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PÉDAGOGIE Les courants modernes

Le thème de la démocratisation dans les projets révolutionnaires

Les transformations qui, au xixe siècle, affectent l'Europe et indirectement le reste du monde découlent, en grande partie, de la révolution industrielle anglaise des années 1780 et de la révolution politique française des années 1789-1799. Cette dernière comporte deux phases contrastées. La première est marquée par la hardiesse des projets et la faiblesse des réalisations. La seconde, inaugurée par la chute de Robespierre, est caractérisée, au contraire, par le recul des idées et l'ampleur des réalisations. Deux projets dominent la première phase : le rapport présenté en 1792 par Condorcet (1741-1794) à l'Assemblée législative et le plan de L. M. Le Peletier de Saint-Fargeau (1760-1793) lu en 1793 à la Convention par Robespierre.

La formation continue dans le rapport de Condorcet

Héritier du mouvement encyclopédiste, Condorcet considère que l'individu et l'espèce humaine sont perfectibles et que cette perfectibilité découle des progrès corrélatifs de l'instruction et des sciences. En outre, le progrès technique est censé libérer l'homme pour des activités de formation. Aussi, Condorcet préconise-t-il la gratuité, la laïcité et l'égalité des sexes vis-à-vis de l'instruction.

Dans un vaste ensemble scolaire et universitaire à cinq degrés, Condorcet fait une place à la formation des adultes. « En continuant l'instruction pendant toute la durée de la vie, déclare-t-il, on empêchera les connaissances acquises dans les écoles de s'effacer trop promptement de la mémoire ; on entretiendra dans les esprits une activité utile ; on instruira le peuple des lois nouvelles, des observations d'agriculture, des méthodes économiques qu'il lui importe de ne pas ignorer. On pourra lui apprendre enfin l'art de s'instruire par soi-même, comme à chercher des mots dans un dictionnaire, à se servir de la table d'un livre, à suivre sur une carte, sur un plan, sur un dessin, des narrations ou des descriptions, à faire des notes et des extraits... »

Pour atteindre ces objectifs, Condorcet envisage l'organisation de conférences hebdomadaires dans les écoles secondaires de district, l'institution d'un enseignement ouvert dans les instituts départementaux et la participation aux fêtes nationales, conçues comme un moyen privilégié de formation civique.

L'éducation par le travail dans le plan Le Peletier

Le contenu du plan Le Peletier confirme le point de vue selon lequel la pensée politique et pédagogique de Rousseau serait plus proche de l'idéologie montagnarde que des autres courants doctrinaux qui se sont succédé au cours de la Révolution. En effet, ce plan est caractérisé, entre autres, par la force des préoccupations démocratiques, par le souci de faire prévaloir l'éducation sur l'instruction, par le rôle attribué au travail dans la formation de l'homme, par l'importance conférée à la première éducation et par l'austérité et la frugalité des règles de vie et du régime prévus pour les maisons d'éducation nationale.

Ces maisons sont des internats conçus pour assurer des chances égales aux enfants des campagnes et à ceux des villes, âgés de cinq à douze ans. L'enseignement est gratuit, laïque et obligatoire. Les dépenses d'enseignement sont en partie couvertes par le produit des travaux accomplis par les élèves. La surveillance et la gestion des maisons d'éducation sont confiées à des conseils de pères de famille. L'importance de la recherche n'échappe pas aux vues de Le Peletier : « Ouvrez vos trésors pour récompenser sur chaque partie les meilleurs ouvrages, et cette munificence même enrichira la République. Je pousserai encore plus loin cette idée, et j'ose attester que la société et l'humanité pourraient recueillir d'importants avantages de l'établissement[...]

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Pour citer cet article

Antoine LÉON. PÉDAGOGIE - Les courants modernes [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jean-Jacques Rousseau - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Jean-Jacques Rousseau

Autres références

  • ÉDUCATION / INSTRUCTION, notion d'

    • Écrit par Daniel HAMELINE
    • 1 299 mots

    On pourrait penser, dans un premier temps, que les rapports entre « éduquer » et « instruire » sont simples à établir. Si l'on se réfère à la définition qu' Emmanuel Kant donne de l'éducation, à la fin du xviiie siècle, l'instruction apparaît, à côté « des soins, de...

  • ARNOLD THOMAS (1795-1842)

    • Écrit par Universalis
    • 366 mots

    Éducateur britannique, headmaster (directeur) de la célèbre public school de Rugby, Thomas Arnold exerça une forte influence sur l'éducation privée en Angleterre. Il était le père du poète et critique Matthew Arnold.

    Né le 13 juin 1795 à East Cowes, sur l'île de Wight, Thomas Arnold fait...

  • ASCHAM ROGER (1515-1568)

    • Écrit par Henri FLUCHÈRE
    • 386 mots

    Humaniste anglais du meilleur ton, qui gaspillait parfois son temps à jouer aux dés et qui assistait à des combats de coqs, Ascham était cependant un grave personnage et un grand érudit. Fort en langues classiques dès son admission à St. John's College (Cambridge), il y devint bientôt professeur...

  • ASHTON-WARNER SYLVIA (1908-1984)

    • Écrit par Universalis
    • 269 mots

    La pédagogue et écrivain néo-zélandaise Sylvia Ashton-Warner se fit connaître par son travail innovant consistant à adapter les méthodes traditionnelles d'enseignement de l'anglais aux besoins spécifiques des enfants maoris. Elle visait ainsi à promouvoir la paix et la communication entre deux cultures...

  • Afficher les 67 références

Voir aussi