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RICHELIEU ARMAND JEAN DU PLESSIS cardinal duc de (1585-1642)

Une action décisive

La prise d'Arras en 1640, l'appui donné aux révoltes de la Catalogne et du Portugal contre l'Espagne changèrent complètement le rapport des forces. Dans toute l'Europe, on percevait le déclin de la puissance de l'Espagne et la montée de celle de la France, lorsque Richelieu mourut d'épuisement. Le plus extraordinaire de son œuvre était d'avoir, malgré l'écrasante fiscalité et l'extrême misère du peuple (dont s'affligeait le roi plus que le cardinal), renforcé la cohésion de la France, même à l'intérieur. L'ordre avait été maintenu surtout par l'envoi en province de commissaires royaux ou intendants, munis d'une commission temporaire, mais comportant les pleins pouvoirs au nom du roi. Leurs décisions et leur justice se substituaient à celles des officiers et des puissances locales. Ainsi, l'empirisme et la nécessité avaient fait surgir une fonction administrative qui, très impopulaire à l'origine, devait devenir l'une des plus efficaces institutions du xviie siècle et du xviiie siècle français : celle des intendants.

La rigueur des temps n'avait pas arrêté le développement de la civilisation et les progrès de la vie intellectuelle, sous bien des aspects : l'Académie française, fondée en 1635, devait fixer le bon usage de la langue pour en faire un meilleur instrument de la pensée. Le théâtre et la musique gagnaient en éclat et en qualité. Paris et les villes de province s'embellissaient de nouveaux monuments, religieux et civils. Le relèvement des mœurs et de la doctrine était sensible dans le clergé. L'opinion tenait moins compte de pareils résultats que des lourdes difficultés du moment. Et pourtant, « en dépit de tous, sinon de tout, l'action du cardinal conjuguée avec celle du roi avait été décisive pour l'avenir du pays, en l'engageant dans la voie qui allait faire de lui un État moderne » (Charles de Gaulle).

— Victor-Lucien TAPIÉ

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Victor-Lucien TAPIÉ. RICHELIEU ARMAND JEAN DU PLESSIS cardinal duc de (1585-1642) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Triple Portrait de Richelieu</it>, P. de Champaigne - crédits : National Gallery, London, UK/ Bridgeman Images

Triple Portrait de Richelieu, P. de Champaigne

Autres références

  • ABSOLUTISME

    • Écrit par Jacques ELLUL
    • 4 286 mots
    La pensée de Richelieu est fondée tout entière sur l'idée que la puissance est la seule chose nécessaire à l'État. Le roi doit ne supporter aucune opposition, et réunit entre ses mains les instruments de la puissance (armée, finances, réputation). Le pouvoir du roi n'est pas pour autant un pouvoir personnel...
  • BOISROBERT FRANÇOIS DE (1592-1662)

    • Écrit par Universalis
    • 246 mots

    Fils d'un homme de loi normand et huguenot, Boisrobert vint à Paris en 1616 et s'insinua comme poète dans les bonnes grâces de la reine mère Marie de Médicis. Il se convertit au catholicisme en 1621 et fut tonsuré en 1623. Son esprit et son effronterie lui valurent la faveur du cardinal...

  • BULLION CLAUDE DE (1580 env.-1640)

    • Écrit par Jean-Marie CONSTANT
    • 408 mots

    Surintendant des Finances et ministre d'État sous Louis XIII, Claude de Bullion passait, selon Tallemant des Réaux, pour avoir une des plus belles fortunes de son temps. Son grand-père était, en 1560, un important marchand en gros de Mâcon, seigneur de deux terres. Son père, secrétaire du roi...

  • DUPES JOURNÉE DES (10-11 nov. 1630)

    • Écrit par Jean MEYER
    • 634 mots

    Tallemant des Réaux appelle la journée des dupes « la grande cabale des deux Reynes, de Monsieur et de toute la maison de Guise ». On pourrait ajouter à cette liste les bâtards de Henri IV, le parti dévot avec le chancelier d'Aligre et les deux Marillac, pour ne pas parler du mécontentement...

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Voir aussi