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CAMÕES LUÍS VAZ DE (1525?-1580)

Luis de Camões - crédits : J. Martin/ AKG-images

Luis de Camões

Camões occupe chez les Portugais une place à part. Il est le prince des poètes, le classique par excellence. Il résume toute une littérature, et son œuvre est à la fois un sommet et une synthèse. Comment s'explique ce statut exceptionnel ?

Vie de Camões

Sa vie est mal connue. Les documents d'archives sont à son sujet extrêmement rares. Camões a dû naître en 1524 ou en 1525, d'une famille noble, mais pauvre. Son père était cavaleiro fidalgo. Il s'appelait Simão Vaz de Camões, et sa mère Ana de Sá. Si l'on en juge par la culture dont il fait preuve, il a reçu une bonne éducation classique, fondée sur la connaissance du latin et la lecture des auteurs anciens. Il connaissait également les Italiens et les Espagnols. Mais son nom n'apparaît pas sur les registres de l'université de Coimbra. Camões a vécu quelque temps à Lisbonne, où il a fréquenté la société de la cour. On le trouve ensuite soldat au Maroc, où il perd l'œil droit dans un combat. En 1550, il s'engage pour aller servir en Inde, mais il ne s'embarque pas. En 1552, à Lisbonne, il est mis en prison pour avoir, le jour de la Fête-Dieu, participé à une bagarre. Il sera libéré l'année suivante. Nous possédons la « lettre de pardon », datée du 7 mars 1553, qui lui est accordée au nom du roi. Ce document précise que le prisonnier est « un jeune homme pauvre » et qu'il va « cette année me servir en Inde ». Camões s'embarque sur la flotte de Fernando Alvares Cabral, qui quitte Lisbonne en mars 1553 et arrive à Goa, capitale de l'Inde portugaise, en septembre. L'engagement contracté par Camões allait durer trois ans. Il participe, en novembre 1553, à une campagne dans le Malabar. On sait aussi par un de ses poèmes qu'il prit part à une expédition dans le golfe d'Aden. En 1556, il quitte le service. Alors commence une période de sa vie fort mal connue. Une fois démobilisés, les soldats portugais de l'Inde essayaient sinon de faire fortune, du moins d'amasser un pécule suffisant pour regagner l'Europe. Mais beaucoup végétaient lamentablement. Notre poète, pour sa part, ne manquait pas de relations : le gouverneur Francisco Barreto, les vice-rois Constantino de Bragança et Francisco de Sousa Coutinho, l'historien Diogo do Couto, le naturaliste Garcia da Orta. Ses biographes disent que Camões fut envoyé à Macao comme « contrôleur général des biens des morts et des absents », et qu'au retour il fit naufrage à l'embouchure du Mékong. Il aurait enfin, en arrivant à Goa, été emprisonné pour concussion. Un document atteste qu'il obtint cependant une charge dans la factorerie de Chaul, mais qu'il ne l'occupa pas.

Enfin, en 1567, il quitte l'Inde, aussi pauvre qu'à son arrivée, quatorze ans plus tôt. Un ami influent, Pero Barreto, lui paie le passage jusqu'à Mozambique. Camões végète deux ans dans cette place de l'Afrique orientale. Mais il y trouve un groupe d'amis (parmi lesquels Diogo do Couto, de qui nous tenons ces détails), qui se cotisent pour rembourser ses dettes et pour payer son voyage de retour vers l'Europe. Il débarque à Lisbonne en 1569. Il apporte dans ses bagages le manuscrit de son épopée, Les Lusiades, qu'il publie en 1572. Le roi lui accorde une petite pension de 15 000 réis. Son nom commence a être connu. Mais, si l'on en croit ses biographes, il n'en vécut pas moins dans la pauvreté. Il mourut de la peste en 1580.

Tels sont les éléments à peu près sûrs de la biographie de Camões. C'est peu, mais cela suffit néanmoins à camper la figure d'une sorte de soldat-poète « tenant d'une main l'épée et de l'autre la plume », d'aristocrate pauvre végétant dans des emplois subalternes, aventurier à ses heures, mais apprécié d'un petit nombre d'esprits d'élite. Sa vie, comme il l'a dit lui même, s'est «[...]

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