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POBLET ABBAYE DE

Une des créations cisterciennes les plus accomplies, à travers laquelle se lit l'histoire de l'ordre en Catalogne. Poblet fut fondée en 1153 par l'abbaye de Fontfroide, au diocèse de Narbonne, pour aider au repeuplement des terres de la nouvelle Catalogne, récemment conquise sur l'Islam par le comte de Barcelone Raymond-Bérenger IV. Il subsiste de cette première installation quelques constructions modestes et d'allure toute romane dans la partie orientale de la clôture. La fortune de la maison fut cependant rapide, à cause de la place qu'elle ne tarda pas à prendre dans l'État. Elle appuya la politique des rois d'Aragon et bénéficia de leur protection. L'abbaye, progressivement reconstruite suivant un programme infiniment plus ambitieux, offre encore de nos jours tous les bâtiments d'un monastère cistercien, chacun à son emplacement traditionnel. Commencée en 1166 et rapidement terminée, l'église constitue un ensemble architectural fort homogène, si l'on excepte la tour de la croisée, qui ne date que du xive siècle. L'importance de la communauté (quatre-vingts à cent moines en moyenne) imposa le choix d'un vaste chevet à déambulatoire et chapelles rayonnantes. Par ailleurs, les techniques gothiques font timidement leur apparition : alors que la nef et le transept sont encore couverts de berceaux brisés, la croisée d'ogives conquiert les collatéraux et le déambulatoire. C'est dans cette église que les rois d'Aragon se firent généralement enterrer à partir de Raymond-Bérenger IV. Au xive siècle, le roi Pierre le Cérémonieux (1335-1387) imagina d'élever leurs tombeaux sur deux grands arcs de maçonnerie bandés à la croisée du transept. La réalisation du projet fut confiée aux meilleurs sculpteurs catalans de l'époque. Malheureusement cet important décor souffrit de l'abandon du monastère en 1833. Il a été restauré par le sculpteur Federico Marés, après qu'une communauté cistercienne eut repris possession des lieux, en 1940. Du mobilier ancien ne subsiste que le grand retable du maître-autel, une œuvre du Valencien Damián Forment, réalisée dans l'esprit de la Renaissance (1527-1529).

L'intérêt des autres bâtiments monastiques n'est pas moindre, à commencer par la salle capitulaire du début du xiiie siècle, élégante et lumineuse, caractérisée par ses piliers octogonaux, ses ogives soigneusement moulurées, ses chapiteaux sculptés. La salle des moines, à peu près contemporaine, la prolonge. À la différence de la salle capitulaire, on l'a voulue simple et d'aspect robuste, avec des nervures et des doubleaux de section rectangulaire. Une suite de colonnes médianes la partage en deux nefs. Le réfectoire, édifié aux environs de 1225, est encore couvert d'un berceau brisé sur doubleaux, cependant que pour la couverture du dortoir, datant du milieu du xiiie siècle (un des plus vastes que l'ordre ait jamais construits, avec ses 87 mètres de longueur), on a choisi le parti méridional de la charpente apparente sur des arcs diaphragmes de maçonnerie. Ces bâtiments communiquent avec un cloître, commencé à la fin du xiie siècle, et dont la construction se prolongea durant tout le xiiie siècle. On peut y suivre les progrès du style gothique dans le tracé des remplages. L'aile qui est contiguë à l'église est la plus ancienne ; puis on éleva dans le préau, en face du réfectoire, le pavillon de la fontaine et on continua avec les autres galeries. À l'ouest du cloître, les bâtiments des convers comprenaient deux parties distinctes, séparées par un passage. Près de l'église était le cellier ; à l'opposé, le réfectoire, divisé en deux nefs par une rangée de piliers trapus.

Située à mi-chemin de Barcelone et de Saragosse, les deux principales capitales des États de[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail

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