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WANG WEI (699 env.-env. 759)

Le poète de la nature

L'œuvre littéraire compte environ quatre cents pièces, de vers et de prose, recueillies après la mort de l'écrivain par son frère, et pour la plupart non datées. On peut classer comme poèmes de jeunesse ceux qui abordent, d'un ton conventionnel, le thème de l'injustice sociale (divorce du mérite et de la réussite) ou, avec une verve héroïque, celui des campagnes victorieuses aux frontières. Mais c'est comme poète de la nature que Wang Wei a montré une maîtrise inégalée. Chantre de la vie paysanne, par exemple dans Les Fermes du val de la Wei (Weichuan tianjia), il se montre l'héritier de Tao Qian, sans partager toutefois ni les labeurs ni les rancœurs de son devancier : Wang Wei ne fait que jouer au paysan. Ce sont « les monts et les eaux » de la nature sauvage qu'il affectionne surtout. Au milieu d'eux, il oublie les hommes, il s'oublie lui-même ; poète et paysage se confondent ; au gré de leur influence mutuelle, l'homme s'apaise tandis que la nature s'anime. Les paysages de Wang Wei ne sont pas des tableaux figés. Le poète aime au contraire les heures changeantes du crépuscule, le mouvement des nuées, des torrents et des feuillages. Loin de lui rappeler, comme à tant d'autres, le sentiment de sa propre fragilité, ces impressions fugitives le pénètrent d'aise et de quiétude. Par elles, il épouse le rythme de la vie universelle : ainsi dans le Recueil de Wangchuan (Wangchuan ji) ou dans Nuit d'automne dans la montagne (Shanju qiuming).

Wang Wei préfère le vers de cinq mots à celui de sept et le quatrain brisé (jueju) à de plus longs schémas prosodiques. À ce goût de la concision correspond celui de la simplicité. Wang Wei répudie le style recherché du grand paysagiste Xie Lingyun, et la critique traditionnelle s'extasie sur la pureté classique de son art, dont la limpidité lui paraît révéler tant de profondeur.

« Qui goûte la poésie de Mojie [appellation de Wang Wei] trouve au sein de la poésie la peinture. Qui contemple la peinture de Mojie trouve au sein de la peinture la poésie. » Cette phrase de Su Shi témoigne des préoccupations de son auteur, qui a d'ailleurs défini dans des termes analogues le génie du poète Du Fu et du peintre Han Gan. Mais ce qui a valu à ce jugement sa célébrité, c'est qu'il faisait écho à une ambition constante des lettrés. Wang Wei est devenu pour la postérité celui qui avait réussi l'idéale combinaison de la peinture et de la poésie.

— Jean-Pierre DIÉNY

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
  • : licenciée à l'université normale de Taïwan, section des beaux-arts

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  • CHINOISE CIVILISATION - Les arts

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  • PAYSAGE, peinture

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