Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TIBET (XIZIANG)

Archéologie et art

Archéologie

La crainte de provoquer le courroux des divinités telluriques dissuada les Tibétains d'entreprendre les fouilles systématiques qui leur auraient permis de connaître leur passé lointain. Seuls les hasards des travaux des champs avaient mis au jour quelques vestiges : premiers jalons publiés par G. Tucci.

Depuis les années 1950, des découvertes fortuites, des campagnes de repérage et plusieurs fouilles importantes ont cependant révélé l'existence au Tibet d'un patrimoine archéologique considérable.

En de nombreux points du Tibet du Nord, à une altitude moyenne de 4 000 mètres, et dans un site de la région de Ding-ri, à la frontière du Népal, ont été découverts des outils de pierre taillée, qui ont été datés du Paléolithique supérieur et placent le Tibet dans le groupe des cultures « à choppers », celui de l'Asie centrale et orientale. Dans le nord du pays et dans l'actuelle province du Qinghai, de nombreux sites à microlithes témoignent de techniques plus avancées.

Des sites néolithiques ont également été découverts, en général sur des terrasses fluviales : à Qugong, près de Lhasa, et dans les vallées du gTsang-po (sites de sNying-khri) et de ses affluents (Yarlung). Le plus important est le site de Karuo, près de Chab-mdo (Tibet oriental) sur le haut cours du Mékong. Maisons semi-enterrées en torchis ou construites en pierre, matériel lithique comportant, outre des outils en pierre polie, des outils en pierre taillée et des microlithes, objets en os, poterie au décor incisé ou imprimé, parfois peint, très différente des pièces chinoises contemporaines y témoignent d'un millénaire d'occupation, entre 3000 et 2000 avant notre ère.

Les monuments mégalithiques sont nombreux sur l'ensemble du territoire tibétain, sans que les dates puissent en être fixées avec précision, du IIe millénaire avant notre ère aux premiers siècles de celle-ci : tombes marquées par un cercle de pierres, monolithes isolés, alignements, comme l'impressionnant ensemble du lac sPang-gong (Tibet occidental) composé de dix rangs de pierres levées, bornés à l'ouest par deux demi-cercles et trois grands monolithes. De nombreux objets d'art animalier ont été trouvés, dans des circonstances mal connues, sur le plateau tibétain ; ils témoignent des contacts que le Tibet eut de longue date avec des régions parfois très lointaines d'Asie.

L'état des recherches ne permet pas encore de dater avec précision l'apparition de la métallurgie au Tibet central. On a cependant trouvé dans le Qinghai, région qui fut au contact des cultures du cuivre et du bronze du nord-ouest de la Chine, des objets en métal dont les dates s'échelonnent entre le IIe millénaire et le ve siècle avant notre ère.

Du Qinghai au Ladakh, des pétroglyphes ont été relevés en grand nombre ; certains paraissent très marqués par l'influence Saka. Les datations, à partir du vie siècle avant notre ère, restent très imprécises.

Si l'histoire officielle du Tibet « monarchique » commence au viie siècle pour s'achever au ixe, les vestiges de cette époque couvrent une période encore mal définie, mais vraisemblablement plus étendue. En dehors du site des tombes royales de 'Phyong-rgyas, décrit par G.  Tucci notamment, on a découvert depuis les années 1960 de très nombreuses nécropoles, regroupant parfois plusieurs centaines de tombes, en général couvertes d'un tumulus, le plus souvent trapézoïdal. Au Tibet central, où les pillages ont été nombreux au cours de l'histoire, les fouilles n'ont jusqu'à présent mis au jour que des poteries rouges assez rustiques, quelques objets en métal (laiton et fer), quelques outils et pièces d'ornementation.

Le site de 'Phyong-rgyas dans la vallée de Yar-klungs comporte dix tumuli, tombes de huit[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chargée de mission au musée Guimet
  • : professeur à l'université de Rome
  • : Fellow of the British Academy
  • : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, Chantal MASSONAUD, Luciano PETECH, David SNELLGROVE et Pierre TROLLIET. TIBET (XIZIANG) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Chine : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chine : carte administrative

Plateau du Tibet - crédits : J. Singer/ Click

Plateau du Tibet

Berger tibétain et son troupeau - crédits : Feng Wei Photography/ Moment Open/ Getty Images

Berger tibétain et son troupeau

Autres références

  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés

    • Écrit par Philippe PELLETIER
    • 23 142 mots
    • 4 médias
    ...de cette nouvelle situation au cœur de l'Asie, la Chine réalise deux projets majeurs en 2006. D'une part, elle prolonge son réseau ferroviaire jusqu'au Tibet, en ouvrant la voie Golmud-Lhassa (1 100 km), la plus haute du monde (col de Tanggula, 5 072 m), qui lui permettra de renforcer sa mainmise sur...
  • BHOUTAN

    • Écrit par Benoît CAILMAIL, François DURAND-DASTÈS, Alain LAMBALLE, Chantal MASSONAUD
    • 7 360 mots
    • 6 médias
    ...aurait été peuplé au cours du Ier millénaire par des tribus d'origine indo-mongole, confédérées en États princiers, au moment où règne au Tibet le roi Srong-btsan sGam-po. C'est alors que les Tibétains firent leurs premières incursions dans le pays qu'ils nomment Lho-yul (pays du Sud) ou...
  • BOUDDHISME (Histoire) - L'expansion

    • Écrit par Jean NAUDOU
    • 3 116 mots
    • 4 médias
    La conversion du Tibet au bouddhisme se confond avec l'introduction des civilisations indienne et chinoise, dans ce pays isolé et resté à l'écart des grands courants culturels jusqu'au milieu du viie siècle de notre ère. Le bouddhisme pourtant, d'après la légende, serait apparu au...
  • BRAHMAPOUTRE

    • Écrit par François DURAND-DASTÈS
    • 600 mots
    • 1 média

    Les Indiens donnent le nom de Brahmaputra (« fils de Brahma ») à un fleuve puissant, long de 2 900 kilomètres et drainant un bassin de 580 000 kilomètres carrés, qui prend sa source au nord de l'Himalaya pour venir finalement mêler ses eaux à celles du Gange dans un delta commun...

  • Afficher les 32 références

Voir aussi