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BERZELIUS JÖNS JACOB (1779-1848)

La classification électrochimique

La fascination qu'exerçaient, à la fin du xviiie siècle, les phénomènes électriques est à l'origine de plusieurs tentatives d'interprétation de l'affinité chimique. Ritter avait remarqué que la sériation des métaux par Volta, dans l'ordre des tensions de contact, coïncide avec la série des affinités pour l'oxygène. Cependant, l'électrolyse se révélait un puissant agent de décomposition ; en 1806, Davy prépare le potassium en électrolysant directement la potasse en plaque, avant d'isoler d'autres métaux avec une électrode en mercure, selon une technique indiquée par Berzelius. En 1804, le physicien danois Œrsted avait incorporé les phénomènes électriques dans une théorie de la combustion. Berzelius réunit les conceptions électrochimiques de ses contemporains en un corps doctrinal qui pèsera longtemps sur l'enseignement de la chimie minérale. Selon ses vues, les atomes sont dotés d'une bipolarité électrique variable, excepté l'oxygène qu'il tient pour constamment électronégatif. Le signe électrique de chaque élément est déterminé par un pôle dominant, et les composés associent, dans son hypothèse, des éléments ou des groupes d'éléments de signes électriques opposés. Il fut ainsi amené à classer les éléments selon la progression de leurs propriétés positives, de sorte que ceux qui se trouvaient vers le milieu de la série présentaient des propriétés électrochimiques peu affirmées. Mais, pour Berzelius, la polarité électrique devait également être étendue à des groupements d'atomes, où l'oxygène conservait un rôle directeur. C'est ainsi qu'il interprétait la formation des sels par la combinaison de deux oxydes, l'un métallique, ou oxyde basique, électropositif, et un oxyde non métallique, acide et électronégatif (le sulfate de baryum s'écrit, dans cette conception, BaO. SO3). Si la science moderne devait avaliser la conception d'une structure ionique des sels, en revanche l'idée, héritée de Lavoisier, que Berzelius se faisait de l'imposition du caractère acide par l'oxygène était récusable dès 1809, quand Gay-Lussac et Thénard eurent démontré que l'acide muriatique (notre acide chlorhydrique) ne contient pas d'oxygène. La théorie dualistique de Berzelius connaîtra cependant d'autres difficultés avec les substitutions dans les radicaux organiques.

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Pour citer cet article

Jacques GUILLERME. BERZELIUS JÖNS JACOB (1779-1848) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jöns Jacob Berzelius - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Jöns Jacob Berzelius

Autres références

  • CATALYSE

    • Écrit par Henri Jean-Marie DOU, Jean-Eugène GERMAIN
    • 8 394 mots
    • 7 médias

    Le terme catalyse a été forgé par Berzelius en 1835 pour désigner l'ensemble des effets chimiques produits par les catalyseurs. On appelle catalyseur « toute substance qui altère la vitesse d'une réaction chimique sans apparaître dans les produits finaux » (Ostwald, 1902). La catalyse est donc une...

  • CHIMIE - Histoire

    • Écrit par Élisabeth GORDON, Jacques GUILLERME, Raymond MAUREL
    • 11 186 mots
    • 7 médias
    Laborieuse tâche fondamentale qu'accomplirent les chimistes du xixe siècle, la détermination des masses atomiques fut d'abord l'œuvre de Berzelius dont la méticuleuse précision et l'opiniâtreté analytique ont été un modèle éclatant. Il fut l'initiateur du symbolisme des formules de constitution...
  • ÉLECTRICITÉ - Histoire

    • Écrit par Jacques NICOLLE
    • 6 197 mots
    • 11 médias
    ...Volta, la chimie progresse. Humphry Davy (1778-1829) décompose la soude et la potasse fondues, découvrant ainsi le sodium et le potassium ; en 1812, Jöns Jacob Berzelius (1779-1848), développant les idées de Davy, établit une théorie électrochimique de la matière en montrant que toute combinaison chimique...
  • ENZYMES - Histoire de la notion

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 2 473 mots
    • 7 médias
    Le chimiste suédois Jacob Berzelius (1779-1848) avait introduit le concept de catalyse en 1835. Un catalyseur accélère la vitesse d’une réaction chimique et se retrouve inchangé à la fin de l’opération. Les enzymes sont-elles des catalyseurs biologiques, puisque les réactions qu’elles assurent ne se...
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Voir aussi