Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SLUTER CLAUS (1350 env.-1406)

La statuaire de la chartreuse de Champmol révèle l'apparition à Dijon d'un art nouveau qui s'oppose au «   gothique international » de la même époque, ainsi qu'on a pu le constater à l'exposition qui s'est tenue à Vienne en 1962 : « L'Art européen vers 1400 ». Elle est l'œuvre de Claus Sluter, imagier du duc de Bourgogne, dont le nom figure sur les empreintes de son sceau conservées aux Archives de la Côte-d'Or. Pendant plus d'un siècle, la sculpture bourguignonne porte la marque de l'art de Sluter ; mais l'influence de la plastique slutérienne a largement dépassé les limites du domaine des ducs de Bourgogne ; son profond réalisme a précédé celui de Jean van Eyck.

Un artiste hollandais

On ignore la date de naissance du sculpteur, qui se situe vraisemblablement au milieu du xive siècle. Son origine hollandaise est suggérée par une mention d'archives : Claus Sluter de Orlandes, et l'inscription de la dalle funéraire de son neveu, Claus de Wervede Hathein au comté de Hollande ; elle est confirmée par la mention de Claes de Slutere van Herlam au registre des tailleurs de pierre de Bruxelles, attestant qu'il a travaillé en Brabant vers 1380. On a voulu lui attribuer, sans preuve, les prophètes de l'ancien portail de l'hôtel de ville de Bruxelles. La tendance au réalisme que l'on observe sur ces statuettes de voussures, comme sur le décor de consoles de Bruges ou de Malines, ne s'applique ici qu'à des œuvres mineures. Est-ce suffisant pour que l'on puisse parler à leur propos d'art pré-slutérien ?

En Bourgogne, aucune œuvre ne préparait vraiment à l'art slutérien. La venue de Claus Sluter à Dijon, en 1385, renforçait l'équipe qui travaillait à la chartreuse de Champmol, fondée en 1383 par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Les registres de comptes ne permettent pas de lui attribuer personnellement de sculpture pendant les quatre premières années qu'il travailla dans l'atelier de Champmol ; mais il dut s'affirmer comme le plus habile des collaborateurs de Jean de Marville, puisque, ce dernier étant mort en 1389, il lui succédait comme imagier de Philippe le Hardi.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : conservateur en chef des musées de Dijon, chargé de cours à la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon, vice-président de la Commission régionale des monuments et richesses artistiques de Bourgogne

Classification

Pour citer cet article

Pierre QUARRÉ. SLUTER CLAUS (1350 env.-1406) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Le Puits de Moïse</it>, C. Sluter - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le Puits de Moïse, C. Sluter

Puits de Moïse, C. Sluter (6) - crédits : J.L. Duthu/ 2004, Inventaire Général

Puits de Moïse, C. Sluter (6)

Puits de Moïse, C. Sluter (2) - crédits : J.L. Duthu/ 2004, Inventaire Général

Puits de Moïse, C. Sluter (2)

Autres références

  • CHARTREUSE DE CHAMPMOL, PRÈS DE DIJON, SCULPTURES DE CLAUS SLUTER

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 216 mots
    • 2 médias

    Sous les ducs de Bourgogne Philippe le Hardi et son fils Jean sans Peur, Dijon, centre politique d'un domaine en pleine expansion, devint un des grands foyers artistiques européens. C'est dans la statuaire que se manifeste le plus son originalité, grâce au Hollandais Claus Sluter,...

  • ART DE COUR

    • Écrit par Philippe VERDIER
    • 4 801 mots
    • 1 média
    ...et d'autre du trumeau à Saint-Jacques-aux-Pèlerins. Ce dernier portail serait le prototype du portail commencé par Jean de Marville et sculpté par Claus Sluter à l'église de la Chartreuse de Champmol, fondation de Philippe le Hardi (1385). Sont à rapprocher du « beau pilier d'Amiens » les statues...
  • FRANCO-FLAMANDS ARTS

    • Écrit par Pierre QUARRÉ
    • 993 mots
    • 2 médias

    On qualifie généralement de franco-flamand l'art des sculpteurs du temps de Charles V et celui des peintres travaillant à la cour de France au début du règne de Charles VI, et ce en raison de l'origine « flamande » de bon nombre de ces artistes. Il semble en effet qu'ils n'aient pas apporté...

  • GOTHIQUE ART

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 14 896 mots
    • 27 médias
    ...aléas de la commande, mais ils lui impriment un caractère personnel. Il s'ensuit une histoire de la sculpture française difficile à établir clairement. Claus Sluter (1389) à Dijon se rattache à la tradition parisienne, avec laquelle il rompt en même temps par un lyrisme inédit (chartreuse de Champmol)....
  • WERVE CLAUS DE (connu entre 1396 et 1439)

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 539 mots
    • 2 médias

    La personnalité artistique de Claus de Werve est longtemps demeurée obscure pour les historiens d'art. Le puissant génie de son oncle Claus Sluter, qui le prend dès 1396 comme aide, éclipse un sculpteur que des recherches récentes ont contribué à réhabiliter. Il est inconcevable qu'entre...

Voir aussi