Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MONTAGNES Formation des chaînes de montagnes

Les chaînes de collision

La collision entre deux continents a, nous l'avons vu, été immédiatement précédée soit par une subduction (fig. 3), soit par une obduction (fig. 4). Dans le premier cas, un des continents chevauche l'autre mais il est tout à fait possible qu'aucune roche océanique, trace de l'océan disparu, ne jalonne ce contact mécanique. La frontière entre les deux continents, souvent appelés suture, est alors très discrète ; seules les études paléogéographiques détaillées permettent de la situer (fig. 3).

Dans le second cas, un continent chevauche également l'autre mais il existe alors, coincés entre eux, des restes de croûte océanique, mis en place lors de l'obduction. La suture est alors très nette et permet de localiser facilement la limite entre les deux continents initiaux (fig. 4). Dans les deux cas, il se forme des charriages importants, dont les sens de déversement sont toujours les mêmes, c'est-à-dire dans le sens du couple induit par la subduction initiale.

L'exemple de la chaîne de l'Himalaya-Tibet

L'Himalaya et le Tibet présentent un grand intérêt car ils montrent clairement la succession dans le temps d'une chaîne de subduction proche du type andin, d'une obduction, puis d'une chaîne de collision continentale par fermeture du domaine océanique.

Au nord de l' Inde affleurent au moins trois ceintures ophiolitiques (I, II, III, cf. carte dans chaîne himalayenne) qui sont les témoins d'océans disparus par subduction au cours des 200 derniers millions d'années. Ces ceintures ophiolitiques séparent au moins quatre ensembles continentaux distincts : au nord l' Asie, au sud l'Inde et, entre les deux, le Nord-Tibet et le Sud-Tibet. À la fin du Paléozoïque (vers — 250 millions d'années), l'Asie appartenait à un continent septentrional appelé Laurasie et l'Inde était rattachée à un continent austral, le Gondwana, lequel comprenait aussi l'Afrique, l'Amérique du Sud, l'Australie et l'Antarctique. Le Nord-Tibet et le Sud-Tibet présentent certaines affinités avec cet ensemble continental austral. Entre la Laurasie au nord et le Gondwana au sud s'étendait un grand océan appelé Paléotéthys.

Fermeture de l'océan Néotéthys - crédits : Encyclopædia Universalis France

Fermeture de l'océan Néotéthys

Le microcontinent du Nord-Tibet s'est détaché le premier de cet ensemble austral. Pendant qu'il migrait vers le nord au cours du Paléozoïque terminal-Trias, la Paléotéthys se fermait progressivement par subduction sous la Laurasie ; par ailleurs, un nouveau bassin océanique (la Mésotéthys) s'ouvrait entre le Nord-Tibet et le SudTibet. Le Nord-Tibet est entré en collision (suture III) avec la Laurasie au Trias (vers — 200 millions d'années). Suivant un processus semblable, le Sud-Tibet a commencé à migrer vers le nord, vers la fin du Paléozoïque-début du Trias. Sur sa marge septentrionale, la Mésotéthys se fermait par subduction sous le Nord-Tibet tandis qu'un nouveau domaine océanique (la Néotéthys) s'ouvrait entre le Sud-Tibet et le Gondwana. Le Sud-Tibet est entré en collision (suture II) avec le Nord-Tibet au cours du Jurassique supérieur-Crétacé inférieur (vers — 140 millions d'années). Enfin, au Crétacé supérieur (vers — 85 millions d'années), l'océan Indien a commencé à s'ouvrir ; l'Inde s'est mise alors à migrer rapidement vers le nord, pendant que la Néotéthys se fermait progressivement par subduction sous le Sud-Tibet. C'est cette fermeture de la Néotéthys suivie de la collision Inde-Asie (suture I) que nous allons examiner plus en détail (fig. 6).

La subduction de la Néotéthys et l'obduction

La subduction de la Néotéthys sous le Sud-Tibet induit sur la bordure méridionale de celui-ci une chaîne de type andin avec un plutonisme (le batholite transhimalayen) et un volcanisme calcalcalins (fig. 6a). Les déformations[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean AUBOUIN, Maurice MATTAUER et Jacques-Louis MERCIER. MONTAGNES - Formation des chaînes de montagnes [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tectonique des plaques - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Tectonique des plaques

Déformations de l'écorce terrestre - crédits : Encyclopædia Universalis France

Déformations de l'écorce terrestre

Néolithosphère et paléolithosphère - crédits : Encyclopædia Universalis France

Néolithosphère et paléolithosphère

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    Lesmontagnes tropicales d'Afrique comptent parmi les espaces les plus densément peuplés ; certaines présentent même des symptômes de surpeuplement. Les climats d'altitude y sont très favorables à l'homme, en raison de la disparition, au-dessus de 1 200-1 500 mètres d'altitude, des grands systèmes pathogènes...
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    ...Shkodër (370 km2) et au nord du Drin, formées de plusieurs massifs calcaires orientés sud-ouest - nord-est, présentent les formes les plus âpres. Les monts abrupts alternent avec des cirques glaciaires et des vallées étroites. Le mont Jezercë (2 693 m) domine une étoile de chaînes de plus de 2 000...
  • ALLEMAGNE (Géographie) - Aspects naturels et héritages

    • Écrit par François REITEL
    • 8 281 mots
    • 6 médias
    L'Allemagne alpine comprend deux éléments : la montagne alpine et le plateau de Bavière qui la précède vers le nord.
  • ALPES

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Bernard DEBARBIEUX, Paul OZENDA, Thomas SCHEURER
    • 13 214 mots
    • 11 médias

    Les Alpes constituent une des principales chaînes de montagne d’Europe, identifiée comme telle dès l’époque romaine, puis clairement circonscrite par les naturalistes à partir du xviiie siècle. Dotées de nombreux sommets dépassant les 4 000 mètres d’altitude, source de plusieurs cours d’eau...

  • Afficher les 67 références

Voir aussi