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VIGILE (fin Ve s.-555) pape (537-555)

Né à la fin du ve siècle à Rome, Vigile, de famille noble, devient diacre romain. En mars 536, il part en mission à Constantinople aux côtés du pape Agapet Ier (535-536), dans une vaine tentative pour dissuader l'empereur Justinien de se lancer à la reconquête de l'Italie. Agapet Ier meurt à Constantinople le 22 avril de la même année et Vigile entre dans les faveurs de l'impératrice Théodora, épouse de Justinien Ier. Avec son concours, il fomente la déposition du pape saint Silvère, élu le 1er (ou le 8) juin 536 à la succession d'Agapet Ier.

Sur les ordres de Théodora, le général byzantin Bélisaire entre à Rome le 9 décembre 536, dépose Silvère en mars 537 et installe Vigile comme pape le 29 mars 537. Silvère, exilé, en appelle à Justinien, mais alors qu'il regagne Rome à son retour de Constantinople, il est de nouveau déporté par Vigile, renonce au pontificat le 11 novembre 537 et meurt le 2 décembre 537. Vigile lui succède au Saint-Siège.

Deux grands chantiers attendent le nouveau pape : la restauration de Rome, mise à sac par les Ostrogoths, et une question théologique que doit trancher Justinien Ier. Au sein de l'Église d'Orient, une querelle a en effet éclaté entre la doctrine orthodoxe, consacrée par le concile de Chalcédoine (451), selon laquelle coexistent chez le Christ deux natures, l'une divine et l'autre humaine, et l'enseignement monophysite qui affirme la divinité du Christ. La question théologique se double d'enjeux politiques : si Justinien condamne le monophysisme, il s'aliènera les provinces monophysites de Syrie et d'Égypte.

En 544, l'empereur tente un compromis, en promulguant un édit qui condamne trois écrits, ou chapitres, auxquels s'opposent les monophysites. La condamnation se heurte à une vive opposition en Occident et donne le jour à la querelle des Trois Chapitres. En novembre 545, Justinien Ier fait venir de force Vigile à Constantinople, pour lui arracher la condamnation des Chapitres. En dépit de la brutale insistance de l'Empereur, le pape balance un long moment. En avril 548, il les censure finalement dans son Judicatum (« Verdict »), non sans certaines réserves. La réaction en Occident est d'une telle violence que Justinien Ier se résout à convoquer un concile œcuménique. Mais, sans même attendre sa tenue, il réitère sa condamnation, poussant Vigile à rompre toutes relations. Pour se mettre en sûreté, le pape trouve d'abord refuge dans un sanctuaire à Constantinople, puis à Chalcédoine, où il publie des censures contre plusieurs dignitaires ecclésiastiques ralliés à Justinien Ier. Le concile s'ouvre en 553, en l'absence du pape, et confirme la condamnation des Trois Chapitres.

Le Constitutum (« Résolution ») publié par Vigile le 24 mai 553 omet d'entériner les décisions du concile. Mais de guerre lasse, pressé par les Romains de regagner le Saint-Siège et éprouvé par la brutalité de Justinien Ier, Vigile se résout à révoquer ce premier Constitutum et en signe un second, le 23 février 554, où il fait volte-face. Il s'aliène ce faisant le soutien du nonce Pélage, qui était resté à ses côtés pendant tout l'épisode byzantin et qui lui succédera au Saint-Siège sous le nom de Pélage Ier (556-561). Vigile excommunie Pélage, qui est envoyé en prison.

Il meurt à Syracuse, sur le chemin du retour, le 7 juin 555, et est enterré à Rome. Le schisme inauguré par sa politique orientale déchirera l'Église occidentale pendant cent cinquante ans.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Pour citer cet article

Universalis. VIGILE (fin Ve s.-555) pape (537-555) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONSTANTINOPLE IIe CONCILE DE (553)

    • Écrit par Pierre Thomas CAMELOT
    • 1 324 mots

    L'histoire compliquée du IIeconcile de Constantinople est à situer dans la suite des querelles, théologiques et politiques, qui s'élevèrent en Orient après le concile de Chalcédoine (451). Celui-ci avait défini l'existence dans le Christ de deux natures, humaine et divine. Des partisans...

Voir aussi