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FRANCE L'année politique 2000

L'année politique 2000 en France, comme toutes les années sans élections, ne connut pas de bouleversements. Pour autant, elle fut riche en événements annonciateurs de changements. Chaque camp connut des ruptures et vit s'accentuer ses divisions, éloignant encore plus les perspectives d'une évolution vers un système bi-partisan, alors même que l'affaiblissement de l'extrême droite se confirmait. Le référendum sur le quinquennat conduisit à des interrogations sur les institutions de la Ve République et sur le système politique. Le débat sur la Corse portait en germe des questions sur la République elle-même. Année de transition donc, l'année 2000 campait déjà le paysage des confrontations politiques futures.

La gauche plurielle à l'épreuve

L'année 2000 a révélé un léger effritement de la popularité de Lionel Jospin, sans commune mesure toutefois avec celui de ses prédécesseurs, et surtout de nouvelles tensions au sein de la « gauche plurielle ». En même temps que des divisions, tues au cours des trois premières années du gouvernement, surgissaient au sein du Parti socialiste, le Parti communiste et les Verts montraient leurs difficultés de positionnement.

Du côté du gouvernement, les remaniements successifs firent apparaître de nouveaux équilibres politiques, éloignant le Premier ministre de sa conception d'un « devoir d'inventaire » de la période mitterrandienne. L'échec de deux réformes, celle du ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, sanctionné par le départ de Christian Sautter, et celle de l'Éducation nationale, qui se traduisit par la démission de Claude Allègre, ami proche de Lionel Jospin, furent plus que des accidents de parcours. Un doute apparut quant à la capacité du Premier ministre de conduire des réformes, pourtant largement approuvées par le corps social. Dans la perspective notamment de l'élection présidentielle, qui semblait appeler une alliance des différentes sensibilités du P.S., ce « trou d'air » conduisit le chef du gouvernement à appeler d'anciens adversaires à des postes majeurs, Laurent Fabius à Bercy, Jack Lang rue de Grenelle. Le départ de Martine Aubry, en octobre 2000, onze mois après la démission forcée de Dominique Strauss-Kahn, achevait de priver le Premier ministre de ses plus fidèles alliés.

Mais la division de la gauche apparaît également sur des orientations de fond : qu'il s'agisse de la réforme différée des retraites, de la seconde loi sur les trente-cinq heures, du choix d'une écotaxe minimaliste – que le Conseil constitutionnel allait d'ailleurs largement censurer –, de l'épargne salariale, de la réforme de l'assurance-chômage, du projet de loi de finances et des choix fiscaux, la gauche paraît éprouver des difficultés à concilier deux attitudes contradictoires. Les uns souhaitent aller plus loin dans la voie de réformes à tonalité libérale : réforme de la fonction publique, meilleure anticipation des difficultés futures des régimes de retraite, notamment par un allongement de la durée de cotisation et l'introduction d'éléments de capitalisation, système fiscal plus avantageux pour les revenus élevés provenant de la création de richesses, soutien à la refondation sociale engagée par le Medef avec le soutien des syndicats réformistes ; d'autres demandent un recentrage vers la gauche, avec une politique budgétaire plus volontariste, une redistribution plus importante par le biais du système fiscal, le refus de tout système d'épargne salariale, un partage de la valeur ajoutée plus favorable aux salaires. La réunion des partis de la gauche plurielle, le 7 novembre 2000, après avoir énoncé un consensus sur l'emploi, les institutions et la Charte des droits fondamentaux, s'est d'ailleurs conclue par une liste de sujets importants en débat[...]

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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Pour citer cet article

Nicolas TENZER. FRANCE - L'année politique 2000 [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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