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GAMA VASCO DE (1469 env.-1524)

Le premier voyage

Vasco de Gama quitte Lisbonne le 8 juillet 1497, avec une flotte de quatre vaisseaux – deux trois-mâts d’environ 120 tonneaux chacun, le São Gabriel et le São Rafael ; une caravelle de 50 tonneaux, le Berrio, et un navire de charge de 200 tonneaux. Trois interprètes l’accompagnent – deux arabophones et un homme qui parle plusieurs dialectes bantous. La flotte transporte également des padrões (piliers de pierre) destinés à marquer les lieux découverts.

Après être passée au large des îles Canaries le 15 juillet, l’expédition atteint São Tiago, dans l’archipel du Cap-Vert, le 26, et y fait escale jusqu’au 3 août. Puis, afin d’éviter les courants du golfe de Guinée, de Gama entreprend un long détour par l’Atlantique sud, avant de tenter de doubler le cap de Bonne-Espérance. Il atteint la baie de Sainte-Hélène (côte occidentale de l’Afrique du Sud actuelle) le 7 novembre. Des vents défavorables et des courants contraires l’empêchent de franchir le cap de Bonne-Espérance avant le 22 du même mois. Trois jours plus tard, il jette l’ancre à Mossel Bay, érige un padrão sur une île et ordonne la destruction du navire de charge. L’expédition repart le 8 décembre et touche la côte le jour de Noël : Vasco de Gama nomme cette région le Natal. Le 11 janvier 1498, elle mouille pendant cinq jours près de l’embouchure d’un petit fleuve situé entre le Natal et le Mozambique, qu’elle baptise le Rio do Cobre (le « fleuve de cuivre »). Le 25, elle gagne le fleuve Quelimane (situé aujourd’hui au Mozambique), qu’elle appelle le Rio dos Bons Sinais (le « fleuve de bon augure »), et dresse un deuxièmepadrão. Une bonne partie de ses membres sont alors malades du scorbut ; ils se reposent pendant un mois, tandis que les navires sont réparés.

Le 2 mars, la flotte aborde l’île de Mozambique, dont les habitants croient que les Portugais sont musulmans, comme ils le sont eux-mêmes. De Gama apprend qu’ils commercent avec des marchands arabes et que quatre navires arabes chargés d’or, de pierres précieuses, d’argent et d’épices sont au port ; on lui raconte aussi que le prêtre Jean, un souverain chrétien légendaire, vit à l’intérieur des terres, mais que plusieurs villes côtières sont sous sa domination. Le sultan du Mozambique lui fournit deux pilotes, dont l’un désertera quand il découvrira que les explorateurs sont chrétiens.

L’expédition atteint Mombasa (actuellement au Kenya) le 7 avril et fait relâche le 14 à Malindi (également au Kenya), où elle embarque un pilote gujarātī qui connaît la route de Calicut, sur la côte sud-ouest de l’Inde. Au terme d’un voyage de vingt-trois jours à travers l’océan Indien, la chaîne de montagnes indienne des Ghāts est en vue et, le 20 mai 1498, de Gama débarque à Calicut, où il érige unpadrão afin de prouver qu’il est bien allé jusqu’en Inde. Le zamorin (le souverain indien) de Calicut (qui est alors le plus important centre de commerce du sud du sous-continent) est déçu par les cadeaux dérisoires et le comportement impoli du navigateur. De Gama échoue à conclure un traité – en partie à cause de l’hostilité des marchands musulmans mais aussi parce que les objets sans grande valeur qu’il a apportés en guise de présents, et qui pouvaient convenir aux échanges en Afrique de l’Ouest, ne sont guère prisés en Inde. En outre, les Portugais croyaient, à tort, que les Indiens étaient chrétiens.

À la fin du mois d’août, Vasco de Gama repart avec quelques Indiens, afin que le roi Manuel connaisse leurs coutumes. L’ignorance lui a fait choisir le pire moment de l’année pour son départ, et il doit affronter la mousson. Il visite l’île d’Anjidiv (près de Goa), puis fait voile vers Malindi, qu’il atteint le 8 janvier 1499, après avoir mis près de trois mois pour traverser la mer d’Arabie. Les équipages sont décimés par le scorbut, au point[...]

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Écrit par

  • : professeur de géographie, Birkbeck College, université de Londres, Royaume-Uni

Classification

Pour citer cet article

Eila M.J. CAMPBELL. GAMA VASCO DE (1469 env.-1524) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Vasco de Gama - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Vasco de Gama

Autres références

  • VASCO DE GAMA AUX INDES

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 227 mots
    • 1 média

    Entre le 8 juillet 1497 et la fin d'août 1499, le navigateur portugais Vasco de Gama (vers 1469-1524) établit la première liaison directe entre l'Europe et les Indes. Dix ans se sont écoulés depuis que Bartolomeu Dias a doublé, en 1487, le cap de Bonne-Espérance. Ce délai est...

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par Hubert DESCHAMPS, Jean DEVISSE, Henri MÉDARD
    • 9 654 mots
    • 6 médias
    ... de Bonne-Espérance et démontre que la côte du continent, au-delà, s'infléchit vers le nord. Jusque-là, on a suivi les côtes. L'expédition de Vasco de Gama, en 1497-1498, profite des vents favorables dans l'Atlantique intertropical, en direction de l'Amérique, puis se rabat plein est vers le...
  • CAMÕES LUÍS VAZ DE (1525?-1580)

    • Écrit par Paul TEYSSIER
    • 4 220 mots
    • 1 média
    ...octosyllabes organisés selon le schéma ABABABCC, dont l'origine est italienne), développe en huit chants un sujet complexe. Il conte le fameux voyage de Vasco de Gama qui, en 1497-1498, relia l'Europe à l'Inde par la route du cap de Bonne-Espérance. Mais on y trouve aussi une évocation de toute l'histoire...
  • COLONIE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE - (repères chronologiques)

    • Écrit par François-Xavier FAUVELLE-AYMAR
    • 581 mots

    1487-1488 Le navigateur portugais Bartolomeu Dias double le cap des Tempêtes (qui prendra le nom de cap de Bonne-Espérance), cherchant une route maritime en direction des Indes, pénètre dans l'océan Indien puis rebrousse chemin ; début des contacts entre Européens et Africains le long de la côte...

  • NAVIGATION MARITIME

    • Écrit par Michel MOLLAT DU JOURDIN
    • 7 566 mots
    • 11 médias
    ...polaires successivement échelonnées. En revanche, à la fin du Moyen Âge, les procédés des pilotes portugais s'imposent aux Arabes : Ibn Mādjid, pilote de Vasco de Gama, conseille à ses compatriotes de l'océan Indien de se mettre à l'école « des Francs d'où viennent maintenant science et art...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi