FRANÇAIS EMPIRE COLONIAL
Le second empire colonial
Les débuts
L'héritage
En 1815, il ne subsiste du premier empire colonial que des territoires morcelés, épars et, dans l'ensemble, d'intérêt médiocre. Au total 6 000 à 7 000 kilomètres carrés avec environ un million d'habitants. Le traité de Paris de 1814 a rendu à la France Saint-Pierre-et-Miquelon où ne vivent que quelques pêcheurs, les enclaves que constituent les cinq comptoirs de l'Inde (pour la première fois, la France a reconnu « la souveraineté britannique sur le territoire des Indes »), les postes du Sénégal, la Guadeloupe, la Martinique et leurs dépendances, la Guyane, l'île Bourbon. L'Angleterre avait également admis les droits de la France sur Saint-Domingue, alors solidement tenue par les Noirs et mulâtres libérés.
La crise est d'ailleurs plus profonde et il ne s'agit pas seulement d'amputations territoriales. Le domaine colonial français apparaît en 1815 comme la survivance d'un système colonial d'Ancien Régime dans un monde qui commence à se transformer. Louis XVIII ne peut revenir sur l'abolition de la traite que Napoléon avait décidée pendant les Cent-Jours (décret impérial du 29 mars 1815). La traite est donc supprimée par l'ordonnance royale du 8 janvier 1817 et la loi du 15 avril 1818. Or cette décision ruine les comptoirs du Sénégal, l'îlot de Gorée n'ayant été pendant longtemps qu'un « dépôt de captifs ». Malgré la contrebande, les planteurs des Antilles risquent d'être rapidement privés de main-d'œuvre. Les cultures tropicales sont elles aussi menacées. Les États-Unis accroissent leur production de coton. L'indigo vient des Indes. Malgré la protection que lui assurent des tarifs douaniers de plus en plus élevés (1814, 1816, 1820, 1822), le sucre antillais résiste mal à la concurrence étrangère. Dans la métropole, on assiste au développement de la culture de la betterave sucrière et, si en 1830, la production de sucre de betterave n'est encore que de 6 000 tonnes, elle atteindra 52 000 tonnes en 1848. L'esclavage, mis en cause, n'apparaît plus comme économiquement rentable. Les expériences précédentes jettent le discrédit sur le fait colonial. L'empire espagnol, le plus ancien et qui semblait le plus solide, n'est-il pas lui-même en train de se disloquer ? La France est encore faiblement industrialisée : les besoins de matières premières et de débouchés sont de ce fait limités. Les Français émigrent peu. S'il y a un excédent de population rurale, il va se déverser vers les villes et les centres industriels, et ce mouvement s'accélérera à partir de 1840. Il faudra des circonstances très particulières comme les déportations de 1848 et de 1851, l'annexion de l'Alsace-Lorraine, la crise du phylloxéra pour qu'au cours du xixe siècle l'émigration vers les colonies prenne un certain volume. Encore s'agira-t-il presque exclusivement de l'Algérie. Les idées libérales gagnent en influence, qui entendent substituer la liberté des échanges au monopole colonial. Les colonies comme naguère n'ont d'intérêt que dans la mesure où elles apportent ces produits exotiques auxquels on est habitué. L'expansion coloniale suppose enfin une marine de guerre puissante capable d'assurer la sécurité des communications et la défense des territoires dispersés dans les océans. Or, en 1815, la marine de guerre française est hors d'état de remplir cette mission et la marine marchande elle-même doit être reconstituée.
La Restauration
Jusqu'en 1830, les initiatives d'expansion coloniale sont donc sans grande portée. Pour des motifs de prestige beaucoup plus que pour reconstituer un empire colonial, le gouvernement français récupère les territoires que les traités lui ont cédés ; ce qui ne va pas toujours[...]
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Écrit par
- Jean BRUHAT : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
Classification
Médias
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