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PUNIQUES (GUERRES)

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

On appelle guerres puniques le conflit qui opposa Carthage à Rome, de 264 à 146 avant J.-C., et qui se termina par la destruction de Carthage. L'emploi de cette expression implique qu'on adopte le point de vue romain, le seul qui soit connu, puisque tous les témoignages émanent d'historiens latins (le principal est Tite-Live) ou de Grecs amis de Rome, comme Polybe qui assista à la destruction de Carthage. Le conflit comprend trois phases actives. La première est une lutte pour la possession de la Sicile, qui s'achève au bénéfice de Rome. La deuxième est une tentative de revanche menée par une famille carthaginoise, les Barcides. Si Hannibal essaie de briser la « confédération italique » et y parvient presque, Rome reprend le dessus et règle l'affaire en Afrique même. Carthage n'est plus dès lors qu'un État vassal. Enfin, Rome décide un jour, pour des raisons malaisément compréhensibles, de la détruire. Il lui faut alors trois ans pour venir à bout de la résistance désespérée d'un peuple qui démontrera sa vitalité en maintenant sa civilisation pendant plusieurs siècles.

Cette crise représente un tournant dans l'évolution du monde méditerranéen antique. Polybe remarquait déjà qu'elle avait décidé du sort du bassin oriental, dominé depuis Alexandre par les États gréco-macédoniens, autant que de celui du bassin occidental ; il souligne aussi que les moyens employés par les adversaires ont été beaucoup plus importants que ceux qui ont été mis en œuvre dans toutes les guerres antérieures, y compris celles d'Alexandre. A. J. Toynbee compare les guerres puniques aux guerres mondiales du xxe siècle : elles ont entraîné une transformation radicale, politique et sociale, de tous les peuples qui s'y sont trouvés impliqués. Pour Rome, elles marquent le passage de la première phase de l'impérialisme, limitée à l'Italie, à la seconde, dont l'objectif est la domination du monde antique. Elles entraînent une transformation des relations entre Rome et les Italiens, qui aboutira à la mort de la cité romaine élargie, façonnée par la conquête du ive siècle, et à l'éclosion du premier État véritable. Avant d'entraîner sa mort politique, la crise avait transformé Carthage peut-être plus profondément que Rome ; malheureusement, nous sommes fort mal instruits de ces changements, que certains historiens modernes vont jusqu'à nier. Il nous apparaît pourtant que les Barcides ont engagé l'ensemble de l'État punique sur des voies tout à fait nouvelles, en profitant des conséquences de la grande secousse que nous appelons la guerre des mercenaires, en réalité un début de révolution sociale, de même nature que les révoltes d'esclaves qui agitèrent au iiie et au iie siècle l'Asie Mineure, la Sicile et bien d'autres parties du monde méditerranéen. Si Hannibal avait vaincu, il aurait sans doute fondé un empire universel plus ou moins analogue à celui d'Alexandre, où une large place eût été laissée aux forces démocratiques, aux dépens des oligarchies de possédants, qui presque partout soutinrent Rome. Malgré son échec, certaines leçons n'ont pas été perdues, et son principal adversaire, Scipion, est sans doute celui qui en profita le plus. Après lui, Carthage est devenue, selon le témoignage formel de Polybe, une démocratie avancée dont les audaces effrayèrent le Sénat romain au point de lui faire décider sa suppression.

Rome à la conquête de la mer

Le monde hellénique s'était jusque-là presque entièrement désintéressé des affaires d'Occident ; personne n'imaginait qu'une puissance fondée à l'ouest de l'Adriatique pût devenir dangereuse pour les Grecs : après la défaite d'Hannibal, les Hellènes découvrirent qu'ils étaient à la merci de Rome. Même Philippe V de Macédoine, qui conclut une alliance avec les Carthaginois[...]

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Pour citer cet article

Gilbert-Charles PICARD. PUNIQUES (GUERRES) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Guerres puniques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Guerres puniques

Fragment de la colonne rostrale - crédits : Nimatallah/ AKG-images

Fragment de la colonne rostrale

Autres références

  • CARTHAGE

    • Écrit par Abdel Majid ENNABLI, Liliane ENNABLI, Universalis, Gilbert-Charles PICARD
    • 9 841 mots
    • 5 médias
    Cette situation est gravement ébranlée par la première guerre avec Rome (264-241). Carthage et Rome s'étaient encore entendues pour éliminer Pyrrhos d'Épire qui tentait de relever l'hellénisme occidental (278-276). Mais Rome fut entraînée par ses associés campaniens à prendre pied en Sicile. Le gouvernement...
  • CATON L'ANCIEN ou LE CENSEUR MARCUS PORCIUS (234-149 av. J.-C.)

    • Écrit par Joël SCHMIDT
    • 435 mots

    Symbole de la virtus romaine, alliance du courage et de l'abnégation, de la fierté patriotique et de l'austérité morale, Marcus Porcius Cato, dit Caton l'Ancien est un vieux Romain aux mœurs irréprochables qui a servi la Rome républicaine et qui est mort lorsque la ville, prenant une dimension historique...

  • CIVILISATION ROMAINE (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 4 292 mots
    • 18 médias
    Les trois guerres puniques, entre 264 et 146 av. J.-C. – et surtout la deuxième, conclue par la bataille de Zama en 202 –, permettent à Rome d’éliminer sa principale rivale commerciale en Méditerranée, Carthage. La conquête de l’Orient, engagée au début du iie siècle avant J.-C., aboutit...
  • EMPURIES

    • Écrit par Pedro de PALOL
    • 1 329 mots

    Située près d'une ville ibérique non identifiée (Indika), sur la côte de Catalogne, Empúries (en catalan) est une ancienne colonie grecque (Emporion) qui fut, par la suite, romanisée (Emporiae). Fondée par les Phocéens au début du ~ vie siècle, à la même époque que Massalia...

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Voir aussi