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SLUTER CLAUS (1350 env.-1406)

Le tombeau de Philippe le Hardi

Avant même d'avoir achevé les statues des prophètes, Sluter, déjà en proie à la maladie, se retirait en 1404 à l'abbaye de Saint-Étienne de Dijon ; mais la mort de Philippe le Hardi allait l'obliger à s'occuper du tombeau du duc. Les arcatures d'albâtre, conçues par Jean de Marville et exécutées par son atelier à partir de 1384, dictaient les proportions, le nombre et la disposition des statuettes. L'imagier s'engageait, le 11 juillet 1404, envers Jean sans Peur, à achever le tombeau dans les quatre ans, avec quarante «   pleurants » semblables aux deux qui avaient été faits. Malgré l'espace très limité offert aux statuettes d'albâtre par les travées rectangulaires, divisées en deux par une arcature à « culots pendants », malgré les pilastres qui devaient masquer à demi les personnages des travées triangulaires, Sluter est parvenu à animer le cortège funèbre, tout en respectant l'ordre architectural. Jamais le thème des « pleurants », répandu depuis le xiiie siècle en Europe, n'avait connu un tel développement iconographique, ni une telle diversité d'attitudes, de gestes et d'expressions ; jamais encore n'avait été tiré un tel parti des amples manteaux de deuil et des chaperons à cornettes pour traduire des sentiments d'affliction. À sa mort, Claus Sluter laissa à son neveu et successeur Claus de Werve le soin d'exécuter la plupart des statuettes de pleurants, le gisant du duc, les anges porteurs du heaume et le lion couché aux pieds de la statue.

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Écrit par

  • : conservateur en chef des musées de Dijon, chargé de cours à la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon, vice-président de la Commission régionale des monuments et richesses artistiques de Bourgogne

Classification

Pour citer cet article

Pierre QUARRÉ. SLUTER CLAUS (1350 env.-1406) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Le Puits de Moïse</it>, C. Sluter - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le Puits de Moïse, C. Sluter

Puits de Moïse, C. Sluter (6) - crédits : J.L. Duthu/ 2004, Inventaire Général

Puits de Moïse, C. Sluter (6)

Puits de Moïse, C. Sluter (2) - crédits : J.L. Duthu/ 2004, Inventaire Général

Puits de Moïse, C. Sluter (2)

Autres références

  • CHARTREUSE DE CHAMPMOL, PRÈS DE DIJON, SCULPTURES DE CLAUS SLUTER

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 216 mots
    • 2 médias

    Sous les ducs de Bourgogne Philippe le Hardi et son fils Jean sans Peur, Dijon, centre politique d'un domaine en pleine expansion, devint un des grands foyers artistiques européens. C'est dans la statuaire que se manifeste le plus son originalité, grâce au Hollandais Claus Sluter,...

  • ART DE COUR

    • Écrit par Philippe VERDIER
    • 4 801 mots
    • 1 média
    ...et d'autre du trumeau à Saint-Jacques-aux-Pèlerins. Ce dernier portail serait le prototype du portail commencé par Jean de Marville et sculpté par Claus Sluter à l'église de la Chartreuse de Champmol, fondation de Philippe le Hardi (1385). Sont à rapprocher du « beau pilier d'Amiens » les statues...
  • FRANCO-FLAMANDS ARTS

    • Écrit par Pierre QUARRÉ
    • 993 mots
    • 2 médias

    On qualifie généralement de franco-flamand l'art des sculpteurs du temps de Charles V et celui des peintres travaillant à la cour de France au début du règne de Charles VI, et ce en raison de l'origine « flamande » de bon nombre de ces artistes. Il semble en effet qu'ils n'aient pas apporté...

  • GOTHIQUE ART

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 14 896 mots
    • 27 médias
    ...aléas de la commande, mais ils lui impriment un caractère personnel. Il s'ensuit une histoire de la sculpture française difficile à établir clairement. Claus Sluter (1389) à Dijon se rattache à la tradition parisienne, avec laquelle il rompt en même temps par un lyrisme inédit (chartreuse de Champmol)....
  • WERVE CLAUS DE (connu entre 1396 et 1439)

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 539 mots
    • 2 médias

    La personnalité artistique de Claus de Werve est longtemps demeurée obscure pour les historiens d'art. Le puissant génie de son oncle Claus Sluter, qui le prend dès 1396 comme aide, éclipse un sculpteur que des recherches récentes ont contribué à réhabiliter. Il est inconcevable qu'entre...

Voir aussi