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VILLE La ville nouvelle

Les nouvelles villes industrielles

Au début du xixe siècle, la révolution industrielle relance le développement démographique et économique, en commençant par les pays d'Europe les plus en avance.

Le système urbain, créé à la fin du Moyen Âge et resté presque stable entre le milieu du xive et le xviiie siècle, éclate enfin ; il n'est plus en mesure d'intégrer la nouvelle masse de résidences et d'activités économiques due à l'augmentation décisive de la population, à l'afflux de ruraux vers les villes, aux innovations technologiques et structurelles dans tous les domaines de la production.

Mais tandis que se fait pressante la nécessité d'une transformation des établissements humains, viennent précisément à manquer les instruments juridiques, administratifs et culturels pour l'affronter de manière systématique. Les instruments coercitifs de l'Ancien Régime sont discrédités aux yeux des penseurs politiques, et les gouvernements y renoncent, alors que les nouveaux instruments adaptés à la société démocratique n'existent pas encore. Ainsi, pour un demi-siècle au moins – de l'époque napoléonienne aux mouvements révolutionnaires de 1848 en Europe –, les conséquences de la révolution industrielle se manifestent, dans le domaine de l'urbanisme, sans véritable contrôle technique et administratif. Les maisons des travailleurs et les usines s'agglomèrent à la périphérie des grandes villes, menaçant leur équilibre technique, sanitaire et social.

Le malaise dû à cette situation bloquée engendre à nouveau, comme pendant la Renaissance, la formulation théorique d'une solution radicale : les villes nouvelles conçues par Owen, Fourier, Cabet, Considérant, Buckingham. Le phalanstère de Fourier en est la meilleure représentation : un édifice monumental où un groupe défini de personnes (1 600 environ) déploie ses diverses activités selon un programme minutieux qui se cristallise dans l'architecture. Mais toutes les tentatives de traduire la théorie dans la pratique échouent, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Monde, devant les problèmes de l'évolution dévorante.

Dans les années 1850, après l'échec des mouvements révolutionnaires, naît la première hypothèse organique de contrôle des transformations urbaines en cours. L'autorité publique renonce à faire un projet d'ensemble pour la forme de la ville ; elle se limite à gérer un ensemble de services (rues, infrastructures, écoles, hôpitaux) et à fixer les normes pour l'exploitation des terrains à bâtir environnants, en laissant libre cours à l'initiative privée pour réaliser dans ces zones les nouvelles implantations et percevoir les gains correspondants. Cette méthode – dont les grands travaux d'Haussmann à Paris, de 1853 à 1869, représentent le modèle le plus éloquent – devient prépondérante pendant près d'un siècle et intéresse notre sujet, car il exclut en principe la fondation de villes nouvelles. Il n'existe en effet aucun moment où un promoteur unique puisse projeter un organisme urbain total ; celui-ci naît peu à peu, d'un dialogue ininterrompu entre l'Administration et les entreprises privées.

Canberra, le Parlement australien - crédits : pattyjansen/ Fotosearch LBRF/ Age Fotostock

Canberra, le Parlement australien

En fait, de 1850 à 1945, la naissance d'une ville nouvelle reste un fait exceptionnel, lié à des circonstances particulières : initiatives de quelques industriels éclairés qui réalisent des cités pour leurs ouvriers (Saltaire, 1853 ; cité ouvrière de Mulhouse, 1853 ; villages de Krupp en Allemagne, de 1863 à 1875) ; fondation de nouvelles capitales, comme New Delhi (1911) et Canberra (1913) ; cités-jardins expérimentales inventées par Howard en 1902 et 1919 ; ciudadlineal réalisée par Soria en Espagne à partir de 1890. Hormis ces cas isolés, le développement des implantations résidentielles et économiques se traduit dans la[...]

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Écrit par

  • : architecte, ancien professeur d'histoire de l'architecture à l'université de Rome

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Bruges - crédits : Kotomiti Okuma/ Shutterstock.com

Bruges

New Salisbury. Wilts (Grande-Bretagne) - crédits : Encyclopædia Universalis France

New Salisbury. Wilts (Grande-Bretagne)

Canberra, le Parlement australien - crédits : pattyjansen/ Fotosearch LBRF/ Age Fotostock

Canberra, le Parlement australien

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