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GUERRE MONDIALE (SECONDE)

Le tournant de la guerre (nov. 1942-juill. 1943)

Ces questions trouveront réponse dans la période qui va de novembre 1942 à juillet 1943. Non seulement la coalition alliée ne se disloquera pas, mais les armées de l'Axe seront contenues sur tous les fronts.

Le débarquement américain en Afrique du Nord

Les relations entre Anglo-Saxons et Soviétiques, sans être mauvaises, ne sont pas bonnes. Staline réclame à cor et à cri l'ouverture d'un second front, Churchill ne peut répondre que par l'offre d'une alliance conclue pour vingt ans. Pour soulager l'URSS, pour préparer aussi l'attaque en tenailles du continent européen, les Américains, qui ont commencé à envoyer des troupes en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord, débarquent en Afrique du Nord française le 8 novembre 1942. Ils espéraient être reçus à bras ouverts par les autorités vichyssoises locales ; ils le sont à coups de canon. Préparé par une petite équipe de résistants, le débarquement réussit cependant. Mais, faute de moyens suffisants, faute de hardiesse aussi, il se limite au Maroc et à l'Algérie. Les Allemands peuvent occuper la Tunisie, que le gouvernement de Vichy leur abandonne : ainsi l'Afrikakorps conserve ses liaisons avec l'Italie.

En Algérie, pressés de mettre fin aux combats, les Américains ont reconnu l'autorité de fait de l'amiral Darlan, un des responsables de la collaboration à Vichy, venu à Alger par hasard. C'est le début d'un long imbroglio politique, marqué par une rupture entre les Américains, suivis des Britanniques, et le général de Gaulle, qu'approuve la Résistance clandestine. L'assassinat de Darlan et son remplacement par le général Giraud n'améliorent guère les choses. La législation et les hommes de Vichy demeurent en place en Afrique du Nord.

Leclerc et Montgomery en 1943 - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

Leclerc et Montgomery en 1943

Cependant, une armée française très démunie a repris le combat en Tunisie, tandis que le général Leclerc lance des attaques hardies, à partir du Tibesti, contre les oasis de Mourzouk, enlevées en janvier 1943.

Charles de Gaulle à Alger, 1944 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Charles de Gaulle à Alger, 1944

À peu près au même moment, l'entrevue des généraux Giraud et de Gaulle à Anfa, point de départ de laborieuses négociations, laisse envisager une fusion de tous les Français engagés dans le combat ; l'arrivée du général de Gaulle à Alger et la constitution du Comité français de Libération nationale consacrent cette fusion.

En France, l'occupation de la zone sud est la conséquence du débarquement américain. L'armée française de l'armistice est dissoute, la flotte se saborde à Toulon le 27 novembre, pour ne pas tomber aux mains des Allemands, après avoir refusé de rallier les ports d'Afrique du Nord. Désormais toute la France connaît le même régime d'occupation ; le mythe du « Maréchal, sauveur du pays » par la « Révolution nationale », prend fin. Il ne reste aux Français que deux positions : celle de la collaboration où s'enlise une minorité ; ou celle de la Résistance derrière le général de Gaulle, qu'emprunte un nombre croissant d'entre eux.

El-Alamein, Midway et Guadalcanal

Cimetière militaire allemand, 1943 - crédits : Keystone/ Getty Images

Cimetière militaire allemand, 1943

En Libye, Montgomery a minutieusement préparé la contre-attaque de la VIIIe armée, qui est désormais la mieux équipée en tanks et en avions. Menacé à l'ouest, courant le risque d'être emprisonné en Afrique, Rommel bat en retraite, après avoir subi à El-Alamein un sévère échec (3 nov. 1942). Il évacue la Tripolitaine, perdant 500 chars et 45 000 hommes faits prisonniers, et arrive à la frontière de la Tunisie en janvier 1943. Tandis que les troupes françaises d'Afrique du Nord contiennent les Allemands sur la frontière algéro-tunisienne, la VIIIe armée, à laquelle Leclerc a agrégé sa colonne, reprend l'offensive en mars. Au mois de mai 1943, Tunis est atteint ; 200 000 Italo-Allemands sont faits prisonniers ; il n'y a plus de soldats de l'Axe[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., secrétaire général du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale

Classification

Pour citer cet article

Henri MICHEL. GUERRE MONDIALE (SECONDE) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1939 à 1945. La Seconde Guerre mondiale - crédits : Encyclopædia Universalis France

1939 à 1945. La Seconde Guerre mondiale

Accords de Munich - crédits : Keystone/ Getty Images

Accords de Munich

Jozef Beck - crédits : Three Lions/ Hulton Archive/ Getty Images

Jozef Beck

Autres références

  • ABETZ OTTO (1903-1958)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 332 mots

    Important dignitaire nazi, artisan dès avant 1933 d'une réconciliation franco-allemande en particulier avec Jean Luchaire et Fernand de Brinon, Otto Abetz eut pour rôle essentiel d'occuper, de 1940 à 1944, le poste d'ambassadeur d'Allemagne à Paris. Sa mission avait un double caractère qui dépassait...

  • ACCORDS DE YALTA

    • Écrit par Olivier COMPAGNON
    • 210 mots
    • 1 média

    Du 4 au 11 février 1945, alors que la Seconde Guerre mondiale bat encore son plein en Europe et dans le Pacifique, Roosevelt pour les États-Unis, Churchill pour le Royaume-Uni et Staline pour l'U.R.S.S. se réunissent à Yalta, en Crimée, pour préparer la paix. Cette conférence interalliée,...

  • AFFICHE ROUGE L'

    • Écrit par Stéphane COURTOIS
    • 2 508 mots
    • 2 médias

    En février 1944, une gigantesque affiche fut placardée dans les principales villes de France par les services de la propagande allemande. Sur un fond rouge se détachaient en médaillon les visages de dix hommes aux traits tirés, avec une barbe de plusieurs jours. En haut de l'affiche, on pouvait...

  • ALBANIE

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    Le 25 mars 1939, enfin, Mussolini, décidé à l'invasion, présenta des exigences inacceptables : union douanière, occupation militaire, etc. Les contre-propositions albanaises ne furent même pas examinées et, le 7 avril 1939, d'importantes forces italiennes occupaient le pays sans coup férir, tandis que...
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