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FORSYTHE WILLIAM (1949- )

Le plus européen des chorégraphes américains

En 1984, William Forsythe s'installe à la tête du Ballet de Francfort, où il restera jusqu'en 2004. C'est avec cette compagnie, qu'il façonne à son style, qu'il va créer la plupart de ses chorégraphies les plus célèbres. Artifact(musique de J. S. Bach / E. Crossman-Hecht, 1984) peut être considéré comme sa première œuvre majeure. La même année, Steptext(musique de J. S. Bach) est créé pour l'Ater Balletto en Italie, avant d'être repris l'année suivante à Francfort. Sa danse subjugue par la vitesse, l'art des déséquilibres et des dislocations, une virtuosité inusitée dans les distorsions techniques du vocabulaire classique que seuls ses danseurs paraissent alors pouvoir maîtriser. Le chorégraphe américain aime aussi à se risquer dans la peau d'un metteur en scène. En témoigne Isabelle's Dance (musique E. Crossman-Hecht, 1986), un pastiche de la comédie musicale qui oblige les danseurs de Francfort à chanter et jouer la comédie, et à développer des ressources artistiques parfois inattendues.

William Forsythe - crédits : Norbert Millauer/ AFP

William Forsythe

On a souvent dit de Forsythe qu'il était le « plus européen des chorégraphes américains ». Il s'est en effet installé en Allemagne pour mener ses recherches. Là, il a découvert notamment la danse d'expression allemande et les théories de Laban auxquelles il se réfère souvent. Une autre influence est celle du structuralisme des philosophes français Jacques Derrida, Michel Foucault ou Roland Barthes qu'il cite volontiers. Paris devient vite pour lui un pôle de soutien, en particulier en lui offrant une résidence annuelle au Théâtre du Châtelet de 1990 à 1999 et des programmations régulières à la MC93 de Bobigny, puis au Théâtre de Chaillot sans compter les invitations à l'Opéra. Forsythe ne se revendique pas moins comme « un Américain de Long Island », ce que montre son allant à adopter les idées nouvelles qu'il rencontre et à en user librement et avec méthode. Au-delà de cette disposition culturelle, son lien avec les États-Unis reste puissant. De grands ballets américains lui ont passé commande, comme le San Francisco Ballet (New Sleep, musique de T. Willems, 1987), le New York City Ballet (Behind the China Dogs, musique de L. Stuck, 1988 ; Herman Schmerman, musique de T. Willems, 1992). Même si l'engouement initial de ces institutions s'est refroidi devant la radicalité du travail conduit par Forsythe, le chorégraphe a exprimé en 2006 son désir de montrer dans son pays sa pièce ThreeAtmosphericStudies(musique de D. Morrow et T. Willems), un triptyque inspiré par le tableau de la Crucifixion de Lucas Cranach l'Ancien, confronté à une photographie de presse de la guerre d'Irak. « Les personnages du ballet deviennent les figures du tableau en même temps que les victimes de la guerre, de telle sorte qu'on ne sait plus dans quel contexte se trouvent les interprètes », explique-t-il, au sujet de cette pièce très politique. « Mon art est la réponse à mes propres traumatismes. »

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Pour citer cet article

Bernadette BONIS, Jean-Claude DIÉNIS et Agnès IZRINE. FORSYTHE WILLIAM (1949- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

William Forsythe - crédits : Norbert Millauer/ AFP

William Forsythe

Autres références

  • BALLET

    • Écrit par Bernadette BONIS, Pierre LARTIGUE
    • 12 613 mots
    • 20 médias
    ...Roméo et Juliette (1990), avec le dessinateur Enki Bilal ou de films dans N (2006) Sa compagnie a pris le titre de Ballet Preljocaj. À l'opposé, William Forsythe, à la tête du Ballet de Francfort de 1984 à 2005, est la figure emblématique de l'intégration de la modernité dans le monde classique...
  • GUILLEM SYLVIE (1965- )

    • Écrit par Bernadette BONIS, Jean-Claude DIÉNIS, Agnès IZRINE
    • 1 677 mots
    ...rythme, étude en 1985 et l'année suivante, Arepo – anagramme d'Opéra –, un ballet plein de caractère, d'humour et de vivacité. William Forsythe, qui n'est pas encore considéré comme le réformateur du ballet classique, distribue Sylvie Guillem dans France/Dance, à l'Opéra-Comique,...

Voir aussi