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PHILIPPINES

Nom officiel

République des Philippines (PH)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Ferdinand Marcos Jr., dit Bongbong Marcos (depuis le 30 juin 2022)

      Capitale

      Manille 1

        Langues officielles

        Anglais, tagalog (filipino)

          Unité monétaire

          Peso philippin (PHP)

            Population (estim.) 116 628 000 (2024)
              Superficie 295 633 km²

                La république des féodaux

                Le maintien d'un vernis démocratique sous le régime de Marcos ne fait pas illusion. Le 7 avril 1978, les premières élections après la proclamation de la loi martiale consacrent la victoire du Kilusan Bagong Lipunan (Mouvement pour la Nouvelle Société) emmené par Imelda Marcos. Cent soixante-cinq députés (sur cent quatre-vingt) sont aux ordres du président. Les manipulations électorales ont réussi à écarter l'opposition légale regroupée autour de Benigno « Ninoy » Aquino. Bien que l'activisme politique de ce dernier soit réduit à la portion congrue, le chef du Laban Party craint pour sa vie et s'exile en 1980 aux États-Unis, comme la plupart des opposants au régime. La loi martiale est officiellement levée le 17 janvier 1981 ; c'était une condition préalable posée par le pape Jean-Paul II à sa visite dans l'archipel le mois suivant. Effet de manche sans conséquence car Marcos est de nouveau élu pour un troisième mandat le 16 juin avec 88 % des suffrages. Pourtant, cette victoire masque mal la crise de confiance que traverse le régime.

                La chute de Marcos

                Ferdinand Marcos, vers 1986 - crédits : Melvyn Calderon / Liaison Agency/ Getty Images

                Ferdinand Marcos, vers 1986

                L'opposition étant muselée et en dépit de l'agitation communiste et musulmane, Marcos tient bien en mains les rênes du pouvoir. Seul son état de santé laisse envisager une alternance : le président s'absente à échéance régulière pour se faire soigner les reins. Un événement inattendu change les données du problème. Le 21 août 1983, Benigno Aquino revient à Manille. Dès sa descente d'avion, il est assassiné par des militaires. Si le commanditaire fait encore aujourd'hui l'objet de spéculation, l'opinion publique nationale et internationale reporte la responsabilité de l'assassinat sur le dictateur. Marcos sait dès lors que ses jours sont comptés, car il doit faire face à une fronde coalisée autour de la veuve d'Aquino, Corazon, appelée par son surnom Cory.

                La brutalité de l'événement choque les Philippins, surtout ceux des classes moyennes de la capitale. Les hommes d'affaires craignent que le climat ne dégénère en guerre civile d'autant que la Nouvelle Armée du Peuple tient l'armée régulière en échec dans les provinces. Les communistes du C.P.P. se rapprochent des démocrates. La dévotion de Cory Aquino séduit la hiérarchie de l'Église catholique, dont l'influence au sommet de l'État a reculé depuis 1972. Mais la menace la plus sérieuse vient de l'armée elle-même. La grogne gagne les officiers de rang intermédiaire. La prévarication prévalant sur le mérite, les carrières sont bloquées par le favoritisme. L'A.F.P. piétine en province et son prestige est largement terni par les atteintes régulières aux droits de l'homme. De jeunes officiers forment secrètement le R.A.M (Reform the Armed Forces Movement). Le président américain Ronald Reagan, qui comptait Marcos comme un de ses proches amis, prend ses distances par rapport à un régime discrédité sur la scène internationale. Pour se refaire une virginité politique, Marcos décide d'avancer la date de l'élection présidentielle. Au terme d'une campagne qui a provoqué la mort de quatre-vingt treize personnes, il se proclame vainqueur face à Cory Aquino, chef de file de l'opposition, le 7 février 1986. Grâce à de nombreux truquages, il obtient 10,8 millions de voix contre 9,2 à son adversaire. La tension est à son comble. Le R.A.M. planifie l'attaque de Malacanan, le palais présidentiel, pour le 23. Le complot est éventé deux jours avant ; l'armée régulière se voit intimer l'ordre d'écraser la rébellion, dont les chefs sont regroupés dans deux camps militaires de Manille sur E.D.S.A., axe autoroutier essentiel à la circulation nord-sud de la capitale.

                Cory Aquino après son élection, en 1986 - crédits : Peter Kevin Solness/ Fairfax Media Archive/ Getty Images

                Cory Aquino après son élection, en 1986

                Le People Power ou révolution d'E.D.S.A. est une manifestation non violente[...]

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                Écrit par

                • : docteur ès lettres (histoire), historien, professeur (relations internationales)
                • : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
                • : professeur associé, American University, Dubaï, Émirats arabes unis
                • : assistant professor, université des Philippines, Cubao
                • : diplômé de l'École nationale des langues orientales vivantes
                • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                Classification

                Pour citer cet article

                Philippe DEVILLERS, Universalis, Manuelle FRANCK, William GUÉRAICHE, Lucila V. HOSILLOS et Jean-Louis VESLOT. PHILIPPINES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                Médias

                Philippines : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Philippines : carte physique

                Philippines : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Philippines : drapeau

                Bidonville à Manille, Philippines - crédits : Auscape/ Universal Images Group / Getty Images

                Bidonville à Manille, Philippines

                Autres références

                • PHILIPPINES, chronologie contemporaine

                  • Écrit par Universalis
                • AQUINO BENIGNO (1932-1983)

                  • Écrit par Paul BURG
                  • 965 mots

                  Benigno Aquino, principale figure d'opposition au régime autoritaire du président philippin Ferdinand Marcos, représentait un véritable défi pour l'équipe au pouvoir, par sa jeunesse, ses talents d'orateur et sa réputation de justicier intègre — défi d'autant plus intolérable qu'il aurait été un successeur...

                • AQUINO CORAZON (1933-2009)

                  • Écrit par Universalis
                  • 502 mots

                  Présidente des Philippines de 1986 à 1992, Corazon Aquino restera dans l’histoire de son pays comme celle qui a mis à bas, sans violence, le régime dictatorial et corrompu de Ferdinand Marcos.

                  Maria Corazon Cojuangco naît le 25 janvier 1933 à Manille dans une famille fortunée et politiquement...

                • ASEAN (Association of South East Asian Nations) ou ANSEA (Association des nations du Sud-Est asiatique)

                  • Écrit par Anne-Marie LE GLOANNEC
                  • 226 mots

                  Organisation internationale fondée en août 1967 par l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande pour remplacer l'Association de l'Asie du Sud-Est (A.S.A.), l'Association des nations du Sud-Est asiatique vise à coordonner l'action de gouvernements hostiles...

                • ASIE (Structure et milieu) - Géologie

                  • Écrit par Louis DUBERTRET, Universalis, Guy MENNESSIER
                  • 7 933 mots
                  L'arc volcanisé des Célèbes se prolonge dans les Philippines bordées à l'est par l'arc externe de Samar. Dans la partie occidentale des Philippines s'étend un double système d'arcs (Luçon) formant le raccord avec Bornéo, l'arc volcanisé se trouvant à l'est, l'arc externe à l'ouest. L'arc...
                • Afficher les 38 références

                Voir aussi