sera couronnée par plusieurs décorations : croix de guerre, Silver Star Medal, Légion d'honneur. Et, distinction suprême, Alain Savary est fait compagnon de la Libération par le général de Gaulle. Mais le libérateur de la France ne lui laisse pas le temps de terminer le combat : il le nomme en 1945 commissaire de la République à Angers, où il succède à Michel Debré. La politique l'appelle.

Dès 1944, Alain Savary est délégué à l'Assemblée consultative provisoire. Ses convictions le rapprochent davantage des socialistes que des gaullistes. L'homme n'est pas carriériste. Il a déjà montré, aussi bien à Saint-Pierre-et-Miquelon qu'à Angers, qu'il avait du caractère. Compagnon de combat du général de Gaulle, il va s'éloigner de lui avec le retour de la paix.

Après avoir été secrétaire général du commissariat aux Affaires allemandes et autrichiennes en 1946-1947, Alain Savary est élu député de Saint-Pierre-et-Miquelon en 1951 avec neuf voix de majorité.

Né en Algérie, élevé au Maroc, il se passionne pour la décolonisation. Bien avant d'être nommé par Guy Mollet, en 1956, secrétaire d'État aux Affaires étrangères pour les affaires marocaines et tunisiennes, il s'est intéressé à la situation de l'Indochine et à celle de l'Afrique du Nord. « Seule une négociation avec Hô Chi Minh, proclame-t-il du haut de la tribune de la Chambre des députés en 1953, peut conduire à un armistice. » Il a d'ailleurs essayé de prendre contact dans des conditions quelque peu rocambolesques avec Hô Chi Minh, lors d'un voyage à Shanghai, la même année. Il a également noué des relations avec Bourguiba, le futur père de l'indépendance tunisienne. À la demande de Pierre Mendès France, il jouera un rôle non négligeable dans le traitement de cette question. Une grande artère de Tunis a été baptisée, de son vivant, avenue Alain-Savary.

Cet engagement pour une décolonisation dans la dignité sera à l'origine de la rupture d'Alain Savary avec le gouvernement et la S.F.I.O.

Le 31 octobre 1956, le secrétaire d'État aux Affaires[...]

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Pour citer cet article

Christian SAUVAGE. SAVARY ALAIN (1918-1988) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Mitterrand (1981-1995)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 7 342 mots
    • 7 médias
    ...». Évidemment, cet objectif suscitait beaucoup de réticences de la part de l'enseignement catholique et la réforme n'avait pas été jugée prioritaire. Alain Savary, ministre de l'Éducation nationale, consulte beaucoup et publie à la fin de 1982 un projet qui génère de vives oppositions, à la fois des...

Voir aussi