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NEW YORK

Une ville issue de l'immigration

La ville de New York est certainement la ville américaine qui, au cours de l'histoire, a accueilli le plus grand nombre d'immigrés. Ses premiers habitants, après les Indiens, furent des Wallons, qui ont été rejoints par des Anglais, des Allemands et des huguenots. Très rapidement, elle eut une population européenne d'une grande diversité, mais il faut mentionner la présence d'une proportion de 20 % de Noirs, attestée dès 1746. New York a même connu des révoltes d'esclaves avant que l'esclavage y soit aboli en 1847.

Un afflux de main-d'œuvre

Entre 1815 et 1915, la situation économique de l'Europe du Nord et de l'Europe occidentale a poussé 33 millions de personnes à émigrer vers les États-Unis, dont l'industrialisation exigeait une main-d'œuvre croissante ; les trois quarts d'entre elles sont passées par le port de New York. À la fin du xixe siècle, les flux migratoires concernaient principalement des Juifs polonais et russes ainsi que des Italiens, des Hongrois et des Roumains.

Les immigrés s'établissaient généralement au sud de la 14e rue, dans des bâtiments collectifs nommés tenements, à proximité des docks, dont les conditions d'hygiène assez précaires étaient la cause d'un taux de mortalité relativement élevé. Ils réussirent toutefois à s'organiser et à s'entraider, grâce aux mouvements associatifs, tout en bénéficiant des emplois que leur attribuait le parti démocrate, très actif en milieu urbain. À partir de 1855, le centre de l'immigration de Castle Garden organisa de manière rationnelle l'arrivée des migrants, avant d'être transféré en 1892 à Ellis Island (devenu le musée de l'Immigration). Ces immigrés, employés dans la confection, dans les activités portuaires et les travaux publics constituèrent, en fonction de leur lieu d'installation, les premiers quartiers ethniques de la ville. La nature de l'immigration ayant été profondément modifiée après l'adoption de la loi fédérale en 1965, qui a favorisé le regroupement familial et aboli le principe de quotas par pays, New York a également accueilli des populations venues des îles Caraïbes, des Africains, mais surtout des Asiatiques et des Hispaniques venus d'Amérique centrale.

En 2017, les habitants de New York nés à l'étranger représentaient 37 % de la population de la ville (40 % en 1920). Celle-ci est composée de 32 % de Blancs (non hispaniques), 29 % de Latinos, 25 % de Noirs, et 14 % d'Asiatiques.

Le triomphe du melting-pot

New York, plus que n'importe quelle autre ville des États-Unis, peut se présenter comme le modèle de la ville melting-pot (« creuset »), un terme inventé en 1908 par le dramaturge Israel Zangwill, qui estimait qu'il était important que les immigrés prennent leurs distances par rapport à leurs cultures initiales pour mieux contribuer à enrichir la nationalité américaine.

Les tensions entre les différentes populations sont importantes mais, paradoxalement, compte tenu de leur grande hétérogénéité, les immigrés s'y sentent plus à l'aise que partout ailleurs. À New York, on parle 121 langues, et la ville se distingue par la variété de ses restaurants, Églises, associations politiques, boutiques, événements (comme la parade des Irlandais le jour de la Saint-Patrick ou celle des Italiens le jour de la San Gennaro, le patron de Naples), programmes de radio (huit à l'intention exclusive des auditeurs noirs, quatre en langue espagnole...) et de télévision. New York abrite le siège de quatre grands quotidiens de diffusion nationale, dont le New York Times, largement lu en dehors du pays, et 80 journaux en langue étrangère, hebdomadaires pour la plupart. Cette presse contribue à l'intégration des minorités (on parle de grassroots media).

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Écrit par

  • : directrice de recherche émérite au CNRS-CREDA, université Sorbonne Nouvelle, Paris, professeur à l'institut des hautes études de l'Amérique latine, Paris

Classification

Pour citer cet article

Cynthia GHORRA-GOBIN. NEW YORK [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

États-Unis : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

États-Unis : carte administrative

New York - crédits : Encyclopædia Universalis France

New York

Pont de Brooklyn achevé - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Pont de Brooklyn achevé

Autres références

  • AGRICULTURE URBAINE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET, Xavier LAUREAU
    • 6 273 mots
    • 8 médias
    ...routière ou ferroviaire…). Un exemple très connu est celui des fermes Lufa (Lufa Farms), implantées dans la région métropolitaine de Montréal au Canada. À New York, des restaurants de l’île de Manhattan tels que River Park Farm ou Bell Book & Candle, qui proposent des produits provenant de cultures « urbaines...
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie

    • Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER, Danièle LAVALLÉE, Catherine LEFORT
    • 18 105 mots
    • 9 médias
    ...entre les Blancs issus du même continent, les rapports ne sont pas toujours aisés. Les origines diverses se marquent à travers les paysages américains. Il n'est pas difficile de reconnaître à New York les rues où vivent les Italiens, les Irlandais... Cette ville est non seulement une des plus peuplées...
  • ART URBAIN

    • Écrit par Stéphanie LEMOINE
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    ...États-Unis un mouvement esthétique promis à une diffusion internationale : le writing (nom donné par les Anglo-Saxons au graffiti d'inspiration new-yorkaise et que les graffeurs préfèrent à celui, trop générique, de graffiti). Porté par l'essor du Civil Rights Movement, ce mode d'expression minoritaire...
  • BARTHOLDI FRÉDÉRIC AUGUSTE (1834-1904)

    • Écrit par Thérèse BUROLLET
    • 1 100 mots
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    Architecte et sculpteur français. Bartholdi perd très tôt son père et est élevé par une mère sévère qui n'approuve guère son goût pour les arts ni ses résultats médiocres au lycée Louis-le-Grand. Elle lui permet cependant d'étudier l'architecture puis la peinture dans l'atelier d'...

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