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ROBESPIERRE MAXIMILIEN DE (1758-1794)

Robespierre incarne la Révolution française dans sa tendance démocratique et ses méthodes terroristes, ce qui lui vaut, selon la règle, des admirateurs et des détracteurs. Toutefois, les premiers sont longtemps demeurés rares, parce que Robespierre déplaisait à beaucoup de révolutionnaires en raison de ses convictions morales et religieuses. Les détracteurs au contraire ont toujours abondé, parce que Robespierre dès sa chute a servi de bouc émissaire. Entre ces deux courants, des flottements se sont produits au gré des fluctuations de l'histoire et des idéologies de 1794 à nos jours.

Les origines

Par ses origines, Maximilien de Robespierre se rattache à la petite bourgeoisie de robe qui peupla les assemblées révolutionnaires, en même temps qu'il s'en distingue par les infortunes de sa famille. Il naquit à Arras, quatre mois après le mariage de ses parents ; il perdit sa mère dès 1764, son père délaissa les enfants et disparut, ses grands-parents moururent trop tôt pour l'élever. Il lui manqua l'affection, la considération et la richesse.

Boursier, il s'acharna au collège pour conquérir ce qui lui faisait défaut. À vingt-deux ans, il terminait ses études pourvu d'un certificat de bonne conduite, d'une gratification et d'une licence en droit. Avocat, il avait rétabli sa position sociale et ses chances quand il s'installa à Arras.

Son séjour prolongé à Paris au collège Louis-le-Grand l'avait ouvert à la philosophie des Lumières, détaché du catholicisme et engagé sur les traces de Rousseau avec une ferveur de disciple admiratif : « Homme divin, tu m'as appris à me connaître bien jeune, tu m'as fait apprécier la dignité de ma nature et réfléchir aux grands problèmes de l'ordre social. »

Il parut pourtant s'intégrer aisément à cet ordre. Il se fit une réputation d'avocat, de lettré, de bel esprit. Il entra à l'académie d'Arras et à la société des Rosati, comme Lazare Carnot ; comme lui et comme Rousseau, il concourut pour gagner les prix et la notoriété des académies provinciales. La réussite fut imparfaite, les lauriers trop rares, et les confrères déjà parvenus faisaient peser une lourde tutelle sur les jeunes. Il s'en indignait en 1788, tout comme Carnot déplorant la stagnation des jeunes talents dans le corps des ingénieurs militaires. Le climat de 1788 était à la contestation. Mais Robespierre étendait ses griefs à la société tout entière et projetait de libérer les pauvres de l'oppression et de l'injustice.

À cette époque, il se défendait contre certaines tendances profondes de sa nature, pressentant qu'elles l'empêcheraient d'aboutir : « Une idée absolue de perfection, de pureté, déclarait-il, ne peut être qu'une erreur politique. » Il se limitait à des vues réformistes et plaçait ses espérances en Necker. La convocation des états généraux lui fournit l'occasion d'agir.

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Pour citer cet article

Marcel REINHARD. ROBESPIERRE MAXIMILIEN DE (1758-1794) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BUONARROTI PHILIPPE (1761-1837)

    • Écrit par Jean MASSIN
    • 586 mots

    Né à Pise d'une noble famille toscane justement fière d'avoir donné au monde Michel-Ange, Philippe Buonarroti fait à l'université de Pise de bonnes études littéraires et juridiques. Fervent admirateur de Rousseau, il publie un journal, Gazetta universale, ce qui le fait...

  • CARNOT LAZARE NICOLAS MARGUERITE (1753-1823)

    • Écrit par Jan SEBESTIK
    • 1 453 mots
    • 1 média

    Dans les manuels d'histoire, la grande figure de l'« Organisateur de la victoire » plane, seule respectable, bien au-dessus des figures sanguinaires de la Révolution. Fils d'un avocat et notaire bourguignon, Lazare Carnot fait de bonnes études secondaires à Autun, entre à dix-huit ans à l'École du...

  • CLOOTS JEAN-BAPTISTE dit ANACHARSIS (1755-1794)

    • Écrit par Jean TULARD
    • 498 mots

    L'une des figures les plus curieuses de la Révolution, celle d'un étranger fasciné par les événements français de 1789 à 1794. « Si beaucoup de Français partaient, écrit Michelet, beaucoup d'étrangers venaient ; ils s'associaient de cœur à toutes nos agitations, ils venaient épouser la France. Et...

  • DANTON GEORGES JACQUES (1759-1794)

    • Écrit par Jean MASSIN
    • 1 987 mots
    • 1 média
    ...poursuites en quittant Paris. Danton reparaît sous la Législative comme substitut du procureur de la Commune de Paris (6 déc. 1791). Aux Jacobins, il soutient Robespierre (sans s'engager à fond) contre Brissot sur la question de la guerre ; puis, la guerre déclarée, il dénonce, comme Robespierre (avec plus d'éclats...
  • Afficher les 17 références

Voir aussi