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VILLE La ville nouvelle

Le problème des villes nouvelles dans le monde contemporain

Le mouvement de l'architecture moderne, qui commence pendant la Première Guerre mondiale, rouvre le débat sur les villes nouvelles. En effet, la recherche architecturale, partant de l'analyse scientifique du milieu et du nouvel intérêt apparu dans les premières décennies du xxe siècle pour la construction idéale de la forme visible, se propose de repenser entièrement le décor bâti, des objets usuels jusqu'aux villes et au territoire.

Pour réaliser ce projet, il faut une nouvelle hypothèse de gestion du sol. L'administration publique doit posséder tout le territoire au moment de l'urbanisation et distribuer ensuite les lots à bâtir entre les différents entrepreneurs publics et privés, en reportant ainsi de l'espace au temps la combinaison contrôle public-initiative privée. Cette méthode, utilisée exceptionnellement dans le passé et pour des interventions rectificatrices en matière de logement populaire, est désormais proposée comme une solution globale ; elle a été acceptée à des degrés divers, depuis les années 1930, dans les pays développés du monde contemporain. Les nouvelles implantations peuvent donc se réaliser selon des programmes publics de grande envergure : nouveaux quartiers autonomes, nouvelles villes satellites, nouveaux organismes urbains indépendants.

Parmi les créations les plus représentatives se distinguent les new towns anglaises, conçues et construites à partir de 1946. Les quatorze premières, programmées dès les années 1940, ont une population variant autour de 60 000 habitants ; Harlow, Stevenage et Crawley, dans la périphérie londonienne, sont les plus réussies. Ensuite, entre 1956 et 1970, ont été conçues des villes de plus en plus grandes, telles que Cumbernauld (70 000 hab.), Runcorn (100 000 hab.), Milton Keynes (250 000 hab.).

En France, pendant les vingt premières années de l'après-guerre, la construction résidentielle d'initiative publique se concentre dans des quartiers à la limite des villes – les « grands ensembles » – dépourvus du caractère de villes autonomes, même s'ils atteignent parfois des dimensions considérables (Aulnay-sous-Bois, 70 000 habitants). C'est seulement dans les années 1960 que naît le programme des villes nouvelles, avec une population comprise entre 100 000 et 400 000 habitants ; cinq se trouvent dans la Région parisienne (Cergy-Pontoise, Évry, Marne-la-Vallée, Melun-Sénart, Saint-Quentin-en-Yvelines), cinq autres près de Lille, de Marseille, de Lyon, de Rouen et de Toulouse.

Dans les autres pays d'Europe occidentale, il n'existe aucun programme aussi systématique d'implantations nouvelles. En Allemagne a été conçue dans les années 1960 la ville nouvelle de Wulfen. En Hollande, les architectes Bakema et Van den Broek ont proposé une extension d'Amsterdam du côté de la lagune orientale, prévoyant 350 000 habitants. Plusieurs villes nouvelles ont été bâties dans les pays de l'Est, surtout en Pologne (Nowe Tichy, Nowa Huta, Stalowa Wola) et en Hongrie (Komló, Várpalota, Ajka, Oroszlány, Kazincbarcika). Dans les pays du Tiers Monde en voie d'industrialisation se réalisent aussi quelques villes nouvelles de grandes dimensions : Tuy Medio et El Tablazo au Venezuela, Bandar Abbas en Iran.

Brasília - crédits : Atlantide Phototravel/ Corbis/ Getty Images

Brasília

Les villes nouvelles contemporaines, même grandes ou très grandes, restent dépendantes d'autres villes traditionnelles plus importantes : cette limite conceptuelle, présente dès le Moyen Âge, n'a pas été franchie, même à notre époque de développement rapide et intense. Dans quelques cas exceptionnels, on a tenté de créer artificiellement une véritable métropole isolée, presque toujours pour des raisons politiques : Brasília, Islāmābād, Chandigarh ; mais on a rencontré de très graves difficultés qui ont compromis en partie le succès de la réalisation.[...]

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Écrit par

  • : architecte, ancien professeur d'histoire de l'architecture à l'université de Rome

Classification

Pour citer cet article

Leonardo BENEVOLO. VILLE - La ville nouvelle [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Bruges - crédits : Kotomiti Okuma/ Shutterstock.com

Bruges

New Salisbury. Wilts (Grande-Bretagne) - crédits : Encyclopædia Universalis France

New Salisbury. Wilts (Grande-Bretagne)

Canberra, le Parlement australien - crédits : pattyjansen/ Fotosearch LBRF/ Age Fotostock

Canberra, le Parlement australien

Autres références

  • AGRICULTURE URBAINE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET, Xavier LAUREAU
    • 6 273 mots
    • 8 médias

    L’expression « agriculture urbaine », qui était devenue un oxymore dans les pays industrialisés avec la disparition progressive au cours du xxe siècle des ceintures maraîchères entourant les villes, a retrouvé du sens. En effet, dans un contexte d’étalement urbain (urbansprawl) et...

  • ALLEMAGNE (Géographie) - Aspects naturels et héritages

    • Écrit par François REITEL
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    ...Vingt-cinq seulement avaient plus de dix mille habitants. Mais le fait urbain était généralisé, et il allait se révéler fertile pour la suite. En effet, la ville, centre d'échanges, organise l'espace. À l'ère industrielle, ces petites villes (telles les villes de la Ruhr) allaient devenir les « centres d'accueil...
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    • Écrit par Guillaume LACQUEMENT
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    En 2015, 95 p. 100 des Allemands vivent dans des communes de plus de 5 000 habitants,un peu moins d’un tiers dans des villes petites et moyennes (5 000 à 100 000 habitants) et les deux tiers dans des grandes villes de plus de 100 000 habitants. Le taux d'urbanisation en Allemagne est comparable...
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    Pas d'opposition tranchée entre villes et campagnes ; ou plutôt, celle-ci est de nature juridique, non humaine et économique. La densité dans la maison urbaine est la même que dans la maison rurale. Des citadins franchissent les remparts pour se rendre dans les faubourgs où ils cultivent champs, jardins...
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