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FOUQUET JEAN (1420 env.-av. 1481)

Jean Fouquet est le peintre français le plus illustre de la fin du Moyen Âge. On ne possède malheureusement qu'une fraction infime de ses œuvres. Mais que l'on puisse reconstituer assez aisément sa biographie et son œuvre prouve sa célébrité : on peut en effet tracer de Fouquet un portrait plus fidèle et plus complet que celui d'autres artistes de la même époque.

Fouquet est souvent considéré comme un peintre éclectique en quête d'une synthèse de l'art flamand et de l'art italien, mais les recherches modernes ont établi le caractère purement français de son art. De la Renaissance italienne il retient de nombreux détails, séduit par la beauté des éléments du décor architectural à l'antique. On lui doit des vues précieuses de l'ancienne basilique Saint-Pierre, du Forum romain et de plusieurs édifices de la Ville éternelle. Ces expériences l'aidèrent à concevoir de nouveaux rapports entre les personnages, les groupes en action et l'architecture. Les scènes variées, vivantes, s'insèrent dans des structures qui ordonnent harmonieusement la composition : intérieurs, vues de Paris et de Tours avec leurs édifices religieux comme Notre-Dame ou la cathédrale de Tours, palais des commanditaires de Fouquet, mais aussi représentations de l'histoire sainte et profane ou mise en scène d'un mystère. Il mérite d'être considéré comme le premier grand peintre français qui ait su rendre compte de l'homme et de son histoire dans un esprit de vérité et de synthèse.

Le Maître de Tours

Fouquet est né à Tours entre 1415 et 1420. On ne sait rien de certain sur sa formation en France. Si le petit tableau au musée de Vienne représentant Gonella, le bouffon du marquis d'Este, avait été peint vers 1440-1445, nous aurions une preuve de l'apprentissage de Fouquet dans l'atelier d'un maître flamand et aussi de son originalité précoce. Autour de 1446, il part pour Rome et y exécute un portrait sur toile du pape Eugène IV connu seulement par une gravure et fort admiré par ses contemporains. En 1448, il est de retour en France, se marie et occupe à Tours une maison proche de l'ancienne basilique Saint-Martin. Les commandes affluent, peut-être grâce aux recommandations de l'archevêque Jean Bernard. Vers 1451, Fouquet peint pour Étienne Chevalier, trésorier de France, le diptyque de Melun (un panneau au musée d'Anvers, l'autre au musée de Berlin). Ce haut fonctionnaire, familier du roi, est représenté avec son saint patron, agenouillé devant la Vierge. Ce diptyque se trouvait, jusqu'au milieu du xviiie siècle, dans l'église Notre-Dame de Melun. D'après une tradition ancienne, confirmée par l'étude de la vie et de l'iconographie d' Agnès Sorel, le panneau, actuellement au musée d'Anvers, représenterait la célèbre maîtresse de Charles VII sous les traits de la Vierge, reine du ciel, dont l'Enfant intercède pour Chevalier présenté par son saint patron. Le diptyque devait être accroché au-dessus du tombeau de l'épouse du trésorier, Catherine Budé, dans l'église Notre-Dame de Melun. Vers cette date, 1452, Chevalier commande à Fouquet le livre d'heures dont une partie subsiste en feuillets isolés (quarante enluminures au musée Condé à Chantilly, deux au Louvre, une à la Bibliothèque nationale, deux en Angleterre, une au Metropolitan Museum à New York et une au musée Marmottan à Paris). Une esquisse du panneau d'Anvers découverte par la radiographie au-dessous du portrait de Charles VII (Louvre) permet d'avancer comme date probable de ces tableaux les années 1453 à 1455. Des ressemblances techniques et stylistiques du portrait de Charles VII avec la Pietà de Nouans le font situer aujourd'hui autour de 1460-1465. C'est une œuvre de dimensions monumentales et d'intense émotion,[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur honoraire d'histoire de l'art, universités de Montréal et de Tours

Classification

Pour citer cet article

Claude SCHAEFER. FOUQUET JEAN (1420 env.-av. 1481) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Portrait de Charles VII, J. Fouquet - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Charles VII, J. Fouquet

Pietà de Nouans, J. Fouquet - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini

Pietà de Nouans, J. Fouquet

Statuts de l'ordre de Saint-Michel, J. Fouquet - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Statuts de l'ordre de Saint-Michel, J. Fouquet

Autres références

  • JEAN FOUQUET, PEINTRE ET ENLUMINEUR (expositions)

    • Écrit par Daniel RUSSO
    • 1 013 mots

    La Bibliothèque nationale de France a présenté à Paris, du 25 mars au 22 juin 2003, dans la galerie Mazarine, une grande célébration des œuvres de Jean Fouquet, sous le titre Jean Fouquet, peintre et enlumineur du XVe siècle. François Avril, commissaire de l'exposition, a réuni pour le visiteur...

  • ÉMAUX

    • Écrit par Marie-Madeleine GAUTHIER
    • 4 384 mots
    • 1 média
    Cet effet sera connu à Venise au milieu du xve siècle avec un répertoire animalier caractéristique. C'est en Italie, auprès de Filarete, que Jean Fouquet dut acquérir cette technique (autoportrait, vers 1452, musée du Louvre) qui, acclimatée aux bords de Loire, se situe au point de départ de...
  • FRANC-MAÇONNERIE

    • Écrit par Roger DACHEZ, Luc NEFONTAINE
    • 10 703 mots
    Vers 1470, Jean Fouquet, peintre, enlumineur, proche des familiers de Charles VII et plus tard portraitiste à la cour de Louis XI, illustre les Antiquités et guerres des Juifs, de Flavius Josèphe. Une miniature, aujourd'hui conservée à la Bibliothèque nationale de France à Paris, y dépeint...
  • GOTHIQUE ART

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 14 896 mots
    • 27 médias
    ...Juste de Gand, Hugo Van der Goes (mort en 1482). Cette complexité des rapports avec l'Italie touche également l'œuvre du peintre français Jean Fouquet (mort en 1481) après un voyage en Italie (avant 1447). Il saura se détacher de cette influence à la fin de sa carrière pour retrouver un rythme...
  • PERSPECTIVE

    • Écrit par Marisa DALAI EMILIANI
    • 8 077 mots
    • 22 médias
    ...après l'avoir apprise en Italie au cours d'un voyage effectué dans ce but (Underweysung der Messung, livre IV, 1525 et 1538). En France, en revanche, Jean Fouquet se livre à des recherches personnelles et aboutit, sur une base intuitive, à des solutions spatiales curvilignes (Livre d'heures d'Étienne...

Voir aussi