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PUNIQUES (GUERRES)

La première guerre punique

Guerres puniques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Guerres puniques

Le conflit pouvait prendre fin sur ces bases, Rome gardant Messine et le protectorat de Syracuse, et Carthage conservant le domaine qui est sien depuis la fin du ve siècle. Or, le gouvernement punique, qui n'a pratiquement pas agi jusque-là, se met à concentrer des forces importantes à Agrigente. Les Romains prennent l'offensive et se rendent maîtres d'Agrigente après un siège de sept mois (262) ; de nombreuses villes siciliennes se rallient à Rome.

Fragment de la colonne rostrale - crédits : Nimatallah/ AKG-images

Fragment de la colonne rostrale

Carthage adopte alors une nouvelle tactique : obligée de reconnaître la supériorité romaine en rase campagne, elle enferme ses armées dans des forteresses et réserve l'offensive à sa flotte qui multiplie les raids contre les ports siciliens ralliés à Rome, et même contre les côtes italiennes. Pendant cinq ans, jusqu'en 256, les positions ne varient guère dans l'île. Mais, dès 260, un événement capital s'est produit : Rome a constitué une flotte et le consul Duilius a détruit une escadre punique à Mylae. La tradition romaine présente cette création d'une marine comme une innovation complète (on aurait copié des vaisseaux puniques échoués) et attribue à Duilius une invention technique, celle des « corbeaux », passerelles d'abordage munies de grappins, qui auraient neutralisé la supériorité manœuvrière des pilotes puniques. En réalité, les Romains disposaient d'arsenaux bien équipés et de pilotes expérimentés dans les ports grecs d'Italie méridionale et sans doute aussi chez les Étrusques ; mais ils ont cherché à minimiser le rôle certainement très important joué par ces alliés dans la victoire.

Cependant, l'établissement d'un équilibre naval entre les belligérants n'a pas de conséquences immédiates sur le déroulement de la guerre en Sicile. Un des consuls de 256, Regulus, propose alors d'obliger Carthage à capituler en allant l'attaquer chez elle, en Afrique, suivant l'exemple donné, en 310, par le roi de Syracuse Agathocle. Marcus Atilius Regulus, que la tradition présente comme le type du « vieux Romain », est en réalité, comme l'a montré J. Heurgon, un de ces sénateurs d'origine campanienne qui préconisent une politique hardiment impérialiste. Son débarquement au cap Bon, dans la région la plus riche du territoire africain de Carthage, prend au dépourvu les Puniques et leur inflige les plus lourdes pertes : depuis une quinzaine d'années, on fouille à la pointe de la péninsule une petite ville détruite alors par l'armée romaine et abandonnée par la suite ; le luxe des maisons de cette « Pompéi punique », appelée aujourd'hui Kerkouane ou Dar es-Safi, donne une idée de la prospérité de la république africaine et de la gravité des dommages que lui causa la guerre. Cependant, Carthage parvint à se débarrasser de Regulus, grâce à un condottiere spartiate nommé Xanthippe. La captivité du consul fournit à la propagande de guerre romaine des thèmes longuement exploités.

L'échec de Regulus fut compensé en 254 par la prise de Palerme, capitale de la province punique en Sicile. Les Carthaginois ne tenaient plus désormais que quelques forteresses à la pointe occidentale de l'île. Mais ils reprirent l'avantage sur mer : en 249, une flotte romaine fut écrasée devant Drepanum, aujourd'hui Trapani ; bien soutenues par la marine, les garnisons d'Éryx et de Lilybée défiaient les assiégeants. À partir de 247, un jeune général, Amilcar Barca, organisa une guerre de commandos qui retarda la mainmise totale des Romains sur l'île.

Le pourrissement de la guerre lassait les deux adversaires. À Rome, les Fabii revinrent au consulat, et l'on n'envoya plus en Sicile que des forces réduites. À Carthage, le parti des grands propriétaires fit donner la priorité à l'extension vers l'intérieur de l'Afrique. Cependant, les « capitalistes[...]

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Pour citer cet article

Gilbert-Charles PICARD. PUNIQUES (GUERRES) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Guerres puniques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Guerres puniques

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Fragment de la colonne rostrale

Autres références

  • CARTHAGE

    • Écrit par Abdel Majid ENNABLI, Liliane ENNABLI, Universalis, Gilbert-Charles PICARD
    • 9 841 mots
    • 5 médias
    Cette situation est gravement ébranlée par la première guerre avec Rome (264-241). Carthage et Rome s'étaient encore entendues pour éliminer Pyrrhos d'Épire qui tentait de relever l'hellénisme occidental (278-276). Mais Rome fut entraînée par ses associés campaniens à prendre pied en Sicile. Le gouvernement...
  • CATON L'ANCIEN ou LE CENSEUR MARCUS PORCIUS (234-149 av. J.-C.)

    • Écrit par Joël SCHMIDT
    • 435 mots

    Symbole de la virtus romaine, alliance du courage et de l'abnégation, de la fierté patriotique et de l'austérité morale, Marcus Porcius Cato, dit Caton l'Ancien est un vieux Romain aux mœurs irréprochables qui a servi la Rome républicaine et qui est mort lorsque la ville, prenant une dimension historique...

  • CIVILISATION ROMAINE (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 4 292 mots
    • 18 médias
    Les trois guerres puniques, entre 264 et 146 av. J.-C. – et surtout la deuxième, conclue par la bataille de Zama en 202 –, permettent à Rome d’éliminer sa principale rivale commerciale en Méditerranée, Carthage. La conquête de l’Orient, engagée au début du iie siècle avant J.-C., aboutit...
  • EMPURIES

    • Écrit par Pedro de PALOL
    • 1 329 mots

    Située près d'une ville ibérique non identifiée (Indika), sur la côte de Catalogne, Empúries (en catalan) est une ancienne colonie grecque (Emporion) qui fut, par la suite, romanisée (Emporiae). Fondée par les Phocéens au début du ~ vie siècle, à la même époque que Massalia...

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