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ÉTHOLOGIE

L 'éthologie est la science qui étudie l'évolution du comportement animal. Raymond Campan et Felicita Scapini (2002) ajoutent que l'éthologie est l'étude du comportement dans toutes ses manifestations et à tous les niveaux (de la cellule à l'organisme entier, dans les sociétés animales), des causes qui le déterminent et de ses fonctions. Vaste programme qui illustre à lui seul la diversité de cette discipline. En effet, du gène à l'organisme entier, un animal est un système qui implique plusieurs niveaux de fonctionnement et il forme avec son environnement physique, biologique et social un système plus large encore. Ainsi, dès le départ, l'éthologie s'est intéressée à la diversité des adaptations manifestées par les animaux et le travail de l'éthologiste consiste à rechercher des lois, des principes, des mécanismes qui puissent expliquer les comportements les plus simples comme les stratégies les plus élaborées observées chez les animaux.

De la théorie de l'évolution à l'émergence de l'éthologie

Charles Darwin - crédits : Spencer Arnold/ Getty Images

Charles Darwin

On ne peut envisager l'épistémologie de l'éthologie sans remonter aux tenants du transformisme et à Charles Darwin (1809-1882) puisque les notions d' évolution des espèces et de leurs comportements sont intimement liées (cf. encadré). Ses observations, notamment aux îles Galápagos, l'avaient convaincu de la variabilité des espèces. Il rapprocha cette variabilité de celle que l'on observe chez les animaux domestiques où l'homme crée des races nouvelles en choisissant comme géniteurs, pendant plusieurs générations successives, des individus possédant un caractère déterminé (sélection artificielle). Darwin élabora alors le concept de sélection naturelle : certains caractères morphologiques ou physiologiques confèrent aux individus les possédant un avantage dans la lutte pour l'existence et ces caractères se transmettent héréditairement à leurs descendants.

Konrad Lorenz - crédits : DEA Picture Library/ Age Fotostock

Konrad Lorenz

L' évolutionnisme a ainsi fourni un cadre à une approche biologique des comportements, sur des bases comparatives (J.-L. Renck et V. Servais, 2002). Quand on lit la fabuleuse synthèse des comportements de communication qu'est « L'Expression des émotions chez l'homme et les animaux » (Darwin, 1874), il est indéniable que la pensée du naturaliste anglais a été déterminante pour la genèse des sciences du comportement. Cependant, bien qu'expérimentée par Darwin lui-même, cette nouvelle approche du comportement allait d'abord être ignorée au profit d'approches psychologistes (J. Loeb, E. L. Thorndike...), et il faudra attendre le xxe siècle pour la voir ériger en discipline sous le nom d'éthologie (on parle alors d'éthologie objectiviste) grâce à Konrad Lorenz (1903-1989) et Nikolaas Tinbergen (1907-1988). Le premier, souvent décrit comme le plus théoricien des deux, s'est rendu célèbre par ses travaux sur les canards et les oies. Une des grandes contributions de Lorenz fut la mise en évidence du phénomène de l'empreinte (Prägung) : elle est définie comme le processus par lequel le comportement social d'un jeune animal se développe envers un objet ou un individu en particulier. Tinbergen, quant à lui, était un expérimentateur. Il a mis au point la méthode des leurres et a introduit le concept de stimulus-signal dans la littérature éthologique (cf. comportement animal). Ces deux fondateurs de l'éthologie se sont vu décerner le prix Nobel de physiologie ou médecine pour leurs travaux sur les causes et l'organisation des schémas comportementaux en 1973, prix partagé avec Karl von Frisch (1886-1982) le découvreur de la danse des abeilles.

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Pour citer cet article

Odile PETIT. ÉTHOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Charles Darwin - crédits : Spencer Arnold/ Getty Images

Charles Darwin

Nikolaas Tinbergen - crédits : Nina Leen/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Nikolaas Tinbergen

Autres références

  • FONDEMENTS DE L'ÉTHOLOGIE

    • Écrit par Raymond CAMPAN
    • 251 mots

    C'est par un débat contradictoire autour du concept d'instinct que l'éthologie – étude comparative du comportement animal – s'est constituée en science autonome. Elle est fondée sur les travaux de l'Autrichien Konrad Lorenz (1903-1989) et du Néerlandais Nikolaas...

  • HISTOIRE DE L'ÉTHOLOGIE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Raymond CAMPAN
    • 976 mots

    1854 Isidore Geoffroy Saint-Hilaire utilise pour la première fois le terme « éthologie » dans son sens actuel (étude comparative du comportement animal) pour désigner les descriptions des mœurs des animaux telles qu'elles ont été faites par Aristote, Buffon, Réaumur, G. Leroy ou Lamarck....

  • AGRESSIVITÉ, éthologie

    • Écrit par Philippe ROPARTZ
    • 3 931 mots

    Compte tenu des modes linguistiques adoptées par les milieux scientifiques, ce terme ambigu d'agressivité devrait désigner beaucoup plus une éventuelle pulsion agressive, que dénient la plupart des spécialistes, que son expression comportementale, à savoir l'agression.

    Au cours de la...

  • BIOLOGISME

    • Écrit par Sébastien LEMERLE, Carole REYNAUD-PALIGOT
    • 2 772 mots
    ...sur la période, les sciences de la vie se développent sensiblement, en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, que cela soit dans le domaine de l’éthologie (Konrad Lorenz), de la biologie moléculaire et de la génétique (James Watson et Francis Crick), ainsi que des neurosciences, dont les...
  • COGNITION

    • Écrit par Chrystel BESCHE-RICHARD, Raymond CAMPAN
    • 2 626 mots
    ...catégorisation d'objets, d'abstraction et de raisonnement au service de comportements intentionnels destinés à satisfaire les attentes de l'animal. L'éthologie naissante fait appel à des représentations, innées ou construites, des signaux de reconnaissance des objets fonctionnels et des congénères...
  • COLÉOPTÈRES

    • Écrit par Robert GAUMONT
    • 4 212 mots
    • 11 médias
    Lesmodes de vie de la larve et de l'adulte sont le plus souvent identiques (comme chez les coccinelles, prédatrices de pucerons à tous les stades, ou chez le doryphore, qui mange les feuilles de pomme de terre au stade larvaire comme à l'état adulte), mais l'éthologie de la forme...
  • Afficher les 53 références

Voir aussi