Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SLUTER CLAUS (1350 env.-1406)

Le « Puits de Moïse »

<it>Le Puits de Moïse</it>, C. Sluter - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le Puits de Moïse, C. Sluter

Au centre de l'ancienne aire du grand cloître de la chartreuse, une pile hexagonale de huit mètres, baignant dans l'eau d'un puits, symbole de régénération, porte le massif que couronne la terrasse rocheuse du Calvaire : il s'agit du monument connu sous le nom de Puits de Moïse, dont la construction fut entreprise dès 1395. Sur les faces du soubassement se présentent six prophètes (1403-1406) tenant chacun le phylactère sur lequel sont inscrits les textes annonçant le sacrifice de la Croix : Moïse, au front cornu, le visage envahi par la large barbe, tenant toute sa force non du corps mais de l'esprit ; David, dans sa majesté royale, appuyé sur sa lyre ; Jérémie, aux traits ravinés par l'âge, à la vue si basse qu'il a peine à lire dans le livre qu'il tient de ses doigts effilés ; Zacharie, à l'air méditatif, la tête coiffée d'un chapeau emprunté aux représentations des mystères ; Daniel, au visage crispé, apporte son témoignage avec véhémence, tandis qu'Isaïe, au type israélite particulièrement marqué, déroule son phylactère, emportant sous son bras un grand livre relié, l'écritoire pendue à côté de l'escarcelle attachée à la ceinture. Sur les minces colonnes qui séparent les prophètes, des anges « deuillants » étalent leurs ailes dans la grande gorge que surmontent les moulures saillantes du couronnement : Sluter a retrouvé là une ordonnance monumentale de tradition médiévale. Les statues ont gardé quelques traces des peintures dont les avait « étoffées » Jean Malouel.

Puits de Moïse, C. Sluter (6)

Puits de Moïse, C. Sluter (6)

Puits de Moïse, C. Sluter (2)

Puits de Moïse, C. Sluter (2)

Puits de Moïse, C. Sluter (4)

Puits de Moïse, C. Sluter (4)

Puits de Moïse, C. Sluter (3)

Puits de Moïse, C. Sluter (3)

La croix et les personnages du calvaire ont disparu du puits des prophètes. Seuls sont conservés au Musée archéologique de Dijon le buste du Christ, ses jambes, et les bras de la Vierge. Au visage du Crucifié, dont les traits creusés par l'agonie n'ont pas altéré la sérénité, l'imagier a donné, sans aucune recherche d'effet, une expression pathétique.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : conservateur en chef des musées de Dijon, chargé de cours à la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon, vice-président de la Commission régionale des monuments et richesses artistiques de Bourgogne

Classification

Pour citer cet article

Pierre QUARRÉ. SLUTER CLAUS (1350 env.-1406) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Le Puits de Moïse</it>, C. Sluter - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le Puits de Moïse, C. Sluter

Puits de Moïse, C. Sluter (6) - crédits : J.L. Duthu/ 2004, Inventaire Général

Puits de Moïse, C. Sluter (6)

Puits de Moïse, C. Sluter (2) - crédits : J.L. Duthu/ 2004, Inventaire Général

Puits de Moïse, C. Sluter (2)

Autres références

  • CHARTREUSE DE CHAMPMOL, PRÈS DE DIJON, SCULPTURES DE CLAUS SLUTER

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 216 mots
    • 2 médias

    Sous les ducs de Bourgogne Philippe le Hardi et son fils Jean sans Peur, Dijon, centre politique d'un domaine en pleine expansion, devint un des grands foyers artistiques européens. C'est dans la statuaire que se manifeste le plus son originalité, grâce au Hollandais Claus Sluter,...

  • ART DE COUR

    • Écrit par Philippe VERDIER
    • 4 801 mots
    • 1 média
    ...et d'autre du trumeau à Saint-Jacques-aux-Pèlerins. Ce dernier portail serait le prototype du portail commencé par Jean de Marville et sculpté par Claus Sluter à l'église de la Chartreuse de Champmol, fondation de Philippe le Hardi (1385). Sont à rapprocher du « beau pilier d'Amiens » les statues...
  • FRANCO-FLAMANDS ARTS

    • Écrit par Pierre QUARRÉ
    • 993 mots
    • 2 médias

    On qualifie généralement de franco-flamand l'art des sculpteurs du temps de Charles V et celui des peintres travaillant à la cour de France au début du règne de Charles VI, et ce en raison de l'origine « flamande » de bon nombre de ces artistes. Il semble en effet qu'ils n'aient pas apporté...

  • GOTHIQUE ART

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 14 896 mots
    • 27 médias
    ...aléas de la commande, mais ils lui impriment un caractère personnel. Il s'ensuit une histoire de la sculpture française difficile à établir clairement. Claus Sluter (1389) à Dijon se rattache à la tradition parisienne, avec laquelle il rompt en même temps par un lyrisme inédit (chartreuse de Champmol)....
  • WERVE CLAUS DE (connu entre 1396 et 1439)

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 539 mots
    • 2 médias

    La personnalité artistique de Claus de Werve est longtemps demeurée obscure pour les historiens d'art. Le puissant génie de son oncle Claus Sluter, qui le prend dès 1396 comme aide, éclipse un sculpteur que des recherches récentes ont contribué à réhabiliter. Il est inconcevable qu'entre...

Voir aussi