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RICHELIEU ARMAND JEAN DU PLESSIS cardinal duc de (1585-1642)

Porter la France au premier rang en Europe

Pour Richelieu, la France, avec une partie de ses frontières trop proche de la capitale et mal défendue, était surtout menacée par la puissance de l'Espagne, maîtresse de l'actuelle Belgique, de la Franche-Comté et du Roussillon. Depuis 1621, la guerre avait repris entre l'Espagne et les Provinces-Unies (Pays-Bas actuels) et, depuis 1618, un conflit se déroulait dans l'Empire entre l'empereur, allié du roi d'Espagne (tous deux de la maison d'Autriche), et les princes protestants, anciens clients d'Henri IV. La défaite de ceux-ci pouvait faire craindre que l'Empire et même l'Europe ne fussent entièrement soumis à la maison d'Autriche. Aussi l'intérêt de la France était-il d'entretenir la guerre et de soutenir tous les adversaires de l'Espagne et de l'empereur. Richelieu ne pensait pas à conquérir les frontières naturelles, pure chimère à cette date, mais à occuper, même à distance des frontières actuelles, des points stratégiques importants qui bloquaient les routes de communication de l'adversaire.

Par la conquête de Pignerol (1630), la France avait pris pied en Italie, faisant échec à l'Espagne qui possédait le Milanais ; par l'occupation de la Lorraine, dont le duc refusait son alliance, elle avait complété l'avantage de détenir, depuis plus d'un siècle, les Trois-Évêchés, et ainsi de prévenir une invasion venue de l'Est. Par les subsides aux princes protestants, puis au roi de Suède Gustave Adolphe, par l'alliance avec les Provinces-Unies, la France menait la guerre couverte. Elle attirait dans son parti l'électeur de Bavière, catholique, mais rival de l'empereur dans l'Empire. Lorsqu'en 1634, après la victoire des impériaux à Nordlingen, la paix de Prague eut réconcilié l'empereur et les princes allemands, Richelieu parvint à maintenir un parti de la guerre dans l'Empire, et la France entra ouvertement en conflit avec l'Espagne. Pendant sept ans, les hostilités se poursuivirent sur plusieurs fronts avec des moments d'extrême péril comme la prise de Corbie en 1636 ou le désastre de Fontarabie en 1638. Les armées françaises, au début, se montrèrent souvent indisciplinées. Mais Richelieu fut assisté par un personnel très habile et dévoué à son service : Servien et des Noyers à la Guerre, Bouthillier aux Finances, le chancelier Séguier, le Père Joseph, très bon connaisseur des affaires d'Allemagne, puis Mazarin, diplomate pontifical passé au service de la France. Il parvint à opérer les redressements nécessaires. Sur mer, la flotte, à laquelle il avait donné tous ses soins, remporta des victoires. Sur terre, la discipline des armées fut améliorée et, pour les combats dans l'Empire, il s'assura le concours d'un des meilleurs généraux d'alors : Bernard de Saxe-Weimar.

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Victor-Lucien TAPIÉ. RICHELIEU ARMAND JEAN DU PLESSIS cardinal duc de (1585-1642) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Triple Portrait de Richelieu</it>, P. de Champaigne - crédits : National Gallery, London, UK/ Bridgeman Images

Triple Portrait de Richelieu, P. de Champaigne

Autres références

  • ABSOLUTISME

    • Écrit par Jacques ELLUL
    • 4 286 mots
    La pensée de Richelieu est fondée tout entière sur l'idée que la puissance est la seule chose nécessaire à l'État. Le roi doit ne supporter aucune opposition, et réunit entre ses mains les instruments de la puissance (armée, finances, réputation). Le pouvoir du roi n'est pas pour autant un pouvoir personnel...
  • BOISROBERT FRANÇOIS DE (1592-1662)

    • Écrit par Universalis
    • 246 mots

    Fils d'un homme de loi normand et huguenot, Boisrobert vint à Paris en 1616 et s'insinua comme poète dans les bonnes grâces de la reine mère Marie de Médicis. Il se convertit au catholicisme en 1621 et fut tonsuré en 1623. Son esprit et son effronterie lui valurent la faveur du cardinal...

  • BULLION CLAUDE DE (1580 env.-1640)

    • Écrit par Jean-Marie CONSTANT
    • 408 mots

    Surintendant des Finances et ministre d'État sous Louis XIII, Claude de Bullion passait, selon Tallemant des Réaux, pour avoir une des plus belles fortunes de son temps. Son grand-père était, en 1560, un important marchand en gros de Mâcon, seigneur de deux terres. Son père, secrétaire du roi...

  • DUPES JOURNÉE DES (10-11 nov. 1630)

    • Écrit par Jean MEYER
    • 634 mots

    Tallemant des Réaux appelle la journée des dupes « la grande cabale des deux Reynes, de Monsieur et de toute la maison de Guise ». On pourrait ajouter à cette liste les bâtards de Henri IV, le parti dévot avec le chancelier d'Aligre et les deux Marillac, pour ne pas parler du mécontentement...

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Voir aussi