ABYDOS

Les cénotaphes royaux et le temple de Séti Ier

Abydos : restitution du cénotaphe F6-14

Abydos : restitution du cénotaphe F6-14

Abydos : restitution du cénotaphe F6-14

Restitution du cénotaphe F6-14 ; vue en coupe à gauche, vue générale à droite. Pennsylvania - Yale…

Les pharaons adoptèrent également l'usage du cénotaphe, dont le temple de Séti Ier est l'exemple le plus remarquable. Avant lui, dans la partie sud du site, à près de trois kilomètres de Kom es-Sultan, des bâtiments ayant la même fonction avaient été édifiés pour Sésostris III (XIIe dynastie), Amosis, le fondateur de la XVIIIe dynastie, et sa grand-mère Tetisheri. D'autres constructions de même type au nom de souverains de la XVIIIe dynastie sont citées dans les textes mais n'ont pas été retrouvées.

Le mieux préservé de ces édifices est le temple de Séti Ier, situé au sud de Kom es-Sultan ; il fut achevé par son fils Ramsès II qui fit reproduire, entre autres, sur le premier pylône (aujourd'hui détruit) les scènes célèbres de la bataille de Kadech.

Abydos: temple de Séti I<sup>er</sup>

Abydos: temple de Séti Ier

Abydos: temple de Séti Ier

Plan du temple de Séti Ier d'après John Baines et Jaromir Málek, Atlas of Ancient Egypt, Oxford,…

Le temple présente une forme en L tout à fait inhabituelle dans les monuments égyptiens et plusieurs autres particularités architecturales. Deux cours, fermées par deux pylônes, précédaient deux hypostyles. Dans l'état actuel, le portique de la deuxième cour sert de façade au temple. Il était primitivement percé de sept portes qui furent pour la plupart murées par Ramsès II. Il y fit graver des scènes relatives au culte rendu à son père. Chacune des hypostyles est divisée en sept travées correspondant aux sept chapelles du fond du temple. Les décors, tant sur les murs que sur les colonnes, sont dus à Ramsès II. Le fond du temple se compose non pas d'un sanctuaire unique comme c'est le plus fréquemment le cas, mais de sept chapelles, respectivement consacrées à Séti lui-même, à Ptah, à Rê-Horakhty, à Amon , à Osiris, à Isis et à Horus. À l'exception de celle de Séti, dédiée à la mémoire du souverain, elles contenaient sans doute chacune une barque portative pour la divinité. La chapelle d'Osiris communique à l'arrière avec d'autres salles où sont figurées des scènes appartenant au mythe osirien.

L'autre bras du L, l'aile sud du temple, comporte des chapelles dédiées aux dieux memphites Ptah-Sokaris et Nefertoum. Un long vestibule donnant accès à des magasins est orné d'une très belle scène dépeignant Ramsès II et un de ses fils capturant un bœuf au lasso, et surtout porte la liste des cartouches de soixante-seize pharaons qui, depuis Ménès, ont précédé Séti ; cette table des rois, bien qu'incomplète, est une des sources historiographiques les plus importantes pour la chronologie égyptienne. Toutes ces représentations, en léger relief rehaussé de couleurs qui ont gardé leur éclat, constituent par leur finesse, leur précision, leur équilibre et leur élégance, un des sommets de l'art égyptien. Dans l'angle du L s'élève une construction en brique crue qui était peut-être une sorte de palais, doté de magasins et de réserves.

Ce temple, le Memnonium de Strabon, est complété à l'arrière par un édifice indépendant, tout à fait unique dans sa conception. Il est connu sous le nom d'Osireion et forme le cénotaphe proprement dit du pharaon. Entreprise par Séti Ier, sa construction a été poursuivie par Merenptah, mais elle ne fut jamais achevée. Un long corridor, couvert de textes religieux funéraires, empruntés au Livre de ce qu'il y a dans l'au-delà et au Livre des portes, ouvre sur un vestibule. En tournant à angle droit, on parvient, après avoir traversé plusieurs pièces, à la chambre centrale conçue comme une île entourée d'un canal, lui-même bordé par un mur où sont creusées dix-sept niches. L'accès à l'île se faisait uniquement par deux escaliers partant du fond du canal ; l'île est creusée de deux cavités qui auraient été destinées à abriter le sarcophage et les vases canopes. Ce dispositif, partiellement couvert et qui[...]

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Écrit par

  • Christiane M. ZIVIE-COCHE : chargée de recherche au C.N.R.S., chargée de conférences à l'École pratique des hautes études, Ve section

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Pour citer cet article

Christiane M. ZIVIE-COCHE, « ABYDOS », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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Stèle consacrée à Osiris et destinée à obtenir la faveur du dieu après la mort

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En conformité avec les coutumes du pèlerinage, les Égyptiens dressent à Abydos des cénotaphes, qui…

Abydos : restitution du cénotaphe F6-14

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  • ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - La religion

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    [...]malheureusement guère laissé de traces dans les monuments ou la littérature. Il est certain que les Égyptiens pratiquaient les pèlerinages. Le pèlerinage à Abydos, où repose la tête d'Osiris, et celui à Bubastis sont parmi les plus populaires ; les morts eux-mêmes les accomplissaient et les représentations[...]
  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'archéologie

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