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AIR, musique

Les airs instrumentaux

Dès le xvie siècle, le mot « air » a été employé pour désigner des parties instrumentales qui, dans les suites, partitas ou ouvertures dites « à la française », n'étaient pas des mouvements de danse. À propos de ces parties instrumentales, généralement dotées d'une partie supérieure à allure de mélodie continue, on voit apparaître, à partir de 1600, le terme de aria francese. Le mot anglais ayres désigne le même type de morceaux instrumentaux. La plupart du temps, ces airs n'obéissaient à aucune architecture musicale précise et n'avaient en commun que la prépondérance de la mélodie. Comme les parties qui, dans les suites, ne correspondaient à aucun mouvement de danse étaient généralement assez lentes et méditatives, il n'est pas invraisemblable que les mouvements lents des formes plus évoluées – comme celle de la sonate et de la symphonie – en dérivent. Cette hypothèse tend à être vérifiée si l'on constate qu'un mouvement lent d'une sonate ou d'une symphonie porte encore souvent, même à l'époque romantique (Quatrième Symphonie de Schumann), le titre de romance. Or, on peut considérer que, comme la mélodie ou le lied (certains mouvements de symphonie ou de quatuor sont déclarés « en forme de lied »), la romance tire son origine de l'air tel qu'il apparaît aux toutes premières années du xviie siècle. Mais, s'il a évolué au point d'engendrer une structure musicale pouvant se suffire à elle-même, l'air instrumental reste très différent de l'air de concert. En premier lieu, il ne prend pas, comme ce dernier, une autonomie complète et reste souvent attaché à des formes plus vastes (suites ou partitas). En second lieu, la forme en est moins rigoureusement fixée ; car, si l'aria da capo se trouve être obligatoirement en trois parties épousant la forme A-B-A, l'air instrumental peut être en deux ou trois parties. Un exemple célèbre d'air en deux parties nous est donné par l'aria (deuxième mouvement) de la Suite pour orchestre en ré majeur (no 3) de Jean-Sébastien Bach. Dans cet air, la première partie va de la tonique à la dominante en six mesures, alors que le retour de la dominante à la tonique, plus orné, s'effectue en douze mesures. Il faut signaler aussi que la continuité mélodique y est obtenue par un dialogue très serré entre les deux voix supérieures (premiers et seconds violons).

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Écrit par

  • : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

Classification

Pour citer cet article

Michel PHILIPPOT. AIR, musique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CACCINI GIULIO, dit GIULIO ROMANO (1545 env.-1618)

    • Écrit par Philippe BEAUSSANT
    • 438 mots
    • 1 média

    Chanteur, instrumentiste et compositeur, Giulio Caccini fut intimement lié au cercle du comte Bardi. Cette assemblée de poètes et de musiciens, par ses discussions esthétiques et particulièrement ses spéculations sur la musique de l'Antiquité grecque et ses rapports avec le théâtre et...

  • CAVATINE

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 353 mots

    Terme musical, tiré de l'italien cavatina, diminutif de cavata qui désignait au xviiie siècle un petit arioso placé à la fin d'un récitatif (ainsi chez J.-S. Bach, par exemple dans ses Cantates nos 76, 80 et 117). Dans les opéras et les oratorios du xviiie et du xixe siècle, surtout...

  • CHANSON À BOIRE

    • Écrit par Daniel POIRION
    • 572 mots

    Les manuscrits du xiiie siècle contiennent, parmi toutes les pièces lyriques qui ne relèvent pas des grands genres courtois, un certain nombre de chansons à boire. Celles-ci sont dans une large mesure la transposition en langue vulgaire des chansons goliardiques. Elles développent cependant...

  • GLUCK CHRISTOPH WILLIBALD VON (1714-1787)

    • Écrit par Michel NOIRAY
    • 2 844 mots
    • 2 médias
    ...de Paris, pour en adapter les meilleurs morceaux à de nouveaux textes italiens, et même à des paroles françaises. Les plus réussis de ces emprunts sont l'air « Se povero il ruscello », tiré d'Ezio, qui devint le grand récitatif obligé « Che puro ciel » dans Orfeo, « Là sul margine...
  • Afficher les 16 références

Voir aussi