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GUERRE MONDIALE (SECONDE)

Les grands succès de l'Axe (juin 1941-automne 1942)

Bien que l'URSS exécute scrupuleusement, au bénéfice de l'Allemagne, les clauses économiques du pacte germano-russe, Hitler a décidé de la bouter hors de l'Europe avant de se retourner vers le Royaume-Uni. Le 21 juin 1941, sans déclaration de guerre, la Wehrmacht attaque l'Armée rouge. Hitler espère ainsi donner à l'Allemagne, comme il l'a écrit dans Mein Kampf, son « espace vital » dans la direction tracée autrefois par les chevaliers Teutoniques. Il désire enfin s'assurer les matières premières et les produits alimentaires – pétrole et blé – qui manquent à l'économie allemande.

L'attaque contre l'URSS

Seconde Guerre mondiale, invasion allemande en U.R.S.S. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Seconde Guerre mondiale, invasion allemande en U.R.S.S.

Joseph Staline s'est garanti diplomatiquement contre un second front en Asie, par la signature d'un pacte de non-agression avec le Japon (avr. 1941) ; malgré les avertissements de Beneš et de Churchill, l'attaque allemande le surprend ; une grande partie des avions russes est détruite au sol dès le premier jour. Désorientée, l'Armée rouge bat en retraite en perdant une énorme quantité de matériel et des centaines de milliers d'hommes, tués ou faits prisonniers, mais l'immensité du pays – le front s'étire sur 1 800 kilomètres – lui donnera le moyen de ne pas être anéantie, de se reprendre et de se réorganiser.

Von Bock - crédits : Heinrich Hoffmann/ ullstein bild/ Getty Images

Von Bock

La Wehrmacht, qui comprendra progressivement des contingents plus ou moins volontaires de tous les pays occupés, attaque en trois groupes d'armées commandés au nord par von Leeb, au centre par von Bock, au sud par von Rundstedt. En tout 180 divisions sont lancées à l'attaque, dont 25 divisions blindées. Se joignent à elle des armées finlandaises et roumaines et, un peu plus tard, hongroises et italiennes. Aux 3 000 avions modernes de la Luftwaffe, les Russes opposent 4 000 avions anciens.

Le groupe d'armées du nord s'empare des pays Baltes et entreprend le siège de Leningrad, le groupe du centre, après avoir encerclé des armées russes à Bialystok et à Minsk, arrive à Smolensk en août. En octobre, il n'est plus qu'à 100 kilomètres de Moscou. Il ne peut amorcer une offensive contre les défenses de la ville que le 16 novembre. En novembre, la résistance soviétique l'oblige à s'arrêter, puis à reculer, enfin à s'immobiliser dans ses quartiers d'hiver, alors que les troupes sont mal protégées contre le froid.

Le groupe du sud, après une grande bataille entre le Bug et le Dniepr, s'empare de l'Ukraine et du bassin industriel du Donetz. Odessa, Kiev, Kharkov sont pris, le Don et la mer d'Azov atteints ; la Crimée occupée jusqu'à Sébastopol.

Ainsi, à la fin de l'année 1941, si Moscou n'a pas été pris, le gouvernement soviétique a dû quitter la capitale. Les territoires les plus riches de l'URSS sont occupés et dévastés ; un mouvement autonomiste est à craindre, en Ukraine surtout. Un immense matériel a été perdu, 1 500 000 hommes faits prisonniers. Cependant l'URSS n'est pas battue décisivement ; l'Armée rouge n'a pas été détruite ; des usines entières et des populations ouvrières ont pu être repliées vers l'Oural. Staline a repris la tactique de Koutousov contre Napoléon, celle de la « terre brûlée ». Les récoltes sont incendiées, les usines et les barrages détruits. Dès ce moment, la guerre soviétique devient une guerre populaire, favorisée par les mesures d'extermination des cadres politiques et administratifs prises par les SS, ainsi que celle des Juifs. Menacée dans son existence, la population se groupe derrière son gouvernement. Il est clair cependant que l'URSS aura besoin de matériel et d'armes ; des convois, britanniques d'abord, américains ensuite, commencent à sillonner les mers arctiques vers Mourmansk, ou l'océan Indien à destination de l'Iran, que Russes et Britanniques ont occupé d'un commun accord à cette fin.[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., secrétaire général du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale

Classification

Pour citer cet article

Henri MICHEL. GUERRE MONDIALE (SECONDE) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1939 à 1945. La Seconde Guerre mondiale - crédits : Encyclopædia Universalis France

1939 à 1945. La Seconde Guerre mondiale

Accords de Munich - crédits : Keystone/ Getty Images

Accords de Munich

Jozef Beck - crédits : Three Lions/ Hulton Archive/ Getty Images

Jozef Beck

Autres références

  • ABETZ OTTO (1903-1958)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 332 mots

    Important dignitaire nazi, artisan dès avant 1933 d'une réconciliation franco-allemande en particulier avec Jean Luchaire et Fernand de Brinon, Otto Abetz eut pour rôle essentiel d'occuper, de 1940 à 1944, le poste d'ambassadeur d'Allemagne à Paris. Sa mission avait un double caractère qui dépassait...

  • ACCORDS DE YALTA

    • Écrit par Olivier COMPAGNON
    • 210 mots
    • 1 média

    Du 4 au 11 février 1945, alors que la Seconde Guerre mondiale bat encore son plein en Europe et dans le Pacifique, Roosevelt pour les États-Unis, Churchill pour le Royaume-Uni et Staline pour l'U.R.S.S. se réunissent à Yalta, en Crimée, pour préparer la paix. Cette conférence interalliée,...

  • AFFICHE ROUGE L'

    • Écrit par Stéphane COURTOIS
    • 2 508 mots
    • 2 médias

    En février 1944, une gigantesque affiche fut placardée dans les principales villes de France par les services de la propagande allemande. Sur un fond rouge se détachaient en médaillon les visages de dix hommes aux traits tirés, avec une barbe de plusieurs jours. En haut de l'affiche, on pouvait...

  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    Le 25 mars 1939, enfin, Mussolini, décidé à l'invasion, présenta des exigences inacceptables : union douanière, occupation militaire, etc. Les contre-propositions albanaises ne furent même pas examinées et, le 7 avril 1939, d'importantes forces italiennes occupaient le pays sans coup férir, tandis que...
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