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BERZELIUS JÖNS JACOB (1779-1848)

Jöns Jacob Berzelius - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Jöns Jacob Berzelius

Si la figure du chimiste suédois Jöns Jacob Berzelius brille d'un particulier éclat aux yeux de l'historien des sciences, c'est qu'il a été le législateur écouté du discours scientifique élaboré par Lavoisier. C'est à Berzelius qu'on doit les conceptions et les formulations qui ont permis à la chimie de trouver un système de représentations. Son rayonnement s'étendit de la Suède sur toute l'Europe, et plus spécialement sur les pays germaniques. À un sens aigu de la systématisation théorique exactement informée des recherches d'autrui, il sut joindre un grand tact d'expérimentateur et d'analyste. Berzelius est surtout connu pour avoir donné ses assises à la théorie atomique, mais il a également conféré un statut scientifique à la chimie organique. Il a en outre découvert deux éléments, le sélénium et le thorium, et a isolé les alcalino-terreux, calcium, strontium, baryum, ainsi que le tantale, le silicium, le vanadium et le zirconium. On lui doit enfin d'avoir défini les notions fondamentales d'isomérie et de catalyse.

La codification du système atomique

Berzelius a pleinement développé le projet de la chimie lavoisienne qui se fonde sur le choix de la masse comme invariant. Mais ses recherches, qui ont abouti à la publication en 1818 d'une première table de masses atomiques, procèdent plus particulièrement des spéculations de Dalton. Celui-ci avait réactivé en 1803 l'antique notion d'atomes dans une théorie des gaz proche de celle de Lavoisier. L'hypothèse atomique fut exposée, d'abord en 1807, dans une réédition du System of Chemistry de T. Thomson, puis développée l'année suivante par Dalton lui-même dans son New System of Chemical Philosophy. Dans ses vues, la matière est constituée de particules élémentaires indestructibles ; les phénomènes chimiques résultent de la diversité avec laquelle se groupent ces atomes dont chaque variété spécifie un élément ; les divers atomes diffèrent primordialement par leur masse ; les composés, enfin, sont des associations en proportions définies et constantes d'un petit nombre d'atomes.

De telles conceptions s'accordaient avec des observations de chimistes du xviiie siècle, touchant à la fréquence de rapports pondéraux simples dans la saturation des bases par des acides ou les doubles décompositions entre sels neutres. Berzelius médita les travaux de Wenzel, Richter et Higgins. Le premier, dans sa Lehre von den Verwandschaften de 1777, avait indiqué, au sujet des doubles décompositions, que « les rapports relatifs, entre les quantités d'alcalis et des terres qui saturent une quantité donnée de même acide, sont les mêmes pour tous les acides ». En publiant, vingt ans après, son traité Über die neueren Gegenstande der Chemie, Jeremias Benjamin Richter posait les bases sûres de la stoechiométrie par l'analyse des capacités de saturation relative des bases et des acides. Quant à Higgins, il avait insisté dans sa Comparative View of the Phlogistic and Antiphlogistic Theories (1789) sur « les divers degrés de combinaison qui peuvent avoir lieu entre les mêmes corps ». Le mérite de Berzelius est d'avoir su relier toutes ces observations avec l'hypothèse de Dalton pour constituer un édifice théorique capable de donner des règles à l'expérience.

Il s'attacha à formaliser et à systématiser les vues de ses prédécesseurs sur les rapports pondéraux des éléments entrant en combinaison ; il procéda à d'innombrables analyses comparatives et exprima dans un système de notations simples les équivalences pondérales, qu'il développa entre 1811 et 1818. Chaque élément y est noté par une ou deux lettres ; encore en usage pour la plupart, ces signes n'étaient pas de simples repérages sténographiques, mais désignaient aussi une masse relative, caractéristique, prise[...]

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Pour citer cet article

Jacques GUILLERME. BERZELIUS JÖNS JACOB (1779-1848) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jöns Jacob Berzelius - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Jöns Jacob Berzelius

Autres références

  • CATALYSE

    • Écrit par Henri Jean-Marie DOU, Jean-Eugène GERMAIN
    • 8 394 mots
    • 7 médias

    Le terme catalyse a été forgé par Berzelius en 1835 pour désigner l'ensemble des effets chimiques produits par les catalyseurs. On appelle catalyseur « toute substance qui altère la vitesse d'une réaction chimique sans apparaître dans les produits finaux » (Ostwald, 1902). La catalyse est donc une...

  • CHIMIE - Histoire

    • Écrit par Élisabeth GORDON, Jacques GUILLERME, Raymond MAUREL
    • 11 186 mots
    • 7 médias
    Laborieuse tâche fondamentale qu'accomplirent les chimistes du xixe siècle, la détermination des masses atomiques fut d'abord l'œuvre de Berzelius dont la méticuleuse précision et l'opiniâtreté analytique ont été un modèle éclatant. Il fut l'initiateur du symbolisme des formules de constitution...
  • ÉLECTRICITÉ - Histoire

    • Écrit par Jacques NICOLLE
    • 6 197 mots
    • 11 médias
    ...Volta, la chimie progresse. Humphry Davy (1778-1829) décompose la soude et la potasse fondues, découvrant ainsi le sodium et le potassium ; en 1812, Jöns Jacob Berzelius (1779-1848), développant les idées de Davy, établit une théorie électrochimique de la matière en montrant que toute combinaison chimique...
  • ENZYMES - Histoire de la notion

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 2 473 mots
    • 7 médias
    Le chimiste suédois Jacob Berzelius (1779-1848) avait introduit le concept de catalyse en 1835. Un catalyseur accélère la vitesse d’une réaction chimique et se retrouve inchangé à la fin de l’opération. Les enzymes sont-elles des catalyseurs biologiques, puisque les réactions qu’elles assurent ne se...
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Voir aussi